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Blog Ville de Netanya
26 janvier 2018

DE METULLA GENCY LA NEWS LETTER -

   
Afrin 6ème jour : se battre avec des fous (012601/18)  
Analyse
jeudi, 25 janvier 2018

 

Par Jean Tsadik

 

Le compte-rendu du sixième jour de guerre à Afrin par Perwer Emmal :

 

Ce jeudi, l’essentiel des combats se déroule dans les districts de Boulboul et de Rajo, et les affrontements se poursuivent durant la nuit.

 

L’ennemi turc recourt massivement à son artillerie et à son aviation, mais la totalité des combats reste circonscrite aux villages frontaliers, à l’instar des jours précédents.

 

Des attaques ont également eu lieu sur les fronts d’Aziz et de Jandairis. Face à Aziz, les Turcs et les mercenaires arabes islamistes ont tenté toute la journée de déloger les YPG de Qastal Jando mais sans y parvenir.

 

 

Service cartographique © Metula News Agency

Base : carte de Wikipedia

 

Dans le Sud-Ouest, ils ont tenté de prendre le village d’Abou Dana, où les combats se poursuivent en ce moment.

 

L’ennemi a perdu quatre chars, qui ont été totalement détruits : deux l’ont été dans le secteur de Boulboul, un à proximité de Shengal, l’autre, dans le village d’Ebedan.

 

Les deux autres tanks ont été anéantis sur le front de Rajo, l’un dans le village d’Omara, le second sur la ligne de front à Kom Rézé.

 

Notre évaluation des pertes pour la journée s’établit à 30 morts et 50 blessés dans les rangs de l’agresseur et de ses supplétifs, 12 morts et 15 blessés parmi les combattants kurdes, ainsi que 3 morts et 9 blessés civils.

 

Nous observons l’arrivée à Afrin de nouveaux combattants de la brigade étrangère appelée les "Lions du Rojava", principalement des Américains, des Britanniques et des Allemands, mais également deux Français et un Israélien.

 

L’analyse de la situation par Jean Tsadik

 

A la place du dictateur Recep Erdogan, le commandant en chef de l’Armée turque, j’aurais du souci à me faire. En six jours de combats à leur initiative, les forces armées de son pays ne sont nulle part parvenues à briser le premier périmètre de défense des Unités de Protection du Peuple (YPG) à Afrin, fortes de 10 000 combattants tout au plus.

 

Pire encore, la seconde armée de l’OTAN en nombre d’hommes et en matériel semble démunie de stratégie cohérente pour réaliser l’occupation de ce territoire, que le Sultan avait présenté à ses sujets comme une promenade de santé qui, selon ses dires, aurait dû se dérouler de manière très brève.

 

Or cela va faire une semaine que cette armée, forte d’un demi-million de militaires d’active, disposant de 400 chasseurs-bombardiers ultra-modernes, de 750 chars Léopard, dont 400 Léopard 2, de 1 000 M60 modernisés, de 4 000 engins blindés, à laquelle est alloué un budget annuel de 18 milliards de dollars, n’a pas progressé de 500 mètres sur aucun des quatre ou cinq fronts qu’elle a ouverts.

 

Ce, face à une force sans avions, sans chars, sans missiles antiaériens et sans artillerie lourde. Lors, l’on dispose de suffisamment d’éléments, largement grâce aux comptes rendus exceptionnellement précis de notre camarade Perwer Emmal, pour remarquer que, sur le terrain, les Turcs font n’importe quoi.

 

Lorsque l’on dispose d’une force pareille et que ses chefs politiques et militaires répètent quotidiennement que leur objectif est d’occuper Afrin et d’en éliminer tous les défenseurs, on ne s’y prend pas ainsi.

 

C’est la Guerre des Effendis que mène la Turquie, pas des rameaux d’oliviers. La guerre des maîtres et des seigneurs repus et corrompus, qui envoient la piétaille se faire massacrer par des combattants décidés et intelligents, faisant le meilleur usage possible de leurs faibles moyens, de leur connaissance du terrain et de leurs adversaires.

 

Bombarder des civils avec des F-16, ainsi que des villages frontaliers, poursuivre systématiquement avec des barrages d’artillerie, puis envoyer n’importe comment des fantassins mal commandés tenir une position quelques heures avant de se la faire reprendre par les YPG, et recommencer la même manœuvre le lendemain, dans le même village, pour les mêmes résultats, ce n’est pas ce que l’on peut attendre de la seconde composante de l’OTAN.

 

C’est faire la guerre comme on la faisait à l’époque de la Première Guerre Mondiale, quand les officiers, appartenant souvent à la noblesse, donnaient des soirées somptueuses dans des châteaux réquisitionnés, à 100km du front, et envoyaient leurs ordres par des estafettes aux gens du peuple qui pataugeaient dans la boue des tranchées, et que l’on abattait par derrière s’ils refusaient d’en sortir pour charger le Boche baïonnette au canon.  

 

Sauf qu’ici, les gens du peuple se divisent encore en deux classes : les sans-grades turcs, que l’on préserve un peu, et les mercenaires arabes, dont le sacrifice n’a strictement aucune importance. Il en était mort 600 en 2016, durant la phase initiale du "Bouclier de l’Euphrate", face aux mêmes YPG.

 

Dire que maintenant Erdogan veut se battre contre les Etats-Unis, c’est de la pure démence. Difficile à croire ? Hier pourtant (mercredi), lors de la conversation téléphonique entre Donald Trump et le sultan maboule, lorsque le président américain a dit à son interlocuteur que le moment était venu d’arrêter les frais à Afrin, ce dernier lui a répondu, qu’au contraire, le moment était venu pour lui de retirer ses boys de Manbij, parce qu’il allait commencer à s’attaquer à la partie orientale du Rojava.

 

Pour qu’aucun doute ne subsiste quant au diagnostic d’aliénation mentale,  le Vice-Premier ministre Bekir Bozdag a répété aujourd’hui sur la chaîne TV privée Haber que "la Turquie était impatiente d’entreprendre sa campagne face à la milice kurde là-bas".

 

Et puisqu’à la tête de cet Etat on ne laisse rien dans le flou, Bozdag a précisé que "ceux qui soutiennent une organisation terroriste (il veut parler des YPG, alliés des Américains et de l’Europe en Syrie), vont devenir une cible dans cette bataille !". Et, toujours plus précis, "les Etats-Unis doivent repenser la présence de leurs soldats et autres éléments soutenant les terroristes au sol de manière à éviter une confrontation avec la Turquie".

 

Si Donald Trump s’emporte, ça va être un massacre ! Et ce qu’a affirmé hier le Conseil Militaire de Manbij, à savoir que des appareils turcs avaient bombardé des villages dans sa province était parfaitement vrai. Sauf que, comme il n’y a pas eu de victimes et pour préserver la planète d’un conflit entre les deux plus grosses armées de l’OTAN, tout le monde a préféré ne pas en faire un plat.

 

Mais le Sultan a déjà placé Washington dans une situation de crise. D’une part, il est impossible de laisser ces malades mettre la main sur le nord de la Syrie et massacrer des milliers de Kurdes, de l’autre, un affrontement avec Ankara aurait des répercussions majeures.

 

A commencer, et pour illustrer mon propos, par la base aérienne d’Incirlik, à proximité d’Adana en Turquie, où stationnent jusqu’à 5 000 soldats U.S., sans parler des Britanniques, des Espagnols et des Saoudiens. Quant aux Allemands, après avoir examiné la pathologie d’Erdogan, ils ont quitté la base avec armes et bagages. Incirlik serait presque anecdotique si ce n’était la présence d’un escadron de B-52 et de cinquante bombes atomiques qui y sont entreposées. Enfin, on espère que le Pentagone a eu la bonne idée de les transférer aussi, mais on n’en sait rien.

 

Bref, si la fuite en avant d’Iznogoud s’accentue, il va falloir, en plus de s’occuper de lui sérieusement, régler quelques séquelles de divorce délicates.

 

Ce n’est pas le seul chantage auquel est en train de se livrer Erdogan : hier, il a évoqué son désir d’installer à Afrin, au nom de la justice et une fois qu’il aura étripé le dernier des "terroristes", 3.5 millions de réfugiés syriens actuellement hôtes de la Turquie.

 

Avant d’expliquer le but de cette manœuvre, il me faut rappeler que le canton d’Afrin accueille déjà 500 000 réfugiés syriens, sur les 1.1 million de personnes qui y vivent (et pas 500 000 en tout, comme on l’a lu sur des media français). Avant l’agression dont ce territoire vient d’être victime de la part des Ottomans, il constituait une exception de calme et de sécurité dans cette Syrie ravagée par la guerre civile. D’ailleurs, le premier objectif visé par les effendis lors de Rameau d’olivier fut un camp de réfugiés syriens. C’est dire à quel point ils tiennent au cœur du Sultan !

 

La vérité est comme d’habitude un peu moins élégante en Turquie ; on assiste à un nouveau chantage d’Erdogan, adressé aux Européens cette fois-ci, et facile à décoder : si vous ne me laissez pas m’occuper des Kurdes comme je l’entends à Afrin, je vous enverrai ces 3.5 millions de réfugiés. Ce qui ne manquerait pas de générer une crise majeure sur le vieux continent, comme on peut l’imaginer. Cela se passe ainsi lorsque l’on scelle des accords avec des voyous, celui entre l’U.E et Ankara ne parlait pas d’Afrin.

 

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Afrin : comme un mercredi sanglant (info # 012401/18)  
Breaking News !
mercredi, 24 janvier 2018

 

Par Perwer Emmal

 

Métula, Afrin et Manbij 22h40, mercredi, 21h40 à Paris

 

Dernière minute : Depuis 21h43 locales, l’Aviation du sultan fou est en train d’écraser les villages du saillant de Manbij, la région où je me trouve, sous ses bombes. On assiste assurément à un élargissement majeur du conflit, car je n’imagine pas que les Forces Démocratiques Syriennes et les militaires américains présents à Manbij et dans le reste du Rojava oriental pourraient subir ces attaques sans réagir.

 

Quatre faits principaux caractérisent la cinquième journée de la guerre d’agression de l’Armée turque contre le canton d’Afrin, dans le Rojava occidental.

 

Bombardements incessants de l’Aviation turque

 

Tout d’abord, à partir du milieu de l’après-midi, l’Aviation ennemie bombarde sans discontinuer l’ensemble du territoire de l’enclave, ciblant particulièrement la plupart des villages situés sur la frontière du canton, tuant ou blessant de nombreuses personnes et occasionnant des dégâts matériels importants.

 

Cette rage destructrice intervient après cinq journées d’efforts incessants de la part de l’envahisseur afin de percer le front et de progresser en direction du centre de la province.

 

A la tombée de la nuit, on pouvait non seulement annoncer que ces tentatives ont échoué, mais également que ce mercredi a constitué le jour le plus meurtrier depuis le lancement de l’opération cyniquement intitulée "Rameau d’olivier" par Ankara.

 

Mercredi sanglant

 

Le combats depuis ce matin ont en effet vu la mort de plus de 160 soldats turcs et de leurs alliés mercenaires islamistes arabes, portant le total de leurs pertes entre 260 et 300 tués et au moins 700 blessés depuis samedi. Et les affrontements continuent de faire rage.

 

Sur le seul front de Jandairis au Sud-Ouest [carte], au moins 80 à 90 militaires ottomans ont perdu la vie en se cassant les dents sur les défenseurs des Unités de Protection du Peuple (YPG), notamment dans les villages de Bakhtiar, Girê Batman et Hamam.

 

Les corps des combattants ennemis étaient emmenés par dizaines par camions en direction d’Aziz, de l’autre côté du canton, où les Ottomans semblent avoir installé leur quartier général principal.

 

Le commandant de la Brigade Samarkand, Ahmad Fayyad, a perdu la vie lors de ces combats.  La Brigade Samarkand, ou Armée Unie des Turkmènes, rassemble des membres de la communauté turkmène de Syrie ainsi que des Turcs. Ils s’inspirent d’idéologies néo-ottomanes et ultra-nationalistes proches du fascisme.

 

 

Service cartographique © Metula News Agency

Base : carte de Wikipedia

 

Sur le front qui fait face à Aziz, précisément là où la concentration de ses blindés est la plus imposante, l’agresseur, après de grosses préparations d’artillerie, s’est attaqué à six villages et positions fortifiées. Les combats les plus violents se sont déroulés à Maraanaz et à Qasleti, non loin de Kafr Jana, où les Russes avaient établi leur base militaire pour "y former les Peshmerga d’Afrin".

 

Au moins jusqu’à 16h locales cette après-midi, les porte-flingues d’Erdogan n’avaient pas avancé d’un mètre.

 

Les fronts des districts de Boulboul et de Rajo [carte] ont à nouveau essuyé les bombardements les plus violents, tant de la part de l’artillerie que de l’aviation. Ce qui n’a pas empêché les YPG et les YPJ d’éliminer une quarantaine d’assaillants et de détruire plusieurs véhicules militaires.

 

On a aussi vu l’éveil du front de Maréa, ville à partir de laquelle les Turcs s’en sont pris aux positions YPG/FDS du saillant qui s’étend en direction d’al Bab. Ils ont particulièrement visé la localité de Cheikh Issa à coups d’obus d’artillerie et d’attaques par des hélicoptères d’assaut.

 

En plus d’avoir résisté aux coups de boutoirs de l’agresseur et de lui avoir infligé des pertes sévères, ce mercredi a été marqué par la destruction ou la récupération d’un vaste matériel au service des forces du dictateur. Ainsi, selon nos décomptes, entre 6 et 9 chars ont été détruits, et autant de véhicules blindés et de camions militaires.

 

On compte non seulement le double de véhicules endommagés, mais d’autres également, en parfait état, qui ont été abandonnés par les Turcs lors de leurs divers replis ou reculades. Au moins quatre tanks, des canons, des pickups dotés de mitrailleuses lourdes, des jeeps et des camions ont ainsi été récupérés.

 

Les commandos YPG frappent l’ennemi sur ses arrières

 

Une autre nouveauté de la journée a consisté en l’envoi de plusieurs commandos jusqu’à 10km derrière les lignes de l’Armée turque et de ses supplétifs arabes. Six actions ont ainsi été menées avec succès, toutes, entre Maréa et al Bab (carte) dans le voisinage du saillant.

 

La première opération a eu lieu aux alentours du village de Kaljebren [numérotée 1 sur la carte], l’un des principaux points d’appui de l’ennemi dans cette guerre. Elle a consisté en l’attaque de deux positions adverses ; nos forces spéciales ont rapporté avoir infligé de gros dommages à leurs objectifs et éliminé nombre de militaires ottomans et de mercenaires islamistes.

 

Un second commando a tendu une embuscade à un véhicule militaire entre les villages d’Abla [3] et Hazwan [4], qui n’est distant d’al Bab que de 7 kilomètres. La cible a été détruite et ses passagers éliminés.

 

Le même commando, probablement, a ensuite mitraillé un groupe de mercenaires à Soussian [5], à 3.5km d’Hazwan

 

Un autre objectif a été attaqué au pied de la colline de Malid, à 4km au sud-est de Maréa [2], et un sixième, tout près de là, à Sad Shahba [2], dans l’assaut duquel 3 soldats turcs ont été oblitérés et quelques autres blessés, et leur véhicule, sur lequel était montée une mitrailleuse Douchka, a été mis hors d’état de nuire.

 

Je laisserai à mon camarade de la Ména Jean Tsadik le soin d’expliquer demain dans une analyse l’importance stratégique de ces opérations et des derniers développements de la situation.

 

Je dois encore parler des pertes kurdes de la journée, qui s’élèvent à au moins 20 tués parmi les combattants et 30 à 40 blessés, portant leur bilan total à 60 morts et 110 blessés. Chez les civils, nous en sommes à 45 morts environ depuis samedi et à une centaine de blessés. Ces chiffres, je le rappelle, sont officieux et participent de notre évaluation au fil des rapports que nous avons reçus.

 

Ils sont néanmoins assurément plus fiables que ceux proposés ce mercredi par le Grand Turc Erdogan et repris par l’agence Reuters, qui font état de la mort de "268 terroristes des YPG et de l’Etat Islamique" depuis le début de son Rameau d’olivier. Il s’agit évidemment d’une astuce aussi grossière que son comportement, consistant à mélanger des morts qui n’ont aucun rapport entre eux, puisqu’aucun mercenaire de l’Etat Islamique ne se trouve dans le canton d’Afrin.

 

Recep Erdogan affirme vouloir établir 3.5 millions de réfugiés syriens à Afrin après la "victoire"

 

A l’occasion d’un discours tenu aujourd’hui dans son palais hollywoodien d’Ankara, le despote sanguinaire a affirmé que sa "préoccupation était l’établissement de la justice, non le territoire" (jusqu’à présent il s’agissait, selon ses dires, de neutraliser la menace terroriste imminente qui menaçait la Turquie). Ce personnage n’est visiblement pas fixé sur sa raison de massacrer des gens.

 

"La Turquie", a-t-il prédit, "va d’abord détruire les terroristes et, une fois que l’opération Rameau d’Olivier sera terminée, permettre à 3.5 millions de réfugiés syriens actuellement en Turquie de rentrer chez eux en sécurité".

 

Expliquant le mélange auquel il a procédé dans son bilan, Erdogan a affirmé que "les organisations terroristes – le PYD, le PKK, les YPG, DAESH, et les gauchistes de DHKP-C – sont toutes pareilles. Ce sont des groupes terroristes qui poursuivent les mêmes objectifs dans le même scénario en interprétant différents rôles".

 

Il a promis que "l’opération Rameau d’Olivier ne se terminera qu’avec la mort du dernier terroriste".

 

C’est ce qu’on appelle un homme de nuances qui fait grand cas des "préoccupations" exposées par ses amis européens, russes et américains. Il attache autant d’importance à la diplomatie que le faisait son modèle Adolf Hitler.

 

Je ne me souviens pas dans l’histoire qu’une puissance militaire de la taille de la Turquie ait mis autant de moyens pour exterminer la population d’un si petit territoire.

 

 
Afrin 4ème jour : la guerre qui dérange les hypocrites (info # 012301/18)  
Breaking News !
mardi, 23 janvier 2018

 

Par Perwer Emmal

 

Métula et Afrin 19h00, mardi, 18h00 à Paris

 

En ce mardi, quatrième jour de guerre, les troupes turques et leurs supplétifs islamistes arabes poursuivent leur agression contre le canton d’Afrin, dans l’ouest du Rojava.

 

Les combats sont féroces autour des quatre axes par lesquels l’envahisseur tente de pénétrer vers le centre de l’enclave. L’effort des Turcs se porte principalement dans la province de Boulboul au Nord, dans celle  de Sharran à l’Est [face à Azaz], dans celle de Rajo au Nord-Ouest, et dans celle de Jandairis au Sud-Ouest [carte].

 

 

Service cartographique © Metula News Agency

Base : carte de Wikipedia

 

Durant la journée d’hier, les agresseurs étaient parvenus à s’emparer du massif stratégique de Barsaya, qui domine la ville d’Azaz en Syrie, sous occupation turque, ainsi qu’une bonne partie de la province de Kilis en Turquie.

 

En fin d’après-midi (lundi), les Unités de Protection du Peuple (YPG) sont parvenues à chasser les Turcs et leurs acolytes du mont Barsaya et à se le réapproprier dans sa totalité. Ces hauteurs se situent à 2,5km d’Azaz.

 

Ce mardi en début d’après-midi, les YPG ont mis en déroute une colonne de l’Armée turque et de ses supplétifs sur la colline de Qastal Jandu, non loin du mont Barsaya, dans le district de Sharran. L’ennemi a abandonné de nombreux morts sur le champ de bataille.

 

Au même moment pratiquement, des Peshmerga ont détruit un véhicule et tué ses six occupants de l’Armée d’agression autour du village de Qudé, dans la zone de Rajo. Les combats se poursuivent en ce moment à cet endroit.

 

Dans la province de Jandairis, au Sud-Ouest du canton, l’envahisseur est en train de se retirer du périmètre du village frontalier de Shih, qu’il avait tenté d’investir depuis les premières heures de la journée.

 

 

Des membres des YPG après l’assaut réussi d’une position ennemie

 

Jusqu’à 16h locales ce mardi, tous les combats se déroulent sur les frontières d’Afrin et l’ennemi n’est parvenu nulle part à briser la résistance des YPG et à converger vers le centre de la province. En revanche, les bombardements d’artillerie touchent tout le canton sans grand discernement.

 

Le nombre des morts et des blessés augmente au fur et à mesure des affrontements. Ankara a reconnu la perte d’un second soldat durant les combats d’aujourd’hui. Hier, le premier mort officiellement reconnu par l’agresseur a été enterré en grande pompe dans sa capitale en présence du dictateur Recep Erdogan.

 

A l’occasion de ces pertes, son ministre des Affaires Etrangères, Mevlut Cavusoglu, a tweeté : "Nous n’abandonnerons pas le sang de nos martyrs sur le sol et continuerons notre combat jusqu’à ce que nous ayons déraciné la terreur".

 

Les pertes admises par les belligérants nous paraissent largement sous-évaluées en comparaison des comptes rendus que nous recevons de nos interlocuteurs à proximité des combats.

 

Selon notre estimation, l’Armée ottomane et ses supplétifs ont perdu plus de 100 combattants et pas moins de 250 de leurs hommes ont été blessés. Trois quarts de ces soldats appartiennent aux unités d’islamistes et un quart à l’Armée régulière.

 

On observe à ce propos que des heurts se sont produits entre mercenaires islamistes, particulièrement ceux qui servent sous les ordres d’un personnage se faisant appeler le Major Général Sultan Mourad. Ces échauffourées ont éclaté à l’occasion du rapatriement sur Azaz des corps de 16 supplétifs tombés lors de la bataille du mont Barsaya.

 

Les mercenaires prétendent que les Turcs se servent d’eux comme de la "chair à canon", et qu’ils les envoient systématiquement aux avant-postes alors que les officiers turcs commentent les combats depuis l’arrière. On note à ce propos qu’Ankara ne communique aucun bilan relatif aux pertes dans les rangs de ses auxiliaires arabes.

 

D’après notre évaluation approximative et officieuse, les YPG et les YPJ qui défendent Afrin ont perdu une quarantaine de combattants et ont eu environ 80 blessés dans leurs rangs. Le bilan civil, toujours selon nos estimations et sous les mêmes précautions, s’élève à 35 personnes environ, dont un camarade reporter du nom de Tolhaldan Welat.

 

Sur le plan diplomatique, la séance du Conseil de Sécurité de l’ONU réuni lundi à la demande de la France n’a rien donné, pas de résolution et pas même un appel au despote sanguinaire turc pour qu’il cesse sa campagne criminelle.

 

Dans le camp kurde, parmi les officiers supérieurs des Forces Démocratiques Syriennes et les chefs politiques, on est évidemment très déçu de l’irresponsabilité dont font montre les Etats dits développés.

 

Les critiques n’épargnent personne, mais visent principalement la Grande-Bretagne après la déclaration du porte-parole de Theresa May, qui a reconnu lundi "l’intérêt légitime de la Turquie dans la sécurité de ses frontières", ajoutant que le Royaume-Uni "est engagé à travailler de près avec la Turquie et d’autres alliés afin de trouver des solutions garantissant la stabilité et empêchant l’escalade de la situation tout en protégeant les intérêts sécuritaires de la Turquie".

 

Hier soir, dans le saillant de Manbij au Rojava, certains demandaient à voix haute qui est-ce qui menace la Turquie ? Ils demandaient également si Madame May n’a pas entendu les menaces du sultan d’oblitérer ses alliés kurdes, d’Afrin à la frontière irakienne ?

 

L’écœurement et l’incompréhension prédominent aussi à propos de la position de la France, et particulièrement de son chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian. Ce dernier, lors d’une réunion avec la presse à Paris a dit notamment : "J'ai eu l'occasion de dire à mon collègue turc hier matin au téléphone que cette offensive nous préoccupait et que si nous comprenions le souci de sécurisation des frontières qu'a la Turquie en ce moment (…)".

 

Le Drian a ajouté : "Nous pensons indispensable qu'il y ait une accélération du processus politique pour éviter l'apparition de nouveaux conflits en Syrie (…)".

 

L’un des principaux chefs des FDS a commenté cette déclaration en lançant, lors d’une réunion impromptue d’officiers : "Les Français ne sont-ils donc pas au courant que le gouvernement de son "collègue" a lancé une guerre d’extermination contre notre peuple ? Que ce sont les enfants d’Afrin qu’il y a lieu de protéger et non les frontières du dictateur que personne ne menace ? Que nous ne sommes pas des terroristes mais ses alliés ? Qu’il n’existe aucun processus politique à accélérer, puisque qu’il (Erdogan) s’est juré de nous éliminer jusqu’au dernier ?".

 

Quelques dizaines de volontaires français, parmi des centaines d’étrangers, ont rejoint les YPG pour se battre à leurs côtés. Deux ex des forces spéciales qui ont été engagés en Syrie m’ont confié hier soir qu’ils avaient honte de leur gouvernement et que sa conduite tendant à lécher les parties d’un assassin était scandaleuse et inadmissible.

 

Lundi soir, par la même occasion, le commandement des FDS a affirmé qu’il examinait des possibilités pour rejoindre les assiégés d’Afrin et participer à la guerre contre l’envahisseur.

 

 
Les Peshmerga tiennent le coup (info # 012201/18)  
Breaking News !
lundi, 22 janvier 2018

 

Par Perwer Emmal

 

Métula et Afrin 14h10, lundi, 13h10 à Paris

 

Tôt ce lundi matin, des commandos des Unités de Protections du Peuple (YPG) ainsi que des YPJ, leur homologues féminines, ont attaqué les forces turques et leurs supplétifs islamistes dans la région d’Aziz (voir carte) à deux reprises.

 

Durant la première opération six soldats turcs ont été tués et de nombreux autres blessés. Au cours de la seconde, quelques minutes plus tard, des dizaines d’ennemis ainsi qu’un grand nombre de véhicules militaires ont été mis hors de combat.

 

La concentration qui a été prise pour cible se situe en territoire syrien contrôlé par l’Armée ottomane à l’extérieur du canton d’Afrin, à l’ouest de celui-ci. A l’issue de ce double engagement, les commandos kurdes ont regagné leur base de départ.

 

Cette opération était rendue nécessaire par l’important rassemblement de forces arrivées ces derniers jours de Turquie, qui s’apprêtaient, sans l’ombre d’un doute sensé, à marcher sur l’enclave encerclée du Rojava occidental.

 

D’autre part, et contrairement à ce qu’affirment la plupart des autres media, de même que le gouvernement d’Erdogan, depuis l’offensive lancée vendredi et baptisée "Rameau d’olivier" par l’agresseur, ce dernier n’est pas parvenu à s’emparer du moindre mètre carré du territoire d’Afrin. Ce, malgré sa supériorité écrasante en matériel et un ratio d’un contre quatre au niveau des combattants.

 

Durant la journée de dimanche, l’envahisseur avait péniblement réussi à se rendre maître de quelques collines dans le secteur de Boulboul, au prix d’une offensive majeure impliquant des dizaines de raids aériens, des barrages d’artillerie et le soutien de nombreux blindés. Mais en fin de journée, des éléments mobiles des YPG l’ont intégralement chassé de ses acquis suite à des affrontements de grande intensité.

 

A ce sujet, le narratif de la plupart des autres media qui tentent de couvrir le conflit sont erronés, et les cartes des opérations qu’ils proposent totalement apocryphes. Celles que j’ai consultées ne mentionnent pas la présence des troupes turques à proximité de la ville d’Idlib et dans une grande portion de sa province. Un contingent ottoman qui a traversé la frontière il y a plusieurs semaines en provenance de la province turque de Yayladagi, tout près de la région syrienne de Lattaquié, et qui contrôle désormais les deux tiers de la province d’Idlib.

 

 

Service cartographique © Metula News Agency

Base : carte de Wikipedia

 

On ne peut pas parler de victoire kurde sur l’Armée d’invasion dans la zone d’Afrin et dans le reste du Rojava, car l’affrontement ne fait que commencer et il est fortement déséquilibré à tous les égards.

 

En revanche, on peut évoquer une résistance efficace et bien organisée de la part des YPG, qui constitue déjà une surprise aux yeux des experts militaires.

 

On doit également prendre en considération que le terrain du canton d’Afrin, extrêmement vallonné, aux routes étroites et sinueuses, ne favorise pas l’utilisation de matériel lourd. Lors des combats d’hier aux environs de Boulboul, il est advenu au moins deux fois que le premier char d’une colonne avançant à la queue leu leu sur l’une de ces routes de montagne ait été immobilisé par un tir de missile kurde, rendant le reste de la colonne inutile et même exposé à des tirs ultérieurs.

 

De plus, partout où ils sont intervenus, les mercenaires islamistes arabes au service du dictateur d’Ankara ne se sont pas montrés à la hauteur. Fréquemment sous-équipés, mal entraînés et peu motivés, ces ex-miliciens d’al Qaeda, en dépit de leur nombre (30-35 000), n’ont pas fait le poids face aux Peshmerga d’Afrin.

 

Lesquels Peshmerga, en plus de leur courage et de leur détermination, ont visiblement touché du matériel sophistiqué de la part des Américains et ils savent parfaitement s’en servir.

 

Quant à l’Armée turque, elle apparaît également désorganisée, principalement au niveau de son commandement. Certains observateurs étrangers avisés que je côtoie dans le saillant oriental de Manbij où je me trouve, invoquent les purges massives pratiqués par le Sultan dans l’Armée à la suite du coup d’Etat manqué de juillet 2016. A les croire, les meilleurs officiers croupiraient derrière les barreaux du dictateur et leur absence sur le théâtre des opérations aurait des effets désastreux.

 

On est aussi étonné par le manque d’efficacité relatif de l’Aviation ennemie, qui, en dépit de centaines de sorties et d’autant de frappes (environ 250) et disposant des mêmes appareils que les armées américaine et israélienne, se montre incapable de peser d’une manière déterminante dans la bataille.

 

En ce lundi matin de guerre, observant que le front n’a pas été enfoncé comme le prédisait le Grand Turc, et que les défenseurs d’Afrin se livrent à des actions offensives couronnées de succès, le moral des YPG/Forces Démocratiques Syriennes, dans les deux portions du Rojava qu’elles contrôlent, est au beau fixe.

 

 

Des Peshmerga déterminés

 

Il est beaucoup question de saisir l’opportunité de l’offensive d’Ankara pour tenter de réaliser la jonction entre les saillants ouest et est autour d’al Bab, accomplissant ainsi la continuité du territoire kurde et désenclavant les défenseurs d’Afrin.

 

Environ 15 000 combattants et combattantes ont été concentrés dans le saillant de Manbij-Arima et ils sont sur le pied de guerre. Près de 3 à 3 500 d’entre eux, revenant de la guerre contre DAESH dans l’ouest syrien, sont armés et entraînés au niveau des meilleures unités d’infanterie motorisée occidentales. De l’avis de leurs chefs, ils devraient être capables de franchir la vingtaine de kilomètres qui les séparent de leurs frères encerclés à l’Ouest.

 

Deux obstacles se dressent cependant face à ce projet. Le premier est mineur : il repose sur la présence d’éléments kurdes de l’Armée gouvernementale syrienne qui ont été envoyés par les Russes à l’extrémité des deux saillants kurdes pour agir en qualité de force de séparation avec l’Armée turque. J’évoque un inconvénient mineur, car, pour les fréquenter régulièrement, ces éléments me semblent largement plus concernés par le destin de leurs frères que par le bien-être des Présidents Assad et Poutine. Si l’ordre de faire mouvement était donné, je pense qu’ils participeraient à l’offensive aux côtés des YPG/FDS et qu’ils ne feraient en tout cas rien pour s’y opposer.

 

 

Service cartographique © Metula News Agency

Base : carte de Wikipedia

Les deux saillants kurdes, avec, dans les cercles rouges, les

positions des soldats d’interposition "gouvernementaux"

 

Le second obstacle est bien plus prégnant : il se dit que l’état-major U.S. en Syrie aurait prévenu le commandement kurde qu’en cas d’offensive non provoquée par une action des Turcs contre le saillant de Manbij, Washington pourrait cesser l’approvisionnement en armes, en munitions et en "conseillers" qu’il fournit aux FDS.

 

Un approvisionnement qui, on le constate à Afrin, joue un rôle essentiel dans la bataille.

 

Il ne reste aux forces kurdes que l’option d’attendre, au moins tout le temps que leurs frères kurdes d’Afrin tiennent le choc, de risquer de se fâcher avec Washington (mais pas avec le contingent américain sur place avec lequel les relations sont cordiales), ou encore de choisir le moment opportun pour tenter quelque chose.

 

Il importe tout de même de savoir que l’unification des deux portions du Rojava représente une priorité émotionnelle très élevée dans l’esprit de chaque Peshmerga, et que manquer une opportunité objective de la réaliser n’entre pas vraiment en considération.

 

Sachez encore que le commandement des FDS ainsi que tous les officiers avec lesquels je me suis entretenu nient catégoriquement avoir tiré les roquettes sur la ville turque de Reyhanli (cartes), dans la province d’Hatay, face à l’extrémité sud-ouest du canton d’Afrin. Selon les responsables turcs, ces roquettes auraient fait "au moins un mort et plus de 30 blessés" dans la cité.

 

Ils nient également que les FDS soient à l’origine des tirs qui ont fait deux victimes dans le village de Kaljibirin, à l’est d’Afrin. Ils rappellent qu’ils "n’ont aucun intérêt dans le bombardement d’agglomérations civiles et qu’ils ne s’attaquent jamais à des objectifs situés au-delà de leurs frontières".  Les officiers en charge des FDS n’hésitent pas à accuser les supplétifs islamistes et même les soldats turcs d’avoir eux-mêmes pratiqué ces tirs afin de créer des justifications à leur offensive contre les Kurdes.

 

Ce matin, les combats ont repris de plus belle dans la région de Boulboul, ponctués par d’intenses échanges d’artillerie ainsi que des combats terrestres à proximité de plusieurs villages. On signale également le survol de la ville d’Afrin par des drones.

 

Au nord de Rajo (carte), les YPG viennent de détruire deux chars ennemis et de tuer plusieurs militaires turcs. Les combats font également rage dans cette région du nord-ouest du canton.

 

 

Service cartographique © Metula News Agency

Base : carte de Wikipedia

 

En l’absence de chiffres officiels communiqués par les belligérants, la Ména présente dans le Rojava estime à 22 civils et 13 combattants le nombre de morts à Afrin depuis samedi et jusqu’à ce matin, de même qu’une cinquantaine de blessés.

 

Du côté de l’agresseur, entre 60 et 70 soldats et mercenaires au moins ont perdu la vie, et le nombre de blessés dépasse la centaine.

 

 
Afrin : combats d’une extrême violence au sol (info # 032101/18)  
Breaking News !
dimanche, 21 janvier 2018

 

Par Perwer Emmal

 

Métula et Afrin 20h20, dimanche, 19h20 à Paris

 

En cette seconde journée de l’offensive turque baptisée "Rameau d’olivier", l’Armée ottomane assistée par ses supplétifs islamistes a lancé une offensive terrestre majeure à partir de la ville de Gülbaba [carte], appuyée par l’aviation, l’artillerie et des blindés.

 

Dès 11 heures ce matin, heure d’Afrin et de Métula, l’agresseur a établi le contact avec les Unités de Protection du Peuple (YPG) kurdes dans la province de Boulboul [voir carte] tentant de s’emparer de plusieurs villages.

 

 

Service cartographique © Metula News Agency

Base : carte de Wikipedia

 

Deux interlocuteurs de cette région avec lesquels j’ai pu m’entretenir (je me trouve à Arima, dans le saillant oriental des YPG, à 90km des combats qui se déroulent actuellement) m’ont affirmé que les affrontements étaient d’une violence extrême, particulièrement autour du village de Shengal [carte].

 

Jusqu’à 15 heures à tout le moins, heure de ma dernière liaison téléphonique, les YPG tenaient le front, en dépit du recours intensif de l’ennemi à son aviation. Les troupes de Recep Erdogan n’avaient pas réussi, contrairement à des annonces faites par leur Premier ministre Binali Yildirim, à enfoncer les défenses des Peshmerga et à pénétrer de manière substantielle dans le canton d’Afrin.

 

On dénombrait cependant jusqu’à 15 heures une dizaine de morts (officieux) dans les rangs des YPG et des YPJ (les unités féminines), ainsi qu’une vingtaine de blessés.

 

Les forces kurdes ont détruit avec certitude au moins deux chars M60 Patton de conception américaine, et en ont endommagé plusieurs autres ainsi que des véhicules militaires entre les villages de Shengal et de Boulboul. L’envahisseur a également subi de nombreuses pertes humaines, ce que nie son gouvernement.

 

L’Aviation turque a d’autre part intensifié ses bombardements sur l’ensemble du canton d’Afrin, ciblant principalement sa capitale ainsi que la zone frontière située au Nord-Ouest, dans la proximité de Raco, provoquant la mort, dimanche, de sept civils et en blessant de nombreux autres.

 

Une intense activité militaire de l’ennemi a aussi été observée dans la région de Maréa, à l’est de l’enclave kurde. Des échanges de feu s’y sont produits, mais là encore, en milieu d’après-midi, on ne notait aucune avance tangible des Turcs.

 

A l’occasion d’un point de presse organisé à Istanbul ce dimanche matin, Binali Yildirim a toutefois déclaré que l’Armée ottomane était parvenue à pénétrer dans le canton d’Afrin et que les YPG délaissaient leurs positions n’offrant que peu de résistance. Le Premier ministre de turc a fait état de l’intention de son pays d’établir une "zone de sécurité" jusqu’à une trentaine de kilomètres de sa frontière.

 

Le gouverneur de la ville de Kilis en Turquie, Mehmet Tekinarslan, a par ailleurs annoncé que sur le coup d’1h40 ce matin, trois roquettes s’étaient abattues sur le centre-ville blessant une personne touchée par des éclats de verre.

 

Ali Erbas, le chef de l’autorité turque en charge des affaires religieuses, a pour sa part déclaré que des "prières de conquête" seraient dites dans les mosquées tout au long de ce dimanche.

 

Nous apprenons également que la France a appelé à "une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité au sujet d’Afrin, d’Idlib et de la Ghouta". Le fait d’inclure deux régions qui ne sont pas menacées de génocide dans la liste des sujets à traiter diminue cependant la portée de cette proposition, sans doute afin de ménager les susceptibilités d’Ankara. Dans un tweet, le Ministre français des Affaires Etrangères Jean-Yves Le Drian a précisé qu’il appelait à "un cessez-le-feu partout en Syrie et à l’établissement d’accès humanitaire inconditionnels".

 

La réaction que j’ai recueillie à chaud de la part de responsables kurdes en tournée dans la région de Manbij a été que "l’initiative française ne s’attachait pas au problème réel qui menace la vie de milliers de civils et que l’ordre du jour unique du Conseil de Sécurité devait être l’arrêt immédiat de l’offensive criminelle turque contre les Kurdes". Les responsables politiques et militaires que j’ai interrogés ont toutefois concédé que "si le Conseil de Sécurité se réunit réellement, on y discutera probablement du problème réel qui se pose".

 

 

Un char turc participant aux combats de samedi

 

Riyaz Dirar, le co-président du Conseil Démocratique Syrien [kurde] a à nouveau accusé la Russie de collusion avec l’envahisseur ottoman dans le cadre de l’opération visant la population du canton d’Afrin.

 

Les autorités turques se sont également vantées d’avoir frappé lors d’attaques aériennes la base [ancien aéroport militaire du régime syrien] de Menagh [carré rouge et blanc sur la carte], située dans le territoire contrôlé par les YPG/FDS, qui est utilisé par l’Armée américaine pour approvisionner les combattants kurdes en armes et en munitions. Si cette nouvelle se confirme, elle pourrait sérieusement aggraver les tensions entre Ankara et Washington.

 

Dernière minute : 18h52 locales, par téléphone, on se bat au corps-à-corps pour le contrôle du village de Shengal. A 19h 49 ce dimanche, malgré les moyens énormes investis par l’Armée turque depuis le début de son offensive terrestre à 11h, elle n’était parvenue à occuper aucune localité ou position militaire du canton d’Afrin.

 

 
L’abjecte "cause palestinienne" est dans une phase d’agonie (info # 022101/18)  
Analyse
dimanche, 21 janvier 2018

 

Par Guy Millière

 

Mahmoud Abbas a dit voici peu devant les membres dirigeants de l’Autorité Palestinienne que l’administration Trump l’avait giflé et insulté.

 

Ce fut le seul moment réjouissant d’un discours sinistre, antisémite, négationniste, monstrueusement délirant, gorgé de falsifications de l’histoire et d’apologie du terrorisme.

 

De fait, Mahmoud Abbas mérite d’être giflé et insulté depuis très longtemps, et s’il se sent giflé et insulté, il est très bien qu’il en soit ainsi.

 

Mahmoud Abbas mérite, certes, bien davantage que des gifles et des insultes, et la justice la plus élémentaire impliquerait qu’il soit rapidement conduit six pieds sous terre et lesté de plomb, mais des gifles et des insultes seraient un bon début.

 

 

 

Mahmoud Abbas n’est pas seulement un antisémite et un docteur en négationnisme (il est l’auteur d’une thèse de doctorat répugnante évoquant des "liens" entre le nazisme et le sionisme et minimisant très fortement le nombre de victimes de la Shoah), c’est aussi un assassin et un complice d’assassins, un chef de bande terroriste, un être corrompu jusqu’à la moelle des os, haineux et regorgeant de mensonge.

 

C’est un homme qui, en prenant la succession de Yasser Arafat, est devenu complice d’un double crime contre l’humanité : la volonté d’exterminer la population juive israélienne, et la transformation de milliers d’Arabes en assassins - effectifs ou potentiels - de Juifs.

 

C’est un homme qui a des centaines de morts et des milliers de blessés et de mutilés sur la conscience, si tant est qu’il lui en reste quelque bribe.

 

C’est un homme qui ne devrait être appelé "président" par personne, car il n’a aucune légitimité à ce titre, et vient d’entrer dans la quatorzième année de son mandat de quatre ans.

 

C’est un homme qui est en train de s’apercevoir que, pour citer Abba Eban, à force de ne pas manquer une occasion de manquer des occasions, il en a manqué une de trop.

 

Il a eu une utilité pour l’Union Soviétique, dont il est l’une des créatures monstrueuses résiduelles, lorsque l’Union Soviétique voulait déstabiliser le Proche-Orient, et rallier le monde musulman et les gauches occidentales à une cause “anti-impérialiste” fabriquée de toutes pièces.

 

Il a eu une utilité encore quand, après la chute de l’empire soviétique, le monde musulman a voulu utiliser la “cause” fabriquée pour intimider le monde occidental et pour légitimer une part du djihadisme contemporain.

 

Il a bénéficié de la complaisance du premier président anti-américain islamophile et résolument anti-israélien de l’histoire des Etats-Unis.

 

Il ne peut que discerner qu’une page est en train de se tourner avec la présidence Trump.

 

Donald Trump lui a dit explicitement qu’il était un menteur, et lui a fait comprendre que la tolérance américaine pour le “terrorisme palestinien”, pour toute forme d’activité djihadiste, pour les incitations à la haine antisémite et les incitations au meurtre de Juifs était terminée.

 

Mahmoud Abbas n’a pas voulu comprendre qu’au-delà de la limite fixée par Donald Trump, son ticket n’était plus valable, et, parce qu’il est un être essentiellement ignoble, il a persisté dans l’ignominie.

 

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Afrin : 72 avions, 110 cibles, 10 morts (info # 012101/18)  
Breaking News !
samedi, 20 janvier 2018

 

Par Perwer Emmal

 

Métula et Afrin 1h00, dimanche, minuit à Paris

 

Au terme de cette première journée de l’offensive généralisée de la Turquie contre les Kurdes de Syrie, cyniquement nommée "Rameau d’olivier" par le régime de Recep Erdogan, les Ottomans ont eu recours à 72 chasseurs-bombardiers F-16, qui ont visé 110 objectifs dans le canton d’Afrin et tué dix personnes.

 

Sept victimes sont des civils et trois des combattants ; un homme faisant partie des YPG, les Unités de Protection du Peuple, et deux femmes de leur pendant féminin, les YPJ, ou Unités de Protection de la Femme.

 

En outre, vingt-cinq civils ont été blessés dont plusieurs se trouvent dans un état critique.

 

La plupart des raids ont ciblé Afrin, la capitale du canton du même nom et ses environs, de même qu’un camp de réfugiés.

 

D’autre part, les YPG ont fait échouer deux tentatives des forces turques et de leurs supplétifs islamistes de pénétrer dans la province au niveau du sol. L’une de ces attaques s’est déroulée à partir du territoire turc, au nord de l’enclave, l’autre, à l’Ouest, depuis la région syrienne de Maréa occupée par l’Armée d’Ankara.

 

Le Premier ministre d’Erdogan, Binali Yildirim, a prévenu samedi soir que l’offensive terrestre principale était planifiée pour dimanche.

 

Le Commandement Général des YPG, en charge de la défense d’Afrin et du reste du Rojava, a accusé Moscou d’avoir donné son feu vert à l’opération turque. Nous savons, a communiqué le Commandement des YPG, que l’Armée turque n’aurait pas attaqué Afrin sans avoir préalablement reçu l’approbation de la Russie dont des forces étaient déployée à Afrin.

 

Les soldats russes ont été évacués juste avant le début de l’agression. Le vice de Poutine allant jusqu’à exprimer sa préoccupation au sujet d’une éventuelle escalade et à envisager de saisir le Conseil de Sécurité de l’ONU.

 

A 22h30, samedi soir, les YPG ont juré de résister à l’agression militaire turque contre le canton d’Afrin. "Nous n’avons pas d’autre option que celle de résister", ont déclaré les YPG et les YPJ dans un communiqué, promettant de vaincre les agresseurs.

 

Tard dans la soirée de samedi, les ambassadeurs de Grande-Bretagne, de France et de Chine en poste à Ankara ont été informés par le ministère turc des Affaires Etrangères de l’opération militaire en cours à Afrin. D’après nos sources, aucun gouvernement européen n’a émis de protestation officielle quant à cette agression délibérée visant de parfaits innocents.

 

La Russie, les USA et l’ONU ont demandé aux protagonistes d’éviter l’escalade militaire.

 

 
Bombardements aériens, attaque au sol (info # 022001/18)  
Breaking News !
samedi, 20 janvier 2018

 

Par Perwer Emmal

 

Métula et Afrin 18h15, samedi, 17h15 à Paris

 

Sur le coup de 16h 33, heure d’Afrin et de Métula, des appareils turcs ont lourdement bombardé le canton d’Afrin en plusieurs points. Les villes d’Afrin, de Shirwa et de Shra ont été les cibles de ces attaques qui se poursuivent en ce moment même, alors que la nuit est tombée sur la région.

 

Quelques minutes plus tard, l’Armée turque a entamé une offensive terrestre à partir de sa frontière, par le Nord, et depuis la ville de Maréa, à l’Est, en territoire syrien. Selon des sources locales, ces premières tentatives ont été repoussées par les Unités de Protection du Peuple (YPG).

 

Les assaillants auraient eu plusieurs victimes dans leurs rangs, principalement des auxiliaires islamistes.

 

On ignore pour l’instant le nombre de victimes militaires et civiles à Afrin suite aux bombardements aériens et aux opérations terrestres de l’Armée ottomane.

 

Laquelle, par la voix de son état-major, a confirmé avoir lancé l’opération "Rameau d’olivier", précisant par un communiqué : "Nos forces armées ont commencé une opération aérienne à Afrin qui vise le PYD/PKK et l’Etat Islamique".

 

Nous tenons pour notre part à préciser qu’il n’existe pas un seul combattant de l’Etat islamique et/ou du PKK dans la province d’Afrin.

 

Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, a confirmé l’information, déjà annoncée par Recep Tayyip Erdogan ce matin à la télévision.

 

La Russie a finalement retiré ses soldats qui se trouvaient en poste à Afrin. Dans un communiqué de son ministère des Affaires Etrangères, Moscou s’est dit "préoccupé" et a déclaré "suivre attentivement le développement de la situation".

 

Les Forces Démocratiques Syriennes à prédominance kurde ont été placées en état d’alerte maximum dans l’ensemble du Rojava. On a signalé des escarmouches à proximité de Kobané, lors desquelles des soldats turcs ou des supplétifs islamistes de leur armée ont trouvé la mort.

 

S’exprimant également par communiqué, les YPG, qui forment l’ossature des FDS, dénoncent un "acte d’agression contre nous, notre peuple et la Syrie. Si nous sommes attaqués", poursuit le communiqué, "nous n’aurons guère d’autre choix que celui de nous défendre ainsi que notre peuple.

 

Exactement comme lorsque les gangs de DAESH ont attaqué Kobané et ont été défaits", conclut le communiqué, "le même sort frappera l’Etat turc s’il tente de s’attaquer à Afrin".

 

D’autre part, des sources proches du régime syrien ont annoncé que Damas avait permis aux YPG d’utiliser son territoire dans la prince d’Alep afin d’envoyer des milliers de combattants en renfort à Afrin durant les dernières 48 heures.

 

Si cette coopération extraordinaire venait à s’amplifier face à un ennemi commun, on pourrait assister à une tentative militaire kurde de relier les deux parties du Rojava dans la région d’al Bab. Il en est question dans les discussions des officiers stationnés dans le saillant de Manbij.

 

 
Erdogan annonce le début de l’agression turque contre Afrin (info # 012001/18)  
Breaking News !
samedi, 20 janvier 2018

 

Par Perwer Emmal

 

Métula et Afrin 16h30, samedi, 15h30 à Paris

 

Lors d’un bref discours télévisé ce samedi, Recep Tayyip Erdogan a annoncé que son armée avait "lancé de facto sur le terrain une offensive terrestre contre l’enclave d’Afrin tenue par une milice kurde dans le nord de la Syrie". Erdogan s’exprimait depuis la province anatolienne de Kütahya.

 

Il a promis qu’ "ensuite, ce sera le tour de Manbij", dans la partie occidentale du Rojava kurde, et qu’ "après, pas à pas, nous nettoierons notre pays de cette terreur répugnante qui tente d’assiéger notre pays, et ce, jusqu’à la frontière irakienne".

 

Cette déclaration de guerre a été accompagnée d’un briefing du chef d’état-major turc, selon lequel l’Armée turque a répliqué à des tirs, hier et aujourd’hui, en provenance d’Afrin, de la part de l’organisation terroriste PYD/PKK.

 

Le PYD est le Parti de l’Union Démocratique, qui a la charge civile du canton d’Afrin. La force armée kurde qui défend ce territoire est les YPG, les Unités de Protection du Peuple.

 

Il n’existe aucun lien organique entre le PYD et le PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, une organisation strictement turque.

 

Le ministre turc de la Défense, Nurettin Canikli, avait déclaré, vendredi matin sur la chaîne de télévision Haber, "que le niveau de menace contre la Turquie augmente de jour en jour", sans que cette affirmation soit intelligible.

 

 

Service cartographique © Metula News Agency

Base : carte de Wikipedia

 

Les YPG n’ont jamais attaqué aucun objectif en Turquie et ne se sont jamais livrées à aucun acte terroriste. Elles constituent l’élément prépondérant des FDS, les Forces Démocratiques Syriennes, les seuls alliés des Américains et des Européens en Syrie. Ce sont les FDS qui ont repoussé au sol l’Etat Islamique au-delà de l’Euphrate.

 

Les YPG, contrairement aux affirmations du chef d’état-major d’Erdogan, ne se sont livrées à aucun tir en direction des forces turques, hormis des tirs de riposte limités faisant suite à des bombardements de l’artillerie ottomane.

 

Hier soir, une avocate d’Afrin a été blessée par des obus tirés à partir du territoire turc dans le nord du canton.

 

Selon l’un de mes interlocuteurs à Afrin que je suis parvenu à joindre à 11 heures ce samedi matin, les bombardements turcs sont les plus intenses depuis qu’ils ont commencé voici une semaine.

 

A l’issue d’une escarmouche provoquée par l’Armée turque, deux mercenaires islamistes ont été tués vendredi lors d’un bref affrontement avec les Peshmerga.

 

Je me trouve à Arima [voir carte], dans le saillant occidental tenu par les YPG-FDS. Je suis dans l’incapacité de me rendre à Afrin, pratiquement encerclée et coupée du monde. Jeudi, les Turcs ont fermé les deux derniers points de passage menant à l’enclave.

 

A Arima et dans tout le secteur, on assiste à l’arrivée de renforts des FDS retirés des effectifs de la région de Deïr Ez Zor où ils combattaient l’Etat Islamique au côté des Américains et des Européens.  A en croire des rumeurs persistantes, les Peshmerga auraient reçu des missiles antiaériens des mains des Américains, ainsi que des engins antichars.

 

On assiste également à un renforcement des effectifs de l’Armée turque et de ses mercenaires islamistes ainsi qu’à des travaux de retranchement face aux positions des FDS dans le secteur du saillant occidental autour de Manbij.

 

Des préparatifs du même ordre sont observés dans la région de Jarabulus déjà occupée par les Turcs, de même que face à Kobané, à l’est de l’Euphrate.

 

Le porte-parole des Nations Unies, M. Stephane Dujarric, est enfin intervenu vendredi, appelant "les parties concernées à éviter de nouvelles escalades ainsi que les actes de nature à approfondir les souffrances du peuple syrien".

 

"Une fois que les violences ont commencé", a ajouté le porte-parole, "il nous est extrêmement difficile d’intervenir".

 

M. Dujarric a affirmé que le Secrétaire général de l’ONU [M. Antonio Guterres] faisait route vers le Conseil de Sécurité et qu’il se dit "préoccupé par chaque situation dans laquelle la vie de civils est menacée".

 

Les responsables politiques et militaires du Rojava se sont montrés perplexes face à ces déclarations onusiennes, soulignant que c’est Ankara qui a unilatéralement déclaré la guerre aux Kurdes de Syrie, et que l’armée d’Erdogan était en train de violer la souveraineté d’un territoire qui ne lui appartient pas. Ils ont également relevé que les FDS n’avaient commis aucune provocation ni émis aucune menace à l’encontre de leur voisin du Nord, et donc que les appels au calme ne les concernent pas. Ils dénoncent une tentative de placer sur un pied d’égalité les agresseurs et les agressés.

 

On ignore quelle sera la position des Etats-Unis en cas de poursuite de l’agression ottomane sur Afrin et au cas où elle s’étendrait au Rojava occidental où sont cantonnés 2 000 militaires U.S, un certain nombre d’entre eux à Manbij.

 

En particulier, l’état-major des FDS se demande si Washington laissera l’aviation ennemie intervenir impunément contre ses positions ainsi que sur les zones civiles.

 

La porte-parole du Département d’Etat américain, Heather Nauert, a fait savoir vendredi que "les Etats-Unis veulent que la Turquie s’abstienne de toute violence dans la ville d’Afrin, au Nord-Ouest [de la Syrie]."

 

D’importantes manifestations de soutien à Afrin se déroulent dans tout le Rojava, la plus importante s’étant tenue à Kobané. Aucun message officiel de soutien de responsables politiques européens n’est parvenu aux Kurdes.

 

En dépit du déséquilibre militaire flagrant sur le terrain, les Peshmerga se déclarent prêts au combat et à faire payer chèrement aux Turcs leur agression. "Notre unique objectif sensé", m’a déclaré ce samedi matin un haut responsable militaire kurde, "consiste à infliger de telles pertes à nos adversaires qu’il seront amenés à reconsidérer l’utilité de leur aventure". Le même officier ajoutant : "Si nous tenons le coup suffisamment longtemps, cela sensibilisera les opinions publiques des pays libres, et cela poussera leurs dirigeants à faire pression sur Erdogan et à nous venir en aide".

 

On apprend également que M. Poutine réclamerait d’Erdogan qu’il retarde son offensive généralisée. Selon Ankara, les forces déployées par la Russie à Afrin auraient été retirées récemment, ce qu’a nié un responsable de Moscou sous le couvert de l’anonymat.

 

L’on sait qu’Ankara a demandé au Kremlin qu’il autorise ses avions à emprunter l’espace aérien syrien, mais on ignore la réponse de Poutine. Ce que l’on sait en revanche est que le vice-ministre syrien à la Défense, Fayçal Meqdad, a affirmé que son pays "s’opposerait par la force à toute agression ou opération militaire contre son territoire de la part de la Turquie en ripostant de manière appropriée". Meqdad a déclaré que "les défenses antiaériennes syriennes se tenaient prêtes à intervenir face à ce genre d’agressions".

 

L’on sait qu’un système de défense antiaérien de type S-400 a été livré par la Russie au régime de Bashar al Assad, et qu’il pourrait avoir la capacité d’intervenir contre des appareils turcs survolant le canton d’Afrin. Le ministre de la Défense ottoman, Nurettin Canikli, a toutefois tourné ces contre-menaces en dérision, précisant que "l’essentiel de la capacité militaire active du régime syrien était assumé par des pays tiers". Il a en outre prophétisé que la campagne militaire contre Afrin ne durerait pas longtemps.

 

 
Un million de Kurdes sont menacés de massacre par un fou (011901/18)  
Analyse
vendredi, 19 janvier 2018

 

En raison de la gravité du contenu de cet article, la rédaction de la Ména a décidé de le publier exceptionnellement dans sa totalité sur tous ses supports.

 

Par Perwer Emmal

 

Cela fait longtemps que le dictateur turc Recep Tayyp Erdogan menace la population kurde de Syrie d’annihilation, mais depuis une semaine, pour le million d’habitants du canton d’Afrin, le danger est imminent. Il suffit d’observer les préparatifs militaires de l’Armée ottomane et de ses supplétifs tout autour de l’enclave encerclée pour s’en convaincre. Depuis samedi dernier, ces déplacements de troupes s’accompagnent d’intenses bombardements d’artillerie, ayant fait deux morts jusqu’à maintenant, à partir du territoire turc et des positions occupées par l’Armée d’Erdogan dans la province d’Idlib qu’elle a largement investie (voir les positions de l’Armée turque, matérialisées par des cercles verts sur la carte).

 

S’il restait un doute, il a été écarté par les propos tenus par celui qui se croit la réincarnation du Sultan de l’ancien empire et qui se comporte en conséquence afin d’en agrandir le territoire. Des déclarations à caractère objectivement génocidaire, comme celle de samedi dernier, dans laquelle Erdogan affirmait que "l’incursion militaire de la Turquie dans la province syrienne septentrionale d’Idlib allait écraser/pulvériser les forces de la milice kurde qui contrôlent la région voisine d’Afrin". Ou celle, de la même veine, prononcée dans la ville d’Elazig devant un parterre de membre de son parti AK, dans laquelle il a promis que "si les terroristes d’Afrin ne se rendent pas, nous allons les tailler en pièces".

 

 

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Base : carte de Wikipedia

 

Les "terroristes" auxquels il fait allusion ne sont autres que les YGP, les Unités de Protection du Peuple, elles-mêmes membres des Forces Démocratiques Syriennes (FDS), les seuls alliés des Américains et des Européens en Syrie, qui viennent de défaire DAESH pour leur compte.

 

Mais pour le sultan qui vient de le répéter, la "milice kurde YPG tente d’établir un corridor de la terreur sur la frontière sud de la Turquie, reliant Afrin à la grande région kurde à l’Est". Car pour Erdogan, les YPG ne sont qu’une manifestation masquée du PKK, le Parti des Ouvriers du Kurdistan, un mouvement de résistance des Kurdes de Turquie.

 

"Avec l’opération du Bouclier de l’Euphrate [2016]", a expliqué le Grand Turc, "nous avons coupé le corridor de la terreur juste en son milieu1. Nous les avons frappés une nuit soudainement. Avec notre opération à Idlib, nous sommes en train d’écrouler leur aile occidentale".

 

L’opération d’Idlib à laquelle se réfère ce poète, a été lancée par l’Armée turque il y a quelques semaines, après un accord passé officiellement avec la Russie et l’Iran, dans le but avancé de pacifier cette zone et d’en faire un terrain de désescalade militaire. Le contingent turc et ses mercenaires y affrontent les miliciens d’al Qaeda sous leur nouvelle appellation de Tahrir al Sham [de son nom complet Hay’at Tahrir al Sham, l’organisation pour la libération du Levant].

 

En fait, au prétexte de "combattre toutes les organisations terroristes", dont il a établi la liste – al Qaeda, DAESH, les YPG et le PKK – aux fins de "protéger la Turquie contre leurs attaques", Erdogan s’installe durablement en Syrie dans le but s’approprier une partie de ce pays en cours de dépeçage.

 

Sauf qu’al Qaeda n’est pas une menace pour Ankara, c’est de cette organisation islamique que sont issus la quasi-totalité des supplétifs combattant en Syrie dans les rangs des Ottomans ; que DAESH, à savoir l’Etat Islamique, n’est plus en condition de menacer personne, et qu’il était, qui plus est, l’allié privilégié et le partenaire commercial de la famille Erdogan en Syrie ; que les YPG, de toute leur histoire, n’ont jamais attaqué la Turquie, et que le PKK est une organisation turque avec laquelle le pouvoir central se trouve en situation de guerre civile depuis des décennies et que ce n’est certes pas à Idlib qu’Erdogan va trouver le moindre de ses combattants.

 

En s’attaquant à Idlib, le sultan-dictateur poursuit trois objectifs : agrandir son territoire aux dépens du régime des al Assad, compléter l’encerclement d’Afrin avec pour objectif à terme de rayer le Rojava de la carte, et s’installer dans le camp de la coalition russo-iranienne qui contrôle une importante partie de l’ex-Syrie.

 

Le feu vert donné par Poutine à Erdogan pour investir la province d’Idlib et s’en prendre aux Kurdes du Rojava indique que la Russie a lâché les Kurdes et que, de son point de vue, le massacre d’une partie des habitants d’Afrin ne la dérangera pas. Il s’agit d’un retournement d’alliance, car le Tzarévitch entretenait jusqu’à présent des relations très correctes avec les Kurdes de Syrie. Il avait même installé une base militaire dans le canton d’Afrin dans laquelle il prodiguait un entrainement au combat aux YPG. Et il avait déployé des unités dans la région d’al Bab, entre les deux saillants kurdes, afin de rassurer les Turcs quant à une éventuelle tentative par les YPG d’établir la continuité géographique du Rojava, et de défendre les positions des Peshmerga face à une éventuelle offensive des troupes d’Ankara.

 

 

Le camp de Robar pour personnes déplacées par la guerre, dans la province

de Sherawa, canton d’Afrin, vient d’être bombardé par l’artillerie d’Erdogan

 

A ce propos, le Sultan promet aussi la guerre aux Kurdes de l’ouest du Rojava, ayant déclaré, la semaine dernière, que "la Turquie n’aurait aucun mal à déloger les forces des YPG de Manbij", précisant : "Nous allons prendre les choses en main jusqu’à ce qu’il ne reste plus un seul terroriste", et ponctuant d’une menace datée : "Ils verront ce que nous allons faire dans une semaine environ !".

 

Reste que Poutine a fermé sa base dans le canton d’Afrin peu avant le début de l’agression d’Erdogan à Idlib, et que l’on peut se demander avec inquiétude comment se comportera sa "force de séparation" autour d’al Bab en cas d’une attaque turque. Il y a quelques mois, le Tsarévitch envoyait son aviation interdire aux appareils turcs le survol des Peshmerga, aujourd’hui, il ferme les yeux sur la possibilité d’un massacre de Peshmerga et de civils kurdes par le Sultan. Mais il n’y a pas à sursauter devant ce genre de revirements, cela a souvent été écrit dans ces colonnes : Poutine n’a pas d’amis ni d’ennemis, il n’a que des opportunités. De plus, il n’a guère apprécié la fidélité des YPG envers la coalition américaine, ce qui l’a privé d’une victoire facile et de gains territoriaux dans la région de Deïr Ez Zor, et il est colérique et rancunier.

 

Il n’apprécie pas non plus la décision de Washington de former et d’équiper une puissante unité de gardes-frontières (30 000 hommes) principalement kurdes, basée sur l’ossature des Forces Démocratiques Syriennes, et qui prendra la responsabilité du contrôle des frontières turque, iraquienne et de la ligne de démarcation sur l’Euphrate face à la coalition russo-alaouito-iranienne.

 

La formation de cette nouvelle unité, qui va pérenniser la présence kurde, de même que l’influence occidentale en Syrie, dérange fortement le régime de Damas, qui considère désormais la présence américaine comme "une force d’occupation de son pays". Elle contrarie Moscou, qui y voit un obstacle à l’extension de sa zone d’influence, et a enragé le Sultan, dont le porte-parole, Ibrahim Kalin, a indiqué que "Washington effectue des pas inquiétants visant à légitimer cette organisation [les YPG] et à la rendre durable dans la région". Le porte-parole a complété sa remarque en indiquant que "la Turquie allait poursuivre son combat contre toute organisation terroriste sans se préoccuper de son nom, de sa composition, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières".

 

Face aux écarts verbaux pour le moins inamicaux des ministres du leader turc, Washington se montre extrêmement réservé, n’ayant fait aucune déclaration relativement au projet d’Ankara d’envahir Afrin et de pulvériser les Peshmerga dans le reste du Rojava. Mais il n’a pas fait marche-arrière quant à l’établissement du corps des gardes-frontières et poursuit leur entraînement.

 

A l’inverse, Bashar al Assad est dans tous ses états. Il est fortement déstabilisé par l’incursion ottomane à Idlib, et surtout, par le blanc-seing qu’elle a reçu de la part de ses plus proches alliés russes et perses. Il s’aperçoit, lui qui a à faire face aux raids de plus en plus nombreux de l’Aviation israélienne en périphérie de sa capitale, que l’on ne met pas Poutine dans sa poche mais que c’est lui qui se trouve dans celle du Tsarévitch, et qu’il dépend toujours, pour son maintien, du bon vouloir de ses deux alliés. Et que ce soutien n’est pas définitivement acquis ni basé sur une hypothétique amitié qu’il leur inspirerait. Il s’aperçoit surtout, et cela ne doit pas lui plaire, qu’Erdogan et la Turquie importent infiniment plus aux yeux de Téhéran et Moscou que lui et la Syrie. Au point de trahir ses intérêts et de laisser molester sa souveraineté.

 

Pour Assad, l’annexion d’Afrin par Erdogan part d’une hypothèse inacceptable. Hier, il est allé jusqu’à menacer de lancer ses avions contre ceux du Sultan [en cas d’invasion d’Afrin], ce qui pourrait s’avérer distrayant au niveau des alliances. On pourrait s’amuser à observer qui tire sur qui, et imaginer la migraine que cela occasionnerait à Poutine, l’impassible joueur de poker.

 

Mais à dire vrai, nous ne sommes pas d’humeur à nous amuser. Un million de mes compatriotes se situent désormais sous la menace directe et exprimée d’un mégalomane expansionniste de la pire espèce. Contrairement aux Européens, nous n’oublions pas qu’il y a actuellement des dizaines de milliers de Turcs en prison, dont beaucoup sont soumis à la torture par le tyran. Et nous savons qu’un individu qui traite ses propres compatriotes de la sorte n’aura aucun état d’âme à traiter ses ennemis non-turcs d’une manière bien plus barbare encore.

 

Et nous constatons, une fois de plus, le mutisme des chefs d’Etat européens et le désintérêt complice de leurs journalistes face à l’hypothèse, si ce n’est d’un génocide – laissons ce terme galvauder par d’autres ! -, du moins de massacres ou d’un grand massacre. Où êtes-vous, Macron, Merkel, Antonio Guterres, Mogherini ? Mogherini… Muets et inactifs face à ces sombres perspectives. Sourds aux déclarations du dément et aveugles face à ses mouvements de troupes et ses bombardements.

 

Le PYD, le parti de l’Union Démocratique qui gère actuellement le canton d’Afrin, a lancé un appel mercredi. Restons sobres en épithètes et reproduisons-le tel quel, sans même mentionner les souvenirs qu’il ne va pas manquer de réveiller, d’autres cris d’alarme lancés à d’autres moments de l’histoire par des communautés aujourd’hui décimées :

 

"Nous en appelons au Conseil de Sécurité des Nations Unies afin qu’il prenne les mesures nécessaires à assurer la sécurité tant à l’ouest qu’à l’est de l’Euphrate dans le nord de la Syrie.

 

Nous en appelons également aux forces internationales, aux organisations de la société civile et aux organisations des droits de l’homme pour qu’elles remplissent leurs obligations envers un million de personnes à Afrin.

 

Nous demandons le soutien de tous les Kurdes en Europe ainsi que de toutes les forces démocratiques afin qu’ils fassent entendre la voix d’Afrin dans le monde, de sorte qu’Afrin ne soit pas seule".

 

Quelques manifestations de Kurdes se sont en effet déroulées à Berlin, Copenhague et Paris, réunissant quelques poignées de personnes, dans l’indifférence des populations locales et celle des media qui, dans leur écrasante majorité, ne consacrent même pas un entrefilet à la tragédie qui s’ourdit.

 

Si la Ména n’existait pas, vous non plus ne seriez pas informés. Jusqu’à la bataille de Kobané, je contribuais à un petit journal en langue kurde du sud-est de la Turquie. C’est la Ména et ses responsables qui m’ont appris le métier de journaliste dont j’ai découvert que je ne connaissais pratiquement rien. Ils m’ont appris la différence fondamentale existant entre l’information et l’activisme, qui se traduit par des règles très strictes. Celles qui consistent à faire connaître des faits et à laisser le soin à ceux qui en prennent connaissance d’effectuer leur propre synthèse. On n’écrit pas "J’accuse" tous les jours, et ceux qui s’y sont essayés se sont couverts de ridicule. N’est pas Zola qui veut pour franchir la frontière des genres.

 

Même s’ils se préparent à se défendre comme des hommes et des femmes libres, même s’ils retarderont à n’en pas douter l’échéance inexorable, les Kurdes de Syrie n’ont pas d’avions ni de chars et ils finiront par céder face à la seconde puissance militaire de l’OTAN. Je saisis certes l’importance stratégique de la Turquie pour l’Europe, l’Amérique et les pays dits civilisés. Mais où mènent les accolades de vos dirigeants avec un individu tel Erdogan ? Peut-on s’allier à lui ? L’épargner en omettant cyniquement de répéter les paroles qu’il profère ? Face à ces intérêts et à cette conviction discutable, quel est le prix de la vie d’un million d’amis ?

 

J’ai fait pour ma part ce qu’il fallait pour rester fiable, complet et crédible. Je n’ai pas remplacé la narration des faits par l’attendrissement humanitaire ni la victimisation. Il n’en demeure pas moins qu’un million d’absolus innocents subissent actuellement une menace mortelle imminente. Le reste est affaire de conscience.

 

 

 

Note :

1C’est objectivement inexact, la liaison entre les forces kurdes de l’Est et celles de l’Ouest n’a jamais été réalisée ; les deux entités sont toujours séparées par une vingtaine de kilomètres – voir la carte. Ndlr.

 

 
Enquête Mueller : le piège se referme (010801/18)  
Analyse
lundi, 08 janvier 2018

 

Par Amram Castellion

 

Depuis mai dernier, une équipe de juristes réunie par le procureur spécial américain Robert Mueller cherche à rassembler des éléments de preuve démontrant l'existence d'un complot entre la campagne Trump et le gouvernement russe pour faire gagner à Trump l'élection présidentielle du 8 novembre 2016.

 

Sept mois plus tard, cette équipe n'a rien trouvé. Il y a bien eu des mises en examen dans l'entourage du président, mais pour des faits sans le moindre rapport avec quelque collusion que ce soit : irrégularités fiscales, non-déclaration d'activités de lobbying datant de plusieurs années avant la campagne, fausses déclarations au FBI sur un entretien avec l'ambassadeur russe après l'élection, alors que plus aucune collusion pour gagner l'élection n'était possible (le FBI avait écouté l'entretien lui-même et a confirmé qu'il ne présentait aucune irrégularité).

 

En revanche, de nombreux faits apparus à l'occasion de l'enquête suscitent des interrogations majeures sur l'éthique et le respect de la loi par le parti Démocrate. Au cours des deux dernières semaines, les Démocrates semblent enfin avoir commencé à percevoir le danger et ont radicalement modifié leur présentation des événements. Reste à savoir si ce revirement de dernière minute saura convaincre l'électorat.

 

Les premiers doutes étaient apparus sur le sujet de la constitution de l'équipe Mueller. Sur les quinze juristes recrutés pour l'enquête, tous étaient des habitants de Washington ou New York et six avaient fait des dons à la campagne Clinton. Y a-t-il si peu de juristes aux Etats-Unis pour que Mueller n'ait pas pu trouver des spécialistes sans conflits d'intérêts politiques et vivant dans d'autres milieux que celui de la politique nationale ?

 

Deux des membres de l'équipe – Peter Strzok et Lisa Page – furent écartés en août, après que Mueller eut appris qu'ils avaient échangé plus de 10 000 SMS faisant l'éloge d'Hillary Clinton et dénigrant Trump de manière souvent grossière. Mais cela ne fut connu qu'en octobre. On apprit à cette occasion que Strzok avait été impliqué, un an plus tôt, dans l'enquête du FBI sur le serveur privé qu'Hillary Clinton avait installé chez elle, et par lequel elle avait transmis des documents "secret défense", en violation de la loi américaine. Strzok avait personnellement modifié la première version du rapport, qui parlait de "négligence grave" (une qualification pénale) pour lui substituer les mots "inattention extrême" qui n'ont pas les mêmes conséquences.

 

 

"Vous n’aurez qu’à répondre :

Cela dépend de votre définition de ce qu’est l’uranium !"

 

A cette occasion, les Américains se sont vu rappeler à quel point l'enquête du FBI sur Hillary Clinton avait fait foin de toute semblance d'objectivité et méprisé le principe d'égalité devant la justice. Le directeur du FBI, James Comey, avait rédigé le premier brouillon de sa décision de ne pas demander de poursuites contre la candidate le 12 mai 2016, avant que 17 témoins ne soient interrogés – y compris Hillary Clinton elle-même, qui ne le fut que le 2 juillet. Justin Cooper, le technicien qui avait installé le serveur privé dans la maison d'Hillary, effacé ses mails et détruit ses BlackBerry à coups de marteau pour empêcher qu'ils ne tombent dans les mains du FBI, n'a pas été inquiété. Des mails "secret défense" avaient circulé de l'ordinateur d'Hillary à celui de sa conseillère Huma Abedin, et de là à celui du mari d'Huma, Anthony Weiner, actuellement en prison pour pédophilie, sans que, là encore, personne ne soit inquiété.

 

Un autre membre de l'équipe Mueller, Andrew Weissman, avait écrit à Sally Yates, un procureur nommé par Obama qui avait refusé d'appliquer un décret du nouveau président, pour la féliciter. Une autre, Jeannie Rhee, était l'avocate de Ben Rhodes, le conseiller adjoint à la sécurité nationale d'Obama, et avait travaillé pour la Fondation Clinton. Un autre encore, Aaron Zebley, était l'avocat … de Justin Cooper, l'informaticien au marteau.

 

Ayant perdu beaucoup de sa crédibilité quand sa composition fut mieux connue, l'équipe Weiner a aussi souffert des révélations relatives à ce qui, selon tous les témoignages jusqu'à la semaine dernière, était la source des soupçons de collusion : le "dossier Steele", rédigé par un agent à la retraite des services de renseignement britanniques.

 

La presse avait refusé de publier le dossier Steele avant l'élection, faute de crédibilité. Mais cela n'avait pas empêché le parti Démocrate de faire lire le dossier au Président Obama comme un "document ultrasecret", malgré l'absence de contribution des services américains de renseignement – et malgré le fait que les mêmes Démocrates essayaient frénétiquement, dans le même temps, de le faire fuiter.

 

En octobre 2016, le dossier Steele avait conduit l'administration Obama à obtenir l'autorisation d'un juge pour écouter les conversations de Carter Page, un ancien membre de la campagne Trump cité dans le dossier pour avoir, entre autres, offert de lever les sanctions américaines contre la Russie en échange du produit de la vente de 19% d'une société pétrolière et reçu l'assurance que les Russes avaient un dossier compromettant contre Hillary Clinton. Le résultat des écoutes réalisées sur Carter Page n'a montré aucune irrégularité.

 

Après la publication du dossier en janvier dernier, il a servi d'argument principal à l'appui de la conviction que l'on finirait bien par trouver de la collusion entre la campagne Trump et le gouvernement Poutine. Depuis lors, cependant, il a perdu beaucoup de son autorité.

 

Cela ne vient pas seulement du fait que le dossier ne présente aucune preuve à l'appui de ses accusations – pas d'enregistrement, pas de photo, pas de nom de témoins, pas de date et d'heure de réunion. Cela ne vient pas non plus du caractère farfelu de beaucoup d'entre elles (Trump se voyant offrir, à une époque où personne n'envisageait qu'il serait président, un lit où le couple Obama avait dormi pour y faire venir des prostituées ?).

 

Le principal coup à la crédibilité du dossier a été la révélation par la presse américaine (preuves à l'appui, cette fois) que le dossier avait été suscité et financé par la campagne Clinton et le parti Démocrate. Une partie de l'argent Démocrate a été utilisé pour rémunérer des sources russes, payées pour dire ce que les Démocrates avaient envie d'entendre ; ce qui, pour le coup, correspond strictement à la définition d'une "collusion russe".

 

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Champigny n’est pas le problème. L’Alsace brûle aussi (vidéos)(info # 010501/18)  
Analyse
vendredi, 05 janvier 2018

 

 

Champigny n’est pas le problème. L’Alsace brûle aussi (vidéos)(info # 010501/18) [Analyse]

Par Patricia La Mosca

 

Le temps n’est plus aux superlatifs ni à l’étonnement en ce qui concerne la situation qui prévaut dans les banlieues critiques. Les chiffres officieux mais fiables font état de 14 à 17 pour cent des Français qui vivraient dans des territoires échappant aux lois et à l’ordre républicains, ce qui concerne tout de même plus de dix millions de nos compatriotes et d’étrangers vivant sur notre sol.

 

Les facteurs les plus préoccupants, faisant que les choses n’iront qu’en s’aggravant, sont au nombre de six :

 

1. Les responsables politiques sont soit complètement largués par la réalité du terrain, soit, étant incapables d’apporter des solutions, ils jouent aux naïfs, soit encore, on assiste à un mélange des deux genres.

 

2. Les forces de l’ordre sont en sous-effectifs chroniques, elles ne sont pas soutenues ni financées comme il se doit par le gouvernement, et, conséquemment, leur qualité, leur niveau de préparation et leur motivation sont en baisse constante. Ces considérants font en sorte qu’elles se bornent à des activités défensives destinées à contenir le phénomène et non à l’éradiquer.

 

3. Les media ne rendent pas compte de ce qui se déroule dans ces territoires, sauf lors d’incidents qu’il est impossible de passer complètement sous silence, comme le double lynchage de Champigny-sur-Marne. Ce faisant, en adoptant cette attitude coordonnée de filtrage de l’information, l’aspect le plus grave de la situation, c’est-à-dire la permanence des phénomènes illicites, est inconnu du public et ne revêt ainsi – très artificiellement – pas le caractère d’urgence absolue qui est le sien.

 

4. L’appareil judiciaire est totalement inadapté à la gravité et à la généralisation des délits.

 

5. Les gangs islamo-mafieux qui contrôlent les zones de non-droit sont de mieux en mieux organisés, armés, renseignés et de plus en plus efficaces. Leur motivation pseudo-idéologique est en hausse et elle s’accompagne du rejet absolu de l’Etat français et de tout ce qu’il représente.

 

6. La situation économique de ces territoires n’offre pas d’alternative de rémunération satisfaisante aux populations qui y vivent en dehors des "perspectives de vie" que propose l’économie parallèle caractérisée par la délinquance. A savoir, et dans l’ordre du volume des revenus, le trafic de drogue, celui des armes, et l’entretien de réseaux de prostitution.

 

 

Le ministère de l’Intérieur satisfait

 

Pour illustrer la première de ces six considérations, il suffit de consulter le bilan tiré par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, affirmant dans un communiqué : "Grâce à la très forte présence policière, combinée à l’efficacité des mesures de protection mises en œuvre sur le fondement de la loi du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme (SILT), les fêtes de la Saint-Sylvestre ont pu se passer de manière sereine pour l’ensemble des Français".

 

Cette constatation est délirante, lorsque l’on sait que – sans parler des évènements de Champigny – des quartiers entiers, notamment à Aulnay, à Strasbourg et dans toute l’Alsace, ont été le théâtre de scènes de guerre civile. Témoin le nombre officiel de véhicules incendiés, 1031, en hausse par rapport à 2017, 935. Celui des interpellations, 510, contre 456, et celui des gardes à vue, 349, contre 301 en 2017. Si le Président Macron entend réellement pénaliser la diffusion de fausses nouvelles, son ministre de l’Intérieur devrait être l’un des premiers à en faire les frais.

 

Sans prendre en compte le fait que plusieurs témoins avertis sont convaincus que le chiffre des véhicules incendiés déclaré par le ministère ne reflète qu’une partie de la réalité, je fais l’observation suivante : on parle ici d’un millier de familles qui, en une seule nuit, ont été privées de leur moyen de locomotion principal, celui qui leur sert le plus souvent à se rendre sur le lieu de leur activité professionnelle ou à rechercher un emploi. De plus, au regard de la situation économique le plus souvent précaire des gens demeurant dans les quartiers les plus touchés, les procédures de dédommagement s’annoncent lentes, compliquées et, dans un quart des cas au moins, vouées à l’échec.

 

 

Le refus de la réalité

 

Les chaînes d’info TV, les stations radiophoniques et les journaux ont proposé des débats de "spécialistes". Ces discussions ne portaient que sur le lynchage de Champigny. Les participants s’y attardaient sur les éléments circonstanciels ayant conduit au déchaînement contre les policiers. Ils ont délibérément refusé d’envisager la situation globale des territoires abandonnés de la République, à croire que le cas de Champigny était quasi-isolé, non-représentatif d’un phénomène national, et dû à des groupuscules ultra-minoritaires. Une définition que l’on a pu entendre dans chaque débat et qui est démentie par les vidéos disponibles montrant un véritable déferlement de la foule en direction des gardiens de la paix.

 

Le gouvernement a promis d’arrêter les coupables et de leur infliger des sanctions exemplaires. Mais même s’il y parvient, ce qui est tout sauf certain, cela n’aura strictement aucune influence sur l’état du pays. Car c’est d’un monde parallèle qu’il s’agit, fort de millions de participants, d’une idéologie qui le nourrit, d’une économie qui le finance, de règles, de hiérarchies et de "milices" lourdement armées.

 

Le fait de symptomatiser un incident comme celui de Champigny, en poussant l’analyse comme si cela procédait d’une importance primordiale, et surtout, de choisir des intervenants qui étalaient leur absence de fréquentation de ce "monde" parallèle, avait pour fonction d’entraîner le public sur une fausse piste.  

 

On isole un évènement. On le condamne abondamment et de façon unanime. On l’analyse pour montrer qu’on s’en occupe. On évoque les mesures promises par les autorités et leurs déclarations de fermeté. Et l’on referme la discussion, laissant croire au spectateur que l’incident est pris en charge, que les enseignements sont tirés et qu’un incident du même type ne se reproduira plus. Ce, alors que des évènements similaires se déroulent au même moment, et les jours suivants, dans des dizaines de lieux du territoire national.

 

On est manifestement en présence de tentatives répétées d’escroquerie intellectuelle et de manipulation de l’opinion publique. Une dynamique à laquelle se prêtent les media issus d’un paysage informationnel ayant perdu toute indépendance et diffusant sur tous les sujets un message unique et convenu.

 

Dans l’éventualité où des arrestations seront réalisées, suivies de procédures judiciaires aboutissant à la condamnation de certains agresseurs, les media diffuseront furtivement qu’un certain nombre de "jeunes" auront été condamnés – dont on ne connaîtra jamais le nom parce qu’ils sont, dans 90% des cas, à consonance arabe et qu’une règle étrange protège en France les criminels de ces quartiers d’être identifiés.

 

On prive ainsi le processus judiciaire d’une partie de son effet dissuasif (qu’il conserve dans tous les autres cas) – l’opprobre public atteignant le coupable et sa famille – et on retarde l’identification du problème dans sa dimension réelle et, partant, la possibilité de le combattre et de le solutionner.  

 

 

L’agression vise tous les symboles de l’Etat, l’Alsace brûle

 

Un policier porte un uniforme, sur lequel figurent les couleurs du drapeau français. Il est ainsi la manifestation de l’autorité de l’Etat partout où il se trouve. De ce fait, s’attaquer à un policier équivaut à s’attaquer à l’Etat, c’est simple et c’est vrai.

 

Or, dans tous les territoires perdus de la République, en permanence et pas seulement à Champigny-sur-Marne à la Saint-Sylvestre, les policiers sont systématiquement pris pour cibles, souvent avec l’intention de les tuer.

 

Ce fut par exemple le cas dans le quartier de la Grande-Borne à Viry-Châtillon, en Essonne, le 8 octobre 2016, lorsque deux véhicules de police tombèrent dans un guet-apens tendu par un groupe d'individus cagoulés et munis de 13 cocktails Molotov. Deux membres des forces de l'ordre en ressortaient gravement brûlés, deux autres plus modérément.

 

 

Des gardiens de la loi en train de brûler

 

Les agresseurs appartiennent au gang "S", pour "Serpente", le nom de la rue où ils se sont établis. 17 d’entre eux ont été mises en examen du chef de "tentatives de meurtres sur personnes dépositaires de l'autorité publique commises en bande organisée". Aucun n’a avoué sa responsabilité. Quelques 2 000 habitants du "village" de la Grande Borne, que l’on surnomme ici  "GB", ont été interrogés. Aucun n’a parlé, de crainte de passer pour une "poucave", un mouchard, ce qui équivaut dans les "quartiers" à une condamnation à mort. L’un des agresseurs, "Roro", a été violemment battu par ses complices du gang pour s’être vanté de ses "faits de guerre" auprès d’une fille. L’un des policiers a subi plusieurs greffes du visage, tous sont marqués à vie par l’assaut dont ils ont été victimes. Cela, c’est une vraie image de la situation qui prévaut là où vivent 15 pour cent de mes compatriotes.

 

Les gangs islamo-mafieux disposent d’un armement de plus en plus sophistiqué, souvent plus performant que celui mis à la disposition des forces de l’ordre. Outre les armes de guerre, allant de la Kalachnikov au lance-roquette, les gangs diversifient leur matériel de combat ; ainsi, depuis déjà quelque temps, ils recourent systématiquement aux fusées pyrotechniques, exactement comme en Cisjordanie. Ils s’en servent non seulement pour incendier des voitures, mais également en tir tendu contre les policiers et contre les pompiers et les secouristes, comme sur ces vidéos-preuves filmées à Strasbourg durant la dernière Saints-Sylvestre, qui s’est déroulée "de manière sereine pour l’ensemble des Français", sans qu’aucun media national français n’en parle. Les émeutes ont toutefois touché les quartiers de Neuhof, de Hautepierre, de la Meinau, de Koenigshoffen, de l’Ill, des Poteries, de Guirbaden, de l’Esplanade, des Hirondelles, du Seince, de l’Elsau, de Kronenbourg, de la Liebermann, du Wihrel, de la Montagne verte, des XV, des Pins, d’Henry Meck et du centre de Strasbourg ! Ainsi que les villes de Schiltigheim, Bischheim, Illkirch-graff, Haguenau, Sélestat, Molsheim, Hœnheim, Lingolsheim et Eckbolsheim.   

 

Les vidéos :

https://www.facebook.com/fares.hamzaoui.92/videos/992075730945336/                                  https://www.youtube.com/watch?v=7UndplQviHs (Ecoutez et lisez les commentaires !)

 

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Les vœux des rédacteurs de la Ména pour 2018 (010101/18)  
Exclusivité
dimanche, 31 décembre 2017

 

 

© Metula News Agency

 

Stéphane Juffa à Métula, rédacteur en chef et analyste stratégique

 

Les analystes stratégiques distinguent trois formes de menaces extérieures pesant sur l’Etat d’Israël. Celle du premier type, existentielle, émanant d’armées régulières d’Etats hostiles, alignant en permanence des millions de soldats, des milliers de chars, des centaines d’avions et/ou des armes éprouvées de destruction massive. Cette menace s’est estompée à la suite de l’accord de paix avec l’Egypte, de la guerre civile larvée dans ce pays et des relations de coopération qui se sont instaurées depuis entre le Caire et Jérusalem. Elle a totalement disparu à la suite de la Guerre Civile en Syrie, qui a vu son armée se réduire de deux millions d’hommes à environ cent-vingt mille aujourd’hui.

 

La menace du second type peut être qualifiée de "gênante", c’est celle qui a supplanté celle du premier type et qui existe à Gaza, matérialisée par le Hamas, et au Liban, par le Hezbollah. Elle est asymétrique, opposant des milices dotées de roquettes et d’armes individuelles à l’une des armées les plus sophistiquées du moment. Elle peut causer des pertes humaines dans l’Etat hébreu allant de quelques dizaines de civils et de militaires à quelques milliers. Mais elle ne met pas en danger la survivance d’Israël non plus que ses infrastructures, et a ceci de particulier, qu’elle peut être annihilée à n’importe quel moment sur décision du pouvoir politique.

 

La menace du troisième type est celle représentée par l’Iran, une dictature théocratique de quatre-vingt millions d’habitants. L’Iran dispose d’une force armée importante en effectifs, de l’ordre du million d’hommes, mais il n’a ni aviation digne de ce nom, ni force blindée, ni marine crédible. Il concentre son potentiel de nuisance dans le développement de ses missiles balistiques et d’armes de destruction massive, y compris l’arme atomique. En attendant de maîtriser ces moyens, Téhéran multiplie les menaces "gênantes" du deuxième type aux portes d’Israël, dans le Golan, au Liban, et, dans une moindre mesure, à Gaza.

 

C’est de cette menace iranienne que nous aurons à parler le plus souvent en 2018. Si le Président Trump avait autorisé son armée et les forces kurdes à s’emparer d’une portion de l’Autoroute chiite en Syrie, la menace iranienne serait marginale, tant pour l’Etat hébreu que pour les autres pays arabes de la région. Sachant que les Kurdes n’étaient qu’à un kilomètre du but lorsque la Maison Blanche les a arrêtés sans raison apparente, on se rend compte de l’impact extraordinaire de cette étrange décision et du danger durable qu’elle représente.

 

 

 

En Israël, les manifestations contre la corruption vont aller s’intensifiant. On ne peut pas accepter que des Israéliens se nourrissent du contenu des poubelles de Tel-Aviv tandis que leurs dirigeants piochent dans les caisses publiques. Tant que M. Netanyahu ne sera pas inculpé, le mécontentement populaire restera contrôlable ; mais si le procureur décide de traduire le Premier ministre en justice et que ce dernier ne démissionne pas, nous irons au-devant de troubles majeurs. Sans prétendre pouvoir déterminer l’innocence ou non de M. Netanyahu, je n’apprécie pas qu’il accuse en bloc la justice, la Police et la presse du pays d’être à la source de ses ennuis judiciaires. Celui qui touche à nos juges et à nos libertés fondamentales s’attaque directement aux Israéliens, indépendamment de leurs convictions politiques. Les Israélites, des siècles durant, ont rêvé de posséder enfin leurs propres instances souveraines, même dans les trains qui les emmenaient vers l’enfer. Maintenant que nous les avons constituées et qu’elles sont un modèle du genre, nous ne laisserons ni ce Premier ministre ni un autre, ni aucun président les critiquer pour échapper au sort qu’ils méritent.

 

En Europe, les gouvernements se montrent incapables d’empêcher les attentats collectifs islamiques, ni de contester aux gangs islamo-mafieux les territoires dans lesquels ils se sont installés en périphérie des grands centres urbains. Les théories selon lesquelles il existerait un plan musulman pour s’emparer des démocraties occidentales n’ont pas lieu d’être. Les gangs en question ne sont pas organisés pour renverser la démocratie mais pour dénier l’application de ses lois et de son ordre dans les zones où ils sont établis.

 

Ils ont toutefois un effet politique dissuasif sur les gouvernants, en cela que ces derniers craignent sans cesse un soulèvement généralisé des "banlieues". Ils croient pouvoir l’empêcher en limitant le soutien public qu’ils apportent à leurs forces de maintien de l’ordre, et en s’abstenant de prendre des décisions, à l’international, qui pourraient froisser la sensibilité des musulmans.

 

En France, les media, dans le même souci que leur gouvernement, ne relatent plus les émeutes qui secouent régulièrement les territoires perdus de la République, comme ce fut par exemple le cas au début de ce mois de décembre à Asnières-sur-Seine   [https://www.youtube.com/watch?v=sLsCoM45tms].

 

Cette situation influence de plein fouet la situation des citoyens juifs ainsi que l’attitude de la presse à l’égard du différend israélo-palestinien. Suivant l’impulsion de l’agence de presse semi-publique AFP, la relation des évènements du Proche-Orient est de plus en plus biaisée.  Des règles journalistiques ségrégationnistes à l’encontre d’Israël sont unanimement adoptées et des transgressions linguistiques systématiquement employées pour stigmatiser l’Etat hébreu et favoriser ses adversaires.

 

On note, dans le même élan, une inquiétante banalisation de l’expression antisémite, florissant à tous les niveaux de la société. Elle est accompagnée par la résurgence en force de l’extrême droite, en réaction à de grandes vagues d’immigration incontrôlées et porteuses de violence. C’est le cas notamment en Suède, Autriche, Allemagne, Hongrie, Pologne et en France.

 

Ces perspectives globalement peu encourageantes ne m’empêcheront pas de souhaiter à tous les lecteurs de la Ména ainsi qu’à ses collaborateurs une nouvelle année de santé, de qualité et d’amour.

 

 

Michaël Béhé à Beyrouth (analyste politique, chef du bureau libanais de la Ména)

 

Le Liban va mal. Certes, c’est une constante. Mais avec le retour des miliciens chiites du Hezbollah au bercail, au fur et à mesure que la Guerre Civile syrienne se tasse, l’emprise iranienne sur le pays aux cèdres se fait toujours plus lourde et asphyxiante.

 

Nous sommes, en pratique, un Etat occupé par l’Iran, par Hezbollah interposé. Ce dernier phagocyte notre armée, l’utilise contre la résistance sunnite en Syrie et l’instrumentalise face à Israël dans le Sud, dans des uniformes de l’Armée, sous le nez des casques bleus.

 

De plus, les Hezbollani se battent sur le Golan contre la résistance syrienne, aux côtés des Pasdaran iraniens, à 15 kilomètres de la frontière de l’Etat hébreu. Au moindre faux pas, ou si Israël décide que la mascarade a trop duré, la guerre éclatera : tout le monde est conscient ici que ce n’est qu’une affaire de temps.

 

Les entrepôts chiites regorgent d’armes et de munitions, même en plein centre de Beyrouth et dans des caves. Les sunnites, les chrétiens et les Druzes redoutent le moment où le pays sera entraîné dans un conflit qu’il ne peut pas gagner et qui ne concerne pas 75 pour cent de ses habitants.

 

On sait aussi que la riposte de Tsahal sera terrible, qu’elle fera des milliers de morts et qu’elle nous renverra au temps des arcs et des flèches. La grande question étant de savoir ce que décideront le Général Aoun et les chefs des communautés non-chiites du Liban. S’ils ne se joignent pas à la guerre contre le Hezbollah, s’ils trichent, nous aurons, en plus des Israéliens, la quasi-totalité du monde arabe contre nous.

 

C’est ce qui pousse un grand nombre de patriotes libanais à renseigner les Israéliens sur les activités des chiites et de leurs parrains iraniens. Certains sont pris, mais cela ne décourage pas les autres. On en trouve partout, à tous les échelons de la classe politique, des militaires et du renseignement.

 

 

 

Les non-chiites tentent d’obtenir des garanties de neutralité de la part du Hezb pour sauver le Liban ; nous appelons cela pudiquement la « distanciation ». Mais les chances de parvenir à un compromis sont chimériques, la milice de Nasrallah existant pour servir les intérêts de Téhéran et pas ceux du Liban.

 

Espérons que le désastre ne se produira pas en 2018 et qu’à force de le repousser, il finisse par disparaître. En vous rappelant l’importance énorme de la Ména et la nécessité presque stratégique pour les hommes libres de bonne volonté qu’elle continue de croître, je vous souhaite à toutes et à tous une bonne nouvelle année.

 

 

Sylvie Tobelem en Israël (1ère assistante de rédaction)

 

En 2017, avec l’aide précieuse d’une assistante et d’autres tâches à remplir, nous avons fait de notre mieux pour donner satisfaction aux abonnés de la Ména. Je saisis l’occasion pour présenter mes excuses pour les retards que certains ont connus et pour les rares cas encore en traitement. Mais aussi pour vous encourager à payer régulièrement le prix de vos abonnements, pour ne pas hésiter à contracter des abonnements Amis de la Ména et à acheter des actions de notre agence, car ils sont les seuls garants de notre indépendance absolue. Celle qui nous permet d’être ce que nous sommes dans le paysage médiatique et d’ignorer les affres du politiquement correct.

 

J’ai l’impression que cette année, nous avons encore progressé, tant par la qualité de nos analyses que par nos reportages exclusifs en provenance des divers champs de bataille. J’en profite pour remercier nos cartographes, que l’on réveille à n’importe quelle heure de la nuit et qui fournissent un boulot d’une précision qui estourbit nos confrères.

 

Avec l’impression de faire quelque chose d’utile, et la certitude que notre relation de confiance a un sens, je vous envoie à tous mes vœux sincères de bonheur pour 2018.

 

 

Perwer Emmal (correspondant aux Kurdistans syrien et turc)

 

Les fusils sont sur le point de se taire en Syrie. La quasi-totalité des terres situées au nord de l’Euphrate se trouve entre les mains des Kurdes. Les Américains sont sur le point d’effectuer une importante réduction de leurs forces dans la région.

 

C’est le moment où chacun fait le bilan de la bataille pour son compte. Nous, les Kurdes, nous rappelons qu’il y a à peine plus de trois ans, l’Etat islamique occupait 60 pour cent de Kobané et toutes les provinces qui l’entourent. Nous nous battions le dos au mur, sur la frontière avec la Turquie, qui aidait nos agresseurs autant qu’elle le pouvait.

 

Notre situation stratégique est incomparablement préférable aujourd’hui. Le Rojava a presque quintuplé de volume. Notre petite armée, les Unités de Protection du Peuple (YPG), est passée de 15 à 50 000 combattantes et combattants, bien mieux équipés et entraînés.

 

Nous avons réalisé ces transformations tout en conservant nos principes démocratiques et sans sombrer dans la barbarie au combat.

 

Et pourtant, le gouvernement U.S. nous a informés qu’il cessait de nous livrer les armes et les munitions nécessaires à notre défense, nous laissant seuls face à l’Armée d’al Assad, à ses protecteurs russes, à ses alliés de l’Armée régulière iranienne et à leurs milices chiites iraquiennes. Et surtout, vulnérables face aux avions du dictateur Erdogan qui, non content d’occuper une partie du Rojava, menace chaque semaine de nous exterminer.

 

Heureusement, à ce propos, que la Ména existe et qu’elle est beaucoup lue, car sans elle, l’information ne dépasserait pas le Bosphore. Les Américains et les Européens refusent de réagir aux menaces de celui qui se prend pour le sultan d’un nouvel empire ottoman et préfèrent ne pas en parler. Si l’information circulait, les dirigeants du monde libre et de l’OTAN ne pourraient justifier aux yeux de leur opinion publique le maintien d’une alliance avec une brute épaisse de ce calibre.

 

 

 

En Turquie, nos frères kurdes sont persécutés à coups de bombardement aériens. En Iran, ceux qui revendiquent notre identité se retrouvent pendus au filin des grues. Suite à un autre lâchage de nos alliés américains et européens, les Kurdes irakiens, qui avaient déclaré leur indépendance, se retrouvent dans une situation militaire des plus délicates. Quant à nous, minorité devenue partie incontournable des négociations sur l’avenir de la défunte Syrie, nos perspectives, pour être franc, sont encore mal définies.

 

Je tiens à remercier les lecteurs de la Ména et mes confrères, pour m’avoir sans cesse soutenu et m’avoir donné la possibilité de faire entendre la voix étouffée de mon peuple. Que vive l’amitié profonde qui unit les Kurdes et les Juifs, elle est l’une des clés des espoirs du Moyen-Orient ! Que la paix arrive, qu’elle panse les blessures de la guerre et qu’elle amène la sérénité aux familles des morts.

 

 

Olivier Katz à Jérusalem (rédacteur-relecteur)

 

Nous vivons une époque formidable. Formidable certes, mais au sens originel du terme, c’est à dire redoutable. L’année qui s’achève a cassé tous les codes que le monde avait mis en place depuis des millénaires :

 

- L’énergie d’origine fossile vit ses derniers moments, tout comme la voiture à essence et chauffeur, qui va rapidement disparaître du paysage, permettant d’envisager à court terme une énergie gratuite et un mode de transport écologiquement responsable et urbainement acceptable.

 

- L’avènement des cryptomonnaies, et leur parcours pour le moins erratique, ouvrent une ère nouvelle dans les échanges interhumains.

 

- Mais la technologie disruptive majeure, qui est déjà en train de révolutionner le monde est l’Intelligence Artificielle. Le monde est arrivé à la phase finale de l’affrontement Homme-machine, et depuis que le champion du monde de Go s’est fait battre par Alpha-Go de Google Deep Mind, la machine a gagné tous ses combats avec l’humain sur le plan de la connaissance pure. Il lui reste à acquérir la conscience, ce qui prendra très peu de temps1.

 

Cette intelligence artificielle va faire disparaître des centaines de milliers d’emploi, dont le renouveau de type schumpétérien n’est absolument pas assuré.

 

Elle est également à l’origine des progrès fulgurants de la recherche militaire, et permettra aux pays les plus en phase avec cette nouvelle donne de prendre une avance irrattrapable sur le reste du monde. Cela va nécessiter des sacrifices éthiques majeurs (transmission de data exhaustives, soumission de l’homme à la puissance des machines, acceptation de l’hégémonie des GAFA – Google et consorts –, augmentation du QI de la génération suivante par tous les moyens déontologiques ou non). Cela permettra aux plus forts de survivre en s’appuyant sur cette Intelligence Artificielle, et obligera les moins préparés à subir le joug de la machine, dans un statut de « dhimmi humain ».

 

Pour tous ceux qui vous disent : « jamais je ne pourrai accepter ce pacte avec le diable » … demandez-vous plutôt si cette attitude ne vous condamne pas inexorablement à faire partie de la catégorie « exploités ».

 

Alors, est-ce que c’est bon pour Israël ?

 

Ce petit pays au faîte de toutes les technologies récentes, grâce aux milliers de start-ups locales, a déjà intégré dans ses programmes toutes ces informations et prépare très activement la guerre sans humains sur le terrain, l’éducation individualisée, l’homme bionique, et la vie éternelle.

 

Bonne année 2018 à tous !

 

 

Note:

Pour tous ceux qui ne maîtrisent pas le concept, il est urgent de se plonger dans le livre de Laurent Alexandre « La Guerre des intelligences », Editions JC Lattès.

 

 

Ilan Tsadik en Israël (journaliste, reporter, journaliste sportif)

 

Pour mes prévisions de 2018, j’ai décidé de sortir ma boule de cristal, réalisation de la high-tech israélienne de la fin des années 40. Je vois ma voisine d’en face en train de préparer le petit déjeuner complètement nue… Tksss… naaan, j’ai oublié d’allumer la boule, ça c’est par la fenêtre… Je vois l’équipe nationale d’Israël de foot rompre une série de 167 défaites consécutives en battant l’équipe réserve féminine de Suède, évoluant en monokini, sur le score de 1 à 0. Je ne vois pas Sara Netanyahu, ni Federica Mogherini. Je vois Serena Williams changer de discipline, passer au ski alpin et battre les blancs en neige. Je vois une professeur de quarante balais à Amiens jouer avec le khamamé d’un petit élève de 15 ans. Je vois l’équipe d’Israël de foot battre le Brésil 8-0 en finale de la Coupe du Monde… et je constate qu’il est temps de changer les piles !

 

 

 

Je vois une grosse Gazaouie en train de lancer un obus de mortier sur mon jardin. Je vois Ameerah Al-Taweel, la belle princesse rebelle d’Arabie Saoudite, accéder au trône à Riyad. Je vois le clitoris des femmes égyptiennes en train de repousser. Je vois Madame Erdogan assistant aux funérailles de son mari. Je vois la sœur de Melania Trump devenir ambassadrice des Etats-Unis à Jérusalem. Je vois des milliers de Françaises croquantes sur la plage de Tel-Aviv. Je vois Ayelet Shaked, la ministre de la Justice, en maillot de bain à la tribune de la Knesset, s’exprimant en pantomime. Je vois Juffa en train de contempler ses posters de Monica Vitti et de Marie Laforêt, se demandant laquelle des deux sera Miss Univers en 2018. Je vois les Pasdaranettes iraniennes en tenue minimaliste attaquer Tsahal sur le Golan à coups de tomates. Je vois les Peshmerguettes kurdes et les soldates de l’Armée de Défense d’Israël s’éclater ensemble sur une piste de danse. Je vois Brigitte Bardot, chaque matin devant son miroir, se demandant : "Tout ça pour ça ?". Je revois Mireille Darc dans sa jupe fendue du Grand blond, et Romy Schneider, attachée dans son plus simple appareil aux rails du train dans l’ "Enfer" [https://youtu.be/PrpxcBniV1I].

 

Et j’entends Germaine – tiens, ils ont ajouté le son à la boule de cristal ! -, qui me crie : Ilan, lève-toi, tu vas à nouveau être en retard pour aller chercher Ethan au jardin d’enfants !

 

 

Roger Bismuth à Tunis

 

En vérité, je suis terriblement déçu et dubitatif concernant la totalité du monde qui nous entoure. Comme bien des observateurs, j’ai l’impression que tout se délite, tant au niveau des preneurs de décisions que des media qui les commentent et des intellectuels qui sont censés nous indiquer la direction à suivre. Chaque matin, en prenant connaissance des nouvelles de la Planète, j’ai le sentiment que la médiocrité, telle une énorme marée noire, avance et qu’elle engloutit tout sur son passage. Je doute de tout, je ne parviens pas à distinguer la conscience des dirigeants.

 

Dans ce marasme, il existe un rai de lumière : la Ména. Je trouve la totalité de ses contributeurs extraordinaires et inspirés. Plusieurs fois par semaine, ils sont mon refuge de bon sens, mon éclaircie et mon repos. Avec leur énergie et les risques qu’ils prennent, ils démontrent qu’ils n’ont pas perdu l’espoir et que la réalité mérite d’être relatée avec précision et analysée avec exactitude.

 

En cette fin 2017, je veux simplement les remercier ; remercier tous ceux qui collaborent à notre media, des grands analystes et jusqu’aux petites mains de la technique et de l’administration qui fournissent un boulot formidable. Et je formule le vœu qu’avec tous ceux qui peuvent y contribuer, nous les aidions à réaliser leurs projets, en particulier, leur chaîne de télévision, qui changerait le paysage audiovisuel et procurerait au plus grand nombre – de moins en moins de personnes lisent – un accès à l’information véritable et honnête.

 

Etant en contact quotidien avec leur rédacteur en chef Stéphane Juffa, je sais qu’ils y travaillent, mais ils ne peuvent pas tout faire seuls. Pour une si petite équipe, moins de trente personnes, ils en font déjà tant ! TV Ména, ce serait surtout un immense cadeau pour nous ; une question de confort intellectuel, et, bien plus encore, un ajout inestimable, dans un monde qui prend des allures de jungle ultra-violente, pour notre sécurité. Santé, responsabilité, paix et sécurité, sont les vœux que j’adresse à toute la famille de la Ména pour 2018. Pour ceux qui la fabriquent et pour ceux qui l’apprécient et qui la méritent.

 

 

Guy Millière à Las Vegas (analyste politique, expert en économie)

 

L’année 2018 s’annonce pleine d’espoir pour Israël. Il y aura bientôt un an, un nouveau président des Etats-Unis, très différent du précédent, prenait ses fonctions. Il est le meilleur ami d’Israël et du peuple juif qu’il y ait eu à la Maison Blanche.

 

Il a œuvré sans relâche au rapprochement entre les pays arabes sunnites et Israël aux fins d’endiguer l’Iran.

 

L’année 2018 verra sans doute ce rapprochement se renforcer, et la “question palestinienne” se trouver encore davantage marginalisée. Il restera à l’administration Trump la tâche de circonscrire plus nettement la Corée du Nord et l’Iran. Mon souhait est que cela se fasse sans guerre. J’aimerais souhaiter que la France et l’Union Européenne prennent des positions moins résolument anti-israéliennes, mais je ne peux souhaiter l’impossible.

 

 

Jean Tsadik à Métula (analyste stratégique, expert militaire)

 

La situation globale dans la région continue d’être très fluide. La clé de l’Autoroute chiite est dans les mains de Vladimir Poutine qui la vendra au plus offrant. Il n’a pas d’amis, que des partenaires et des ennemis potentiels ; il vient de vendre pour trois milliards de dollars des systèmes antiaériens S-400 à la Turquie, seconde plus grande armée de… l’OTAN. Lorsque quelqu’un a quelque chose à "acheter", y compris les Saoudiens et les Israéliens, c’est au Tzarévitch qu’ils s’adressent, pas à Donald Trump.

 

Je reste plus que jamais persuadé que si nous sommes arrivés à ce rapport de forces, c’est parce que Poutine détient des informations qui pourraient faire vaciller la présidence de Trump. Le président américain ne fait, pour aider Israël, que des choses qui ne dérangent pas les Russes ; comme annoncer le transfert de son ambassade à Jérusalem ou mettre l’Autorité Palestinienne devant l’évidence de son impuissance.

 

Pendant ce temps, les Perses et leurs supplétifs du Hezbollah se rapprochent dangereusement de notre frontière dans le Golan, et cela interpelle au plus haut point les responsables sécuritaires hébreux. Notre pire ennemi, celui qui annonce notre oblitération prochaine, ne se trouve plus qu’à un jet de pierre de nos populations. C’est ce qui dominera notre agenda en 2018.

 

Dans un proche avenir, je ne parle pas de guerre mais d’adversaires qui avancent leurs pions sur l’échiquier stratégique. Avec, plus clairement que jamais, le bloc chiite contre le bloc sunnite, auquel nous sommes désormais associés. La faiblesse avec laquelle les Etats arabes ont réagi au transfert de l’ambassade U.S. à Jérusalem en a fourni une preuve supplémentaire.

 

Je vous souhaite de connaître la santé et la paix l’année prochaine. Quant à nous, nous promettons de garder nos doigts sur le clavier et de continuer à vous informer de tous les évènements significatifs de la région, d’Europe et d’Amérique et même au-delà.

 

 

Claude Berger à Paris (essayiste, romancier, poète et musicien)

 

Aux amis lecteurs de la Ména : En cette veille de nouvelle année, qu'il me soit permis de vous adresser mes vœux et mes souhaits de rapprochement face aux défis qui nous attendent.

 

De plus en plus, le refus du fait juif dans les terres de culture islamique converge avec le refus du fait juif en Occident. Ce dernier se manifeste notamment par le silence des autorités et de la presse face aux actes violents de l'antisémitisme, mais aussi sous la forme du déni de l'identité juive-israélienne lors des votes émis dans les instances internationales.

 

73 ans après la Shoah, ce refus résurgent de notre identité doit nous inciter à réaffirmer la portée universelle de la pensée de Jérusalem, que ce soit face aux nouvelles formes du négationnisme ou face à cet antisémitisme du silence.

 

Ce fut au XIXème siècle, l'attitude de Moses Hess qui, après l'affaire de Damas, écrivit "Rome et Jérusalem", première manifestation du sionisme politique fondé sur les valeurs du judaïsme. Le refus de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par de nombreux pays européens au passé compromis, doit nous stimuler à mener ce combat.

 

 

Fayçal H. à Amman (informateur-relais)

 

L’alliance stratégique entre le monde arabe et Israël est devenue semi-officielle. La défense de l’Arabie Saoudite et la protection du Royaume hachémite et des pays du Golfe dépendent largement des ressources de l’Etat hébreu.

 

La coordination dans le domaine du renseignement se fait en temps réel. L’aide officielle et privée des Israéliens dans le conflit yéménite, face aux alliés des Iraniens est omniprésente, de même que leur matériel. L’apport des experts de Tsahal face à l’Iran est très apprécié.

 

Le nouvel homme fort de Riyad, Mohammed bin Salmane, est un admirateur d’Israël, de ses réalisations et de sa technologie, ainsi qu’un contempteur de la cause palestinienne, de ses délires, de sa violence et de son recours systématique au terrorisme.

 

 

 

En 2018, la coopération entre les sunnites et les Israéliens ira encore s’accentuant, principalement dans le cadre de la préparation à la confrontation avec Téhéran, sur la frontière iranienne, mais également en Iraq, en Syrie, au Liban, et, bien sûr, au Yémen.

 

Seule ombre au tableau : le racisme antisémite des populations de nos pays, trop longtemps cultivé par nos dirigeants, s’est enraciné dans les esprits et continue à y être cultivé par les islamistes. La meilleure médecine pour l’endiguer sera de trouver une solution entre Israël et les Palestiniens. Celle qui se dessine est très différente du rêve de Yasser Arafat, qui voulait un super-Etat palestinien destiné à éradiquer Israël et à prendre le contrôle de la Jordanie et d’une partie conséquente du Liban et de la Syrie. Dans les palais arabes, on évoque plus volontiers une autonomie locale, aux pouvoirs étendus. Mais pas trop.

 

 

Ferit Ergil (Correspondant de la Ména à Istanbul)

 

Chers amis lecteurs, collaborateurs et rédacteurs de la Mena,

 

Je souhaite à toutes et à tous une bonne année 2018 et "paix dans nos pays, paix dans le monde", selon la devise de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République de Turquie en 1923.

 

 

Philippe Bercovici à Bruxelles (dessinateur de BD, auteur des illustrations de ces vœux)

 

Chers lecteurs de la Mena,


Je pense souvent à ce que pourraient ressentir aujourd’hui les gens de la génération de mon père, qui ont connu la guerre et qui croyaient à une amélioration à terme de la condition des humains. De même que la vision du futur dans les images de science-fiction ne s’est pas réalisée, les préjugés et la bêtise n’ont pas disparu.

 

Je souhaite, faute de mieux, qu’un genre de Dôme de fer mental puisse nous aider à supporter les stupidités et les arguments fallacieux qui ne manqueront pas de nous assaillir pendant les douze mois qui viennent.

 

Et que chaque fois qu’un mensonge ou un préjugé se déploie dans l’air, un bouclier puisse le détruire comme par magie avant qu’il ne nous atteigne.

 

Je vous souhaite la meilleure des années pour 2018.

 

 

Raphaël Delpard en France (cinéaste, historien, écrivain)

 

Jérusalem oui, mais après ?

 

Je suis de ceux qui ont applaudi à l’initiative du président américain de déplacer l’ambassade et de reconnaître la ville trois fois sainte comme la capitale une et indivisible de l’Etat d’Israël. Il était temps que cessent le mensonge et l’hypocrisie. Le déplacement de l’ambassade avait fait l’objet aux États-Unis en 1995 d’un vote massif des sénateurs et des députés. La décision était repoussée de six mois en six mois. Trump, une fois de plus, a fait preuve du réalisme qui fait tant défaut à de nombreux dirigeants.

 

L’annonce de Trump met à bas le rêve de la Ligue arabe de jeter les Juifs hors de leur terre. Leur refus de la partition, en 1947, se retourne contre eux. Si nous avons raison de nous réjouir de la situation irréversible créée par Trump, la joie ne doit pas nous faire oublier les Arabes palestiniens musulmans et, pour ce qu'il en reste, leurs compatriotes chrétiens. C’est un peuple qui souffre. Nous avons le devoir de tout mettre en œuvre pour les aider à sortir de la tutelle de ceux qui les trompent et leur mentent depuis bientôt 70 ans.

 

La décision de Trump pose une question essentielle à laquelle seuls les Juifs israéliens doivent répondre, car ils ne peuvent continuer d’attendre que les autres leur disent ce qu’ils sont. Israël est-il un pays pour les Juifs ou le pays des Juifs ? Le temps est venu d’écrire un nouveau chapitre du roman national et de définir clairement l’identité d’Israël.

 

 

Patricia La Mosca à Paris (journaliste généraliste, enquêtrice, chroniqueuse juridique)

 

La situation évolue constamment dans les territoires perdus de la République française. D’une part, ils s’étendent un peu, gangrenant d’autres banlieues ; de l’autre, leurs habitants se radicalisent, ont de plus en plus confiance en eux et disposent de plus en plus de moyens – y compris des armes de guerre qu’ils n’hésitent pas à utiliser lorsqu’ils le jugent nécessaire.

 

Combien y aura-t-il de véhicules incendiés durant la nuit de la Saint Sylvestre ? Probablement plus d’un millier, sans que la Police ne puisse faire quoi que ce soit pour faire mentir cette prévision.

 

La Police ne fait plus peur qu’aux honnêtes gens. Ici, les flics ne font même plus illusion ; lorsqu’ils tentent encore et parfois une descente pour endiguer la délinquance, ils se "replient" invariablement, les vitres de leurs voitures brisées, ce qui est désormais considéré comme un moindre mal. Les défenseurs de l’ordre n’ont pas oublié, ni leurs collègues immolés-vifs, ni ceux abattus comme des animaux, ni les nombreux blessés et estropiés qui ne font pas la une des journaux, pas plus que ceux, inculpés par la justice pour des crimes qu’ils n’avaient évidemment pas commis dans le périlleux exercice de leur tâche.

 

Ici, l’Etat français et sa loi n’existent pas, ils sont détestés. Chaque terroriste est un héros dont on envie le sort et dont on tague le nom sur l’un des rares espaces disponibles sur les murs.

 

L’islam est un prétexte solide et incontournable, la Palestine, un motif de ralliement dont ils ignorent absolument tout, ce qui n’a aucune importance pour ce qu’ils en font. En plus du danger que les gangs font peser sur le pays, de la terreur dans laquelle ils maintiennent ceux qui n’ont pas les ressources pour vivre ailleurs, il n’existe rien d’acceptable ni d’enviable dans ce sous-monde hideux, crasseux et terrifiant.

 

La vie des hommes est littéralement soumise au bon vouloir des caïds. Celle des femmes est un enfer sans espoir, leur existence ne servant qu’à satisfaire les basses envies des voyous. C’est Alger à 5km du périph. En espérant que cela ne devienne pas Damas.

 

 

Jean-Claude Zerbib (ingénieur atomiste, spécialiste des questions nucléaires)

 

L’année 2017 a été marquée par les menaces nucléaires de la Corée du Nord à l’encontre de l’Amérique et de ses frères ennemis de la Corée du Sud. Une menace qui s’est esquissée voici près d’un tiers de siècle.

 

Les premiers tirs de missiles nord-coréens avaient été réalisés dès 1984 sous le grand-père Kim Il-sung, qui avait lancé une quinzaine de Scuds durant son règne (1984-94). Son fils, Kim Jong-Il, procéda à 16 tirs entre 1994 et 2011. Mais c’est le petit-fils, Kim Jong-un, qui, en six ans, a battu les records de la famille avec 83 missiles tirés depuis 2012, dont une salve, le 8 juin 2017.

 

Parallèlement à ces efforts, la Corée du Nord, avec l’aide d’un ingénieur pakistanais, Abdul Qadeer Khan1, qui lui avait fourni la technologie nucléaire, en particulier la conception des centrifugeuses pour l'uranium enrichi (plans volés au consortium anglo-germano-néerlandais URENCO qui mettait au point l’enrichissement civil de l’uranium par centrifugation), avait, vers 1992, amorcé les travaux pour la réalisation d’une arme nucléaire.

 

En décembre 1993, lors d’une visite à Pyongyang de Benazir Bhutto, un troc entre les deux Etats, coréen et pakistanais, avait porté sur la livraison par Islamabad des plans de la centrifugeuse "Pak 1" contre le schéma détaillé de fabrication et de montage du missile balistique "Nodong", qui servira de modèle au "Ghaouri" pakistanais.

 

Cette aide pakistanaise a permis à la Corée du Nord de procéder à ses premiers essais nucléaires : en octobre 2006, mai 2009 et février 2013. Ces tests, interdits par l'ONU, s’accompagnèrent chaque fois d’un accroissement des sanctions internationales, lesquelles pénalisent fortement la population nord-coréenne. Mais ces sanctions n’ont pas permis de freiner la course vers un missile porteur et une arme plus puissante.

 

Kim Jong-un s’est ainsi révélé être un adepte de la doctrine du Premier ministre pakistanais Ali Bhutto, qui déclarait publiquement, après l’explosion de la bombe indienne en 1974, que les Pakistanais se procureront eux aussi leur bombe, quitte à manger de l’herbe et des racines.

 

Le 4ème essai nucléaire de la Corée du Nord fut effectué le 6 janvier 2016. Il a été présenté officiellement comme étant celui d’une bombe thermonucléaire (bombe à fusion de l’hydrogène qui a pour "amorce" une bombe à fission classique) : « Le premier essai de bombe à hydrogène de la République a été mené avec succès », avait annoncé le mercredi 6 janvier la télévision officielle nord-coréenne, précisant que l’engin était miniaturisé.

 

Mais, comme l’énergie délivrée par cette explosion ne fut que de l’ordre de quelques kilotonnes, il est très peu vraisemblable qu’il se soit agi d’une bombe à hydrogène.

 

Les photos diffusées par les Coréens montrent cependant un engin à deux "bulbes" afin de bien suggérer les deux étages d’une bombe à hydrogène. Si c’était vraiment le cas, les Nord-Coréens ont essuyé un échec : l’énergie thermique libérée par la bombe à fission n’a pas pu provoquer la fusion de l’hydrogène (de plus d’une dizaine de millions de degrés Celsius).

 

La même année, le 9 septembre 2016, la Corée du Nord célébrait le 68ème anniversaire de sa fondation en procédant au 5ème et plus puissant de ses essais nucléaires souterrains, équivalent à entre 140 et 250 kilotonnes de TNT et présenté comme étant une "bombe H", ce que démentent cependant de nombreux experts internationaux.

 

Mais posséder une arme nucléaire ne suffit pas pour être compté parmi les puissances nucléaires militaires. Il faut, pour entrer dans la "cour des grands", disposer également d’un missile à la fois performant, pour atteindre une cible lointaine, et assez puissant pour transporter une ou plusieurs charges nucléaires de près d’une demi-tonne chacune.

 

Les dernières tentatives de Kim Jong-un visent à la fois à augmenter la puissance des tirs nucléaires et la portée de ses missiles. Les premiers essais de missiles nord-coréens datent des années 1990, quand ils purent récupérer un SS-N-6, un missile balistique soviétique. Cet été de 2017, le dernier tir du "Hwasong" a atteint une distance estimée à 10 000 km.

 

Aussi, la promesse de Donald Trump d’apporter "le feu et la fureur", associée à celle de Kim Jong-un, qui promet en retour "souffrance et douleur" si les sanctions de l’ONU contre son pays venaient à être encore renforcées, ne sont pas de bon augure en cette fin d’année 2017.

 

 

Note :

1 A.Q. Khan rentré au pays en décembre 1975 avec les plans complets photocopiés, a ensuite proposé ces plans et une liste d’entreprises pouvant réaliser les divers composants et alliages spéciaux des centrifugeuses à la Corée du Nord, Kadhafi, Saddam Hussein et aux Iraniens.

 

 

Sami El Soudi en Palestine (chef du bureau palestinien de la Ména)

 

Gare à l’euphorie, car elle travestit la réalité. Gare à la dépression, car elle empêche de réfléchir. Lors d’un conflit qui dure depuis des décennies, il n’y a jamais que des perdants. J’essaie de conserver mon esprit critique et d’avoir sur le monde le regard le plus objectif possible ; et s’il y en a qui me prennent pour un traître à mon peuple ou pour un admirateur d’Israël, tant pis pour eux. Je ne suis pas là pour corriger leur opinion.

 

L’unique manière pour que les Palestiniens parviennent un jour à obtenir un Etat est de prouver leur crédibilité : leur capacité à poursuivre un projet sensé qui ne soit pas uniquement basé sur la propagande et la révolte, mais sur une appréciation correcte de la situation. Et surtout, qu’ils cessent de confondre terrorisme et émancipation. Israël n’acceptera jamais à ses côtés une entité ennemie ; et il a les moyens de lui barrer le chemin.

 

Pour espérer exister, il faut impérativement construire une relation de bon voisinage. Il faut se donner une marche à suivre, basée sur le développement économique et sur la proximité du pôle technologique, en quête de main d’œuvre qualifiée, qu’est Israël. Particulièrement lorsque l’on ne dispose pas de matières premières, ni d’industrie.

 

Salam Fayyad, l’ancien Premier ministre de l’Autorité Palestinienne, avait tout compris. Il avait lancé ce chantier. C’est pour cela qu’il a été tant détesté par les corrompus et par les islamistes, qui veulent instaurer la charia et éliminer les infidèles, et qui ont fait du progrès leur ennemi. Car les gens heureux n’ont pas besoin d’eux, non plus que les personnes éduquées. Cela vaut pour tous les extrémismes religieux.

 

Le seul défi pour Israël, ce sont les Palestiniens qui ont intégré cette logique. Face aux assassins, les Hébreux n’ont besoin ni de réfléchir, ni de politique. Si, en novembre 47, les Arabes avaient accepté le Plan de Partage de l’ONU, Israël serait mort en couches. Si, en janvier 2009, Mahmoud Abbas avait entériné le résultat des négociations avec le gouvernement israélien, il existerait aujourd’hui un Etat palestinien sur 90 pour cent du territoire arabe d’avant 1967.

 

A force de dire "non" sans en avoir la force, à force de confondre propagande haineuse et construction d’un Etat, nos aspirations réalisables ont fondu. Désormais, à moins d’un changement hautement improbable d’orientation en notre faveur du Congrès américain (et non du président), nous pouvons oublier Jérusalem.

 

Ce qui fait un pays est une succession de hasards, d’alliances, de besoins et d’opportunités. Il n’existe pas, en la matière, de légitimité absolue. Un pays est une idée moderne – un ensemble légal contraignant surplombant des différences. J’ignore si nous avons ce qui est nécessaire pour faire un pays – et si j’avais peur de mon ombre, je cacherais mes doutes, comme beaucoup de mes compatriotes. Tout ce que je peux dire, c’est que nous avons autant de raisons que bien des nations d’avoir notre pays, et autant de raisons que bien d’autres qui en sont privées.

 

Ce qu’il faut pour réaliser un destin national, c’est une dose suffisante d’intelligence au sein de la communauté. Pour le moment, cette intelligence nous fait cruellement défaut, c’est une constatation objective. Et ce n’est pas en excluant les Etats-Unis de nos fréquentations que nous inverserons cette tendance. Bonne année à tous, et merci à la Ména de me donner la plus totale des libertés pour m’exprimer. Cette liberté n’existe nulle part ailleurs.

 

 

Amram Castellion à Métula (analyste politique, expert en économie) :

 

Si nous prenons un peu de recul et voulons bien nous souvenir du passé récent, il ne fait pas de doute que 2017 a été une exceptionnellement bonne année et que 2018 commence, elle aussi, sous d’excellents augures.

 

Selon le Fonds Monétaire International, la croissance économique mondiale a été de 3,6% en 2017 et devrait atteindre 3,7% en 2018. Cela fera de l’année prochaine la meilleure depuis la crise économique de 2008. Les principales menaces structurelles qui ont, depuis dix ans, menacé de provoquer une nouvelle crise – l’explosion du déficit américain et la crise financière européenne – sont désormais sous contrôle. Il existe encore une incertitude, du fait de l’insuffisance des données disponibles, sur la solidité du système financier chinois en période de croissance réduite. Mais cette incertitude est loin d’avoir le caractère d’urgence que semblait avoir, par exemple, la crise de l’euro en 2013.

 

La croissance mondiale n’est pas seulement en augmentation : elle est aussi plus équitablement répartie qu’elle ne l’a été depuis le début du siècle. La Chine a bel et bien oublié les années de croissance à deux chiffres et s’installe sur un chemin de croissance de 6 à 7%, désormais identique à celui de l’Inde. A l’inverse, l’Europe sort des taux de croissance anémiques qu’elle connaissait au début du siècle et devrait connaître une croissance de 2,2% cette année, désormais égale à celle des Etats-Unis. Les pays de l’Est de l’Europe, avec une croissance moyenne de 3,5%, rattrapent progressivement leur retard sur un Ouest plus poussif.

 

Sur le plan de la sécurité et de la guerre contre le terrorisme, la situation mondiale s’est nettement améliorée depuis trois ans. Daesh ne contrôle plus aucun territoire. Libérées du front syrien, les forces arabes du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) ont déjà commencé l’offensive qui mettra fin, dans les prochaines semaines ou les prochains mois, à tous les espoirs du mouvement houthi au Yémen, ce Daesh shiite. Le Hamas, affaibli par l’effondrement de 29 tunnels et par une infiltration généralisée de ses forces, a annoncé qu’il renoncerait à gouverner Gaza.

 

Il n’y a aucune raison de penser que ces tendances s’inverseront en 2018. Quand les Houthis et le Hamas auront été traités, l’étape décisive sera de désorganiser et de refouler nos voisins du Hezbollah et les forces iraniennes projetées dans la région. Ce ne sera pas simple ; mais le déséquilibre des forces en notre faveur (surtout si l’on ajoute à la supériorité technologique israélienne les capacités d’infiltration et le talent de commandos de nos alliés du CCG) est tel que l’issue de la guerre ne fait rigoureusement aucun doute.

 

Dans cette atmosphère générale, la principale cause de souci est la faiblesse stratégique persistante de l’Europe : sans dirigeants sérieux, sans vision claire des enjeux mondiaux, sans unité interne, sans capacité de réforme adaptée et sans discours construit face aux ambitions conquérantes d’un certain islam, le vieux continent – ou du moins sa partie occidentale – navigue à la godille et se gorge de mots vides, tant sur le plan économique que diplomatique ou stratégique.

 

En contrepartie, l’année 2017 a vu apparaître des Etats-Unis à nouveau maîtres du jeu : déterminés à gagner leurs guerres, à nettoyer la corruption sans limites de l’ère Obama, à soutenir leurs alliés et à affaiblir leurs ennemis. Cette divine surprise, que presque aucun d’entre nous n’attendait il y a un an, fait plus que compenser la triste dérive européenne et permet de rester, au total, très optimistes pour l’année qui s’annonce.

 

Sous ces heureux auspices, je souhaite à tous nos lecteurs une heureuse et fructueuse année 2018.

 

 

Bernardo Stenhof (ambassadeur auprès des Nations Unies et de l’Unesco, écrivain et éditeur)

 

Mes chers amis,

 

L’année 2017 n’a pas donné lieu à se réjouir dans les organisations internationales. L’Unesco, une nouvelle fois, a prétendu retirer au peuple juif tout droit sur la tombe des Patriarches et sur Jérusalem. L’empressement de pays qui se croient civilisés à voter avec les « autres » traduit un défaitisme plus fondamental, peut-être même suicidaire. Ceux qui commencent par accepter de faire semblant de croire que Jérusalem n’est pas juive, finissent par laisser dire dans leur propre pays que Jésus, au fond, était est un musulman qui s’ignorait. Et par laisser interdire chez eux crèches, sapins, santons et ce qui n’est pas hallal…

                                                                                                                      

Puis est arrivé Trump, qui a dit quelques vérités sur Jérusalem. Il est mis en minorité à l’ONU, et je suis certain que si les pays musulmans l’avaient demandé, la France – la laïque et la fille aînée de l’Eglise – aurait voté en faveur d’un bombardement de Jérusalem et de Washington sous l’égide de l'ONU, au nom de son éternelle alliance avec les Sarrasins…

 

 

 

Pour dire la vérité, j’en ai assez. Au lieu de servir la santé, les sciences et la connaissance utiles à l’humanité, je suis de plus en plus tenté de ne rien faire. Bonne année, malgré ce coup de mauvaise humeur, à tous et à toutes.

 

 

Llewellyn Brown en France (traducteur officiel de la Ména, rédacteur, écrivain)

 

Depuis quelques décennies, et à une allure accélérée, l’Europe a changé de face sous les assauts d’une immigration massive comme on n’en a jamais vu dans l’Histoire. Dans les rues de nombreux quartiers en Ile-de-France, on n’entend plus parler français, sans compter les ravages perpétrés dans de nombreuses villes de France. Sous l’effet de ce changement inouï, le tissu social se trouve mis en pièces, à un degré que l’on n’eût pas imaginé il y a quarante ans et ce, avec l’active complicité de nos « élites » : politiques et journalistes, tous ceux qui décident et parlent à la place des autres, sans jamais avoir à rendre compte des conséquences de leurs décisions et de leurs paroles auprès de cette race honnie que l’on nomme, avec dégoût, « le peuple ».

 

En Europe, le langage dit « politiquement correct », qui n’est autre que celui de la ségrégation – « indigénistes », néo-féministes, partisans de l’orthographe dite inclusive – se fait envahissant. La supériorité morale dont il revêt les allures ne doit pas faire illusion : loin d’être l’expression de la générosité et d’un esprit vertueux, il reflète la propension des hommes à faire disparaître toute diversité d’opinions afin de ne prendre aucun risque. L’éloge du « migrant », la dénonciation du « racisme » par les multi-cul est une propagande destinée à effacer toute singularité. Le prétendu « antiracisme » et la dénonciation publique du désir masculin – celui-ci étant assimilé à des penchants porcins – relèvent d’une même furie de masse qui ne laisse plus de place au rire. L’être dénué de culture propre, de passé historique, et absolument interchangeable, est l’objet passif du capitalisme financier mondialisé. L’Education nationale française y prête son concours zélé depuis des décennies, pour rendre inaccessible tout esprit critique.

 

Dans ce contexte, la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël, suivie de sa défense par Nikki Haley au Conseil de Sécurité de l’ONU, marque un tournant historique. Elle signale à la fois le courage d’un chef d’Etat de s’inscrire en faux contre l’opinion malveillante de la « communauté internationale », et témoigne des réelles mutations entourant Israël au Moyen-Orient : la marginalisation de la « question palestinienne » et les alliances nouées avec de nombreux pays arabes, entre autres. De l’ensemble des pays conspirant à leur propre disparition, et dont le mutisme fut retentissant face à l’épuration des populations chrétiennes au Moyen Orient, on ne peut attendre aucun acte de courage.

 

Aux amis, rédacteurs et lecteurs de la Ména, je souhaite une année riche en échanges fructueux, et un esprit éveillé, en mesure de répondre aux mutations qui marquent notre époque.

 

 

Yoshua Ohana (fixeur militaire, photographe, région-nord-est)

 

Je termine 2017 avec des milliers d’images dans la tête, et autant sur mes disques durs, qui y sommeilleront sans doute pour l’éternité. Pour quelques dizaines de publiées.

 

Et je sais qu’il va y en avoir autant en 2018 si ce n’est davantage, entre les belles, celles qui heurtent et celles qui sont à peine regardables.

 

Trois fois par semaine, je travaille sur le Golan, et au moins une fois, sur la frontière syrienne où les gens n’ont pas cessé une journée de s’entretuer sous notre nez depuis bientôt cinq ans. Les Iraniens et le Hezbollah s’approchent de notre frontière dans le nord du plateau, au pied du Hermon. Nous nous préparons en conséquence et sur tous les plans.

 

Surtout ne vous éloignez pas ! Restez fidèles à notre manière de faire de l’information, au plus près de là où elle se déroule. Payez votre abonnement, donnez-nous les moyens de nous dépasser et de réaliser vos rêves…

 

 

 
Chateaubriand, Macron et Jérusalem (info # 012612/17)  
Analyse
mardi, 26 décembre 2017

 

Par Claude Berger1

 

En 1806, le grand Chateaubriand, de retour de Jérusalem, écrivait : 

« Pénétrez dans le demeure de ce peuple, vous le trouverez dans une affreuse misère, faisant lire un livre mystérieux à des enfants qui, à leur tour, le feront lire à leurs enfants. Ce qu’il faisait il y a cinq mille ans, ce peuple le fait encore. Il a assisté dix-sept fois à la ruine de Jérusalem ; et rien ne peut le décourager ; rien ne peut l’empêcher de tourner ses regards vers Sion. Quand on voit les Juifs dispersés sur la terre, selon la parole de Dieu, on est surpris, sans doute : mais pour être frappé d’un étonnement surnaturel, il faut les retrouver à Jérusalem ; il faut voir ces légitimes maîtres de la Judée esclaves et étrangers dans leur propre pays ; il faut les voir attendant, sous toutes les oppressions, un roi qui doit les délivrer. Si quelque chose, parmi les nations, porte le caractère du miracle, nous pensons que ce caractère est ici. » (Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem).

 

En 2017, Macron, devenu président, nous fait part de sa « préoccupation » que Jérusalem fût enfin reconnue, de plein droit, propriété de « ces légitimes maîtres de la Judée esclaves et étrangers dans leur propre pays » par un président américain réaliste, entérinant une situation d’unification de Jérusalem qui remonte à 1967, situation qui assure dans les faits le libre accès aux lieux saints des trois cultes concernés.

 

En s’informant, le président français pourrait découvrir que lorsque la Jordanie s’empara militairement de la partie est de Jérusalem en combattant les Juifs, de 1947 à 1967, les Juifs n’avaient plus accès au Mur, des synagogues et des cimetières furent alors détruits, et le parvis du Mur des lamentations fut transformé en toilettes publiques.

 

Emmanuel Macron pourrait alors s’abstenir de prôner la « négociation » sous des auspices internationaux, alors que celle-ci, en majorité, n’eut jusqu’ici pour autre but que de faire pression contraignante sur Israël afin d’admettre le point de vue palestinien consistant à ne pas reconnaître d’Etat du peuple juif et d’empêcher toute présence juive dans un futur Etat palestinien, tout comme il est de règle dans de nombreux pays arabo-musulmans.

 

 

Les vrais dictateurs ne le dérangent pas,

tel Erdogan qui menace les Kurdes syriens d’un quasi-génocide

 

Le Hamas, le Hezbollah et la puissance iranienne montante vont plus loin : ils veulent l’éradication d’Israël et le génocide de sa population. Ce refus du fait juif et du peuple juif, cet antisémitisme d’origine musulmane, se concrétisèrent autrefois dans le statut de soumission imposé aux Juifs tout comme la rouelle.

 

 

 

Note1 :

Auteur de « Pourquoi l’antisémitisme ? » et de « Itinéraire d’un Juif du siècle » aux Editions de Paris

 

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Echec cuisant de la "journée de la rage"(info # 010912/17)  
Analyse
samedi, 09 décembre 2017

 

Par Ilan Tsadik à Sdérot

 

Comme le chef de la Ména palestinienne, Sami el Soudi, l’énonçait clairement dans son article de jeudi, il ne fallait pas s’attendre à voir des centaines de milliers de personnes dans les rues de Cisjordanie, après l’appel par le Fatah et le Hamas à un "jour de rage" pour protester contre la décision des USA de transférer leur ambassade à Jérusalem.

 

En fait et malgré la quasi-totalité des media français qui essaient de convaincre le public du contraire, cette révolte commandée a fait chou blanc.

 

Selon des sources concordantes, elle a réuni moins de 3 000 personnes en plusieurs points de Judée et de Samarie.

 

Lorsqu’il s’agit du narratif d’un rassemblement ayant réuni une quantité de participants de cet ordre, à Lille ou à Toulouse, les media nationaux tricolores n’en font pas même état ; à l’instar d’une manifestation en faveur des prisonniers basques, qui réunit en ce moment 10 000 personnes à Paris.

 

En revanche, ils sont tous à évoquer le "jour de colère" des Palestiniens [Le Monde], et "Jérusalem au bord du gouffre" [Libération] ; à interviewer des passants palestiniens et des représentants palestiniens qui exagèrent leurs exploits de façon délirante.

 

 

Plus de fumée que de de feu

 

Or hier, la prière principale des musulmans à la mosquée Al Aqsa et sur l’esplanade qui la borde avait réuni plus d’une quinzaine de milliers de participants, sans restrictions d’âge, comme souvent imposées par la Police israélienne, et tout s’est déroulé sans le moindre incident. A en écœurer les dizaines de photographes étrangers, massés à la porte de Damas, qui ont guetté toute la journée en vain l’épanchement du sang qui leur avait été promis.

 

Il y a certes eu des petits attroupements violents, à Toulkarem, Naplouse, Hébron et Ramallah, lors desquels des émeutiers ont précipité des pierres et de cocktails Molotov sur les forces de l’ordre. Lesquelles ont répondu avec des canons à eau, des tirs de grenades assourdissantes, des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc tirées dans les jambes.

 

La Police a procédé à une cinquantaine d’interpellations et on dénombre une centaine de blessés pour toute la Cisjordanie et la Bande de Gaza.

 

D’autre part, des rassemblements ont réuni à peine quelques dizaines de participants dans les villes arabes israéliennes d’Oum el Fakhem, de Kalansua, Nazareth et Kfrar Kana. On n’y signale ni incidents ni blessés.

 

Dans la Bande Gaza, le Hamas a envoyé des petits groupes de jeunes émeutiers [5-6 cents en tout] s’attaquer aux soldats en six point de la barrière de sécurité entourant l’enclave palestinienne. Là aussi, les fauteurs de troubles étaient équipés de pierres et de cocktails Molotov. Là aussi, ils ont été éloignés par Tsahal qui a utilisé des moyens pour la dispersion des manifestations.

 

Constatant que ses appels à la 4ème Intifada ne prenaient pas, le Hamas a tenté l’escalade militaire. L’organisation terroriste islamique a lancé trois roquettes en direction du territoire israélien depuis hier [vendredi].

 

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Il s’agit d’un plan (010712/17)  
Analyse
jeudi, 07 décembre 2017

 

Par Sami el Soudi

 

L’annonce de Donald Trump hier marque probablement la fin du rêve d’un authentique Etat indépendant pour les Palestiniens. Des décennies durant, depuis les accords d’Oslo, l’Autorité Palestinienne, aidée par ceux qui croyaient en nos mythes et nos ethos, et aussi par ceux qui exprimaient ainsi leur antijuivisme, se sont attelés à préparer l’établissement de notre Etat indépendant au sein des institutions internationales. A force de diplomatie, nous avons été reconnus comme Etat membre à l’UNESCO, au Comité International Olympique et auprès de la Cour Pénale Internationale. Nous avons aussi été reçus aux Nations Unies sous le statut d’Etat observateur non membre, à la suite d’un vote lors duquel 138 pays [dont la France. Ndlr.] ont voté en faveur de notre admission, alors que la plupart des Etats européens ont fait partie des 41 abstentions.

 

 

Des Palestiniens brûlent Donald Trump en effigie

Des heurts ont lieu avec la Police en plusieurs endroits, 30 blessés pour l’instant

 

Or toute cette activité de grignotage laborieux de légitimité a été mise à terre en une seule décision des Etats-Unis : avec Jérusalem comme capitale d’Israël, la Palestine ne sera jamais un Etat comme un autre. Sans Jérusalem, nous pouvons encore devenir un "Etat moins" ou une "Autonomie plus", mais pas un pays au sens plein.

 

Ce, à moins que le Président Trump soit contredit par l’un de ses successeurs, ce qui semble très improbable après que le Sénat américain ait confirmé en juin dernier, à l’unanimité de 90-0, la loi votée en 1995 par les deux chambres du Congrès. Ladite loi, le "Jerusalem Embassy Act", avait été adoptée à une écrasante majorité de représentants et de sénateurs le 23 octobre 1995. Elle reconnaît que Jérusalem est la capitale de l’Etat d’Israël et décide d’y transférer l’ambassade américaine.

 

En fait, D. Trump, obtempérant à la requête formelle du Sénat suite au vote de juin dernier, n’a fait que mettre en pratique une décision du législateur américain.

 

Inutile également d’accorder une importance exagérée à la réponse que feront les Palestiniens, la Ligue arabe, qui se réunira samedi en session extraordinaire, et le Conseil de Sécurité de l’ONU, qui en fera de même demain, à la demande de huit pays membres, dont quatre européens.

 

Le Hamas peut bien brûler des drapeaux américains et israéliens, il n’y a rien de nouveau à cela. Il peut appeler à une nouvelle Intifada, lors de laquelle quelques malheureux vont simplement se blesser. L’émulation palestinienne des Frères Musulmans égyptiens est à bout de souffle ; elle exerce déjà sa capacité de nuisance au maximum et cela n’empêche même plus les habitants du Néguev de dormir. La réaction d’Ismaïl Hanya et de son organisation terroriste aurait pesé de quelque poids si elle avait, ne serait-ce qu’une seule fois, proposé un autre agenda, mais elle a toujours prôné la destruction de l’ "entité sioniste" et le génocide de ses citoyens, sans jamais n’avoir eu le commencement des moyens de réaliser ces objectifs. Tout ce que le Hamas est parvenu à faire est de mener, en lançant des guerres suicidaires, dans un premier temps à la destruction de Gaza, et à force, de devenir insignifiant.

 

Et Mahmoud Abbas amuse la galerie en claironnant que les USA, en prenant cette décision, se sont exclus des négociations en vue d’un règlement pacifique. Une prise de position périlleuse, lorsque l’on sait que seul Washington est capable de faire évoluer les choses, et que tout ce qui se passe actuellement est le résultat d’un plan savamment mûri entre Trump, le Prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, le Maréchal égyptien al Sissi et Binyamin Netanyahu.

 

Mahmoud Abbas, à part se rendre ridicule et jeter nos enfants dans les rues pour affronter les policiers hébreux, n’a pas les moyens de s’opposer au tsunami qui s’est formé contre lui.

 

Les Etats arabes ont certes critiqué la décision de M. Trump quasi à l’unisson, mais aucun politologue arabe n’est dupe. Les réactions très modérées des leaders des grands pays sunnites ne servent qu’à sauver l’apparence du maintien du soutien aux frères palestiniens. Le Roi Salman a dénoncé du bout des lèvres une décision "injustifiée et irresponsable", quant à al Sissi, il a évoqué des "mesures qui affaiblissent les chances de parvenir à la paix au Moyen-Orient".

 

Pour qui sait décoder ces commentaires, il est évident que, non seulement ceux qui les ont prononcés sont très satisfaits de la décision de Donald Trump, mais qu’en plus, sans leur accord préalable, elle n’aurait pas été prise. Dans ces conditions, la réunion extraordinaire de la Ligue arabe ne peut aboutir à rien d’autre qu’à rien. Aucune décision opérationnelle n’y sera décidée.

 

Quant au Conseil de Sécurité, les Etats-Unis y disposent d’un droit de veto auquel ils n’hésiteront pas un instant à recourir. En fin de compte, même si cela va prendre un peu de temps et comme je l’ai lu ce matin sous la plume de cinq spécialistes du monde arabe, la manœuvre de Trump constitue une nouvelle déclaration Balfour, en consacrant le caractère israélien de Jérusalem, d’une part, et en nanisant la cause palestinienne, de l’autre.

 

Déjà la Tchéquie et les Philippines ont fait connaître leur intention de transférer leur ambassade israélienne à Jérusalem. A en croire M. Netanyahu, d’autres pays envisagent une décision similaire, et sur ce point, je le crois ; ce n’est que l’affaire d’un peu de temps.

 

Le 8 novembre dernier, au cours d’une visite éclair à Riyad et de rencontres avec le Roi Salman et le Prince MBS, Mahmoud Abbas s’est vu présenter le plan régional convenu avec Washington et Jérusalem. Outre l’abandon de Quds, il prévoit le non-retour des réfugiés de 48, l’administration d’un territoire discontinu, le maintien de la plupart des implantations, et la création d’une "sorte" d’Etat réduit à sa plus simple expression de souveraineté conditionnelle.  

 

Les monarques saoudiens ont présenté la chose à Abbas sous la forme d’un ultimatum : soit vous acceptez le plan et jouirez de notre soutien financier afin de créer une entité dans laquelle on peut vivre convenablement, soit on va vous faire remplacer par quelqu’un qui nous comprenne et on va se désintéresser de la cause palestinienne.

 

De retour à Ramallah, tous les barons de l’OLP ont poussé des cris d’orfraie et joué les fiers à bras, rejetant la proposition comme si cela changeait quelque chose. Abbas a téléphoné, dans la précipitation, à tous les amis de la Palestine dans le monde arabe et sur le reste du globe. Tous lui ont montré de la sympathie et l’on assuré de leur soutien moral.

 

Et hier, en dix minutes de discours de Trump, la sanction est tombée.

 

Les dirigeants du monde arabe ont fini de se distraire avec le jouet nommé Palestine. Ils s’en servaient lorsque leur objectif était de détruire Israël. Maintenant qu’ils en ont besoin afin de se défendre face aux Iraniens et au péril réel qu’ils représentent, le jouet ne leur sert plus à rien. Au contraire, il les gêne. D’autant plus qu’ils se sont soudain aperçus que l’Etat hébreu, depuis qu’il existe, ne leur a somme toutes jamais cherché de noises et qu’il est au contraire un voisin appréciable.  Un voisin dont la puissance, lorsque l’on s’allie à lui, devient un composant efficace de leur propre sécurité.

 

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Tôt ce matin : Israël a anéanti une base iranienne en Syrie (info # 010212/17)  
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samedi, 02 décembre 2017

 

© Metula News Agency

 

Métula , Beyrouth, samedi 10h25, 09h25 à Paris

 

Tsahal a détruit, aux alentours de six heures ce samedi matin, une importante base militaire iranienne construite dans la localité d’al Kishwah, à 14km au sud-ouest de la capitale Damas [voir carte].

 

Les lecteurs de la Ména connaissent l’existence de cette base depuis sa découverte sur des photos satellitaires voici trois semaines environ. Ces images et leur description faisaient partie de l’article "L’Arabie Saoudite, l’Iran, Israël, le Liban et la guerre" rédigé par le chef de la Ména libanaise, Michaël Béhé, le 14 novembre dernier.

 

 

La base d’al Kishwah anéantie ce matin

 

Selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme, proche de l’opposition à Bashar al Assad, de très fortes explosions ont ébranlé Damas et ses banlieues, des éclairs de feu étaient visibles par les habitants de la capitale, et de nombreuses coupures de courant s’y sont produites.

 

Ce dernier détail pourrait indiquer que d’autres cibles situées hors de l’objectif ont été visées, possiblement des éléments du réseau électrique central qui alimentait les radars et les systèmes de missiles antiaériens.

 

A en croire des media proches du régime syrien, des appareils israéliens auraient lancé cinq missiles air-sol à partir du Golan, dont trois auraient été interceptés par la DCA syrienne, ce que nous jugeons hautement improbable.

 

L’ "information" indiquant que des missiles israéliens ont été interceptés par l’Armée syrienne a été cependant reprise par l’AFP qui en a fait le titre et l’élément essentiel de sa courte dépêche sur le raid : "L'armée syrienne a intercepté des missiles israéliens près de Damas". La chaîne franco-israélienne I24News a répercuté le titre de l’AFP tel quel.

 

D’après les sources gouvernementales syriennes, l’objectif visé était un dépôt de munitions situé entre la ville de Sakhnya et celle d’al Kiswah. Ce dépôt appartiendrait à la Division no.1 de l’armée du régime.

 

En fait, la base en question se trouve sur le territoire attribué à la 91ème brigade de ladite division.

 

Sky News en langue arabe ainsi que la presse beyrouthine contrôlée par le Hezbollah font état d’une attaque perpétrée à partir de l’espace aérien libanais. Pour le journal al Akhbar [les nouvelles] de la milice chiite, les avions hébreux ont effectué plusieurs simulations d’attaques dans le ciel libanais et c’est lors de l’une d’elles que la frappe véritable s’est produite. Selon al Akhbar, le périmètre militaire visé est extrêmement étendu, "sa surface dépassant celle de la capitale libanaise, Beyrouth".

 

 

Al Kishwah sur la carte

Service cartographique © Metula News Agency

Sur base d’images-satellites Google Earth Pro

 

Plus tôt dans la journée de vendredi, la chaîne télévisée du Hezb., al Manar [le phare], avait fait état du survol du Liban-sud par des chasseurs-bombardiers frappés de l’étoile de David. Une observation que les habitants du Doigt de la Galilée auraient également pu faire.

 

La base d’al Kiswah comprenait, selon notre déchiffrage des images satellites, outre un important poste de commandement régional, des bâtiments d’hébergement pour des soldats et des abris pour des véhicules militaires. Environ 25 constructions au total, en plus des dépôts d’armes et de munitions, vraisemblablement souterrains.

 

D’après des informations recueillies par Michaël Béhé, au moment du raid de ce matin,  la position attaquée était occupée par des Gardiens de la Révolution iranienne (Pasdaran) et des miliciens du Hezbollah, leur organisation supplétive au pays des cèdres.

 

Différentes sources arabes évoquent une oblitération complète du site et de nombreuses victimes militaires parmi ceux qui s’y trouvaient.

 

Le gouvernement de Jérusalem ainsi que les chefs de l’Armée de Défense d’Israël ont à maintes reprises affirmé qu’Israël ne tolèrerait pas l’installation d’une présence militaire iranienne en Syrie et agiraient afin de la détruire.

 

Dans le Doigt de la Galilée et dans le Golan, on ne signale pas, ce matin, d’activité sécuritaire particulière dans l’attente d’hypothétiques représailles irano-syro-libanaises. La région est emplie de touristes profitant du soleil généreux de l’été indien.

 

 
Orthographe : inclusion ou ségrégation ? (info # 012711/17)  
Analyse
lundi, 27 novembre 2017

 

Par Llewellyn Brown

 

L’écriture dite « inclusive » a fait l’objet de nombreux débats dans nos media récemment, et l’on peut s’étonner qu’une poignée d’agités puisse engendrer un tel tollé pour tant de sottises. Si notre Premier ministre semble avoir mis un terme au débat, en recommandant que l’on n’employât pas cette orthographe dans les publications officielles, l’on aurait tort de croire la question close, ou qu’elle soit anodine. Alors que, des années durant, on a beaucoup raillé les manies et les modes américaines, nous en subissons immanquablement les conséquences en Europe. Beaucoup a été dit, quelques remarques peuvent encore peut-être enrichir notre perception de la question.

 

Masculin et féminin ?

 

L’objet du contentieux concerne la représentation, dans la langue, des formes du féminin. Pour ces militants, il s’agit d’assurer la visibilité au féminin dans les noms de métiers et dans les accords grammaticaux. En ce qui concerne ces derniers, ce qui attise l’ire de certains est la fameuse règle : « le masculin l’emporte » quand on réunit des substantifs féminins et masculins. Ainsi, on écrira traditionnellement : « Les garçons et les filles sont grands ».

 

Chacun sait pourtant qu’en langue française, ce que l’on appelle, en grammaire, « masculin » et « féminin » n’a aucun rapport avec le sexe anatomique, comme Georges Dumézil et Claude Lévi-Strauss l’ont expliqué fort clairement dès 1984 dans une déclaration de l’Académie française. Ainsi, les mots masculins (qui ne sont pas mâles) et féminins (et non femelles) ne se livrent aucunement à des entreprises de séduction, ni à des actes licencieux dans les phrases que l’on écrit ou prononce, et même la fonction de « copule » ne fait pas rougir une âme pudique quand elle doit l’employer. On peut penser aussi à la poésie, où rimes dites « féminines » (terminées par un e muet) et « masculines » (toutes les autres) alternent, sans aucun égard pour leur qualité grammaticale.

 

 

La générale de la cuisine ou les mauvais combats

 

L’absurdité de ces conceptions est donc patente : un homme ne se sent pas castré s’il exerce le métier de sage-femme, ou s’il est recrue, sentinelle, vigie, victime, dupe ou fripouille. Un homme est-il lésé d’être traité comme une personne ? La bite est féminine et le con est masculin : quel désordre pour nos militant.e.s !

 

De surcroît, la répartition des formes « masculine » et « féminine » est différente selon les langues : la merfrançaise est-elle différente de il mare italien ? Quant à l’anglais, il – qui est néanmoins une langue – ignore tout du masculin et féminin, sauf pour les être sexués. La quête d’un redressement de l’équilibre entre les sexes ne connaît pas de limite. Faut-il, en français, conjuguer les verbes au « féminin », comme en hébreu ? Certaines hallucinées revendiquent le droit d’écrire « noues », pour « féminiser » le pronom de la première personne pluriel. Nous ne sommes pas arrivés au bout de l’absurdité et de l’imbécilité : le groupe EÉLV, au Conseil de Paris, clame la nécessité d’ajouter le terme Matrimoine à celui de Patrimoine, pour la journée annuelle du même nom. Et pourquoi pas, ironise Éric Azière (UDI-MoDem), changer le nom des rues de Paris : rue des Entrepreneuses et des Entrepreneurs, boulevard des Capucins et des Capucines !

 

Il suffit donc, en toute logique linguistique, de rappeler qu’il ne s’agit en rien de questions de sexe ou de genre. Le « masculin » est purement la forme « non-marquée » ou « extensive » : il ne porte pas de distinction orthographique, contrairement aux substantifs dits « féminins » pour lesquels on marque l’accord au moyen d’un -e final. Le « masculin » sert tout simplement à désigner des ensembles dans des cas où l’opposition des sexes n’est pas pertinente.

 

Le tout universel

 

Ce qui est en cause est la question développée par Jean-Claude Milner des « touts ». Quand on réunit masculin et féminin dans une proposition, on conjugue les éléments comme une pluralité non marquée. En effet, même en matière de sexuation, il ne s’agit pas simplement d’une question de gender : des rôles sociaux masculin et féminin. Jacques Lacan explique que hommes et femmes se situent tous deux – mais de manière radicalement différente – par rapport à l’identification masculine : souvent dans un couple, par exemple, c’est la femme qui « porte la culotte », et l’on disait bien que Margaret Thatcher était « le seul homme » de son cabinet. En revanche, un travesti ne connaîtra rien de la jouissance féminine : il n’existe pas de symétrie.

 

Comme le montrent ces exemples, la fonction de l’universel permet à chacun de trouver sa place à l’égard de l’ensemble : telle est sa qualité égalitaire. Dans le cabinet d’un gouvernement comme dans la salle de classe, l’individu n’est pas appelé à dévoiler ses penchants intimes, qui peuvent demeurer énigmatiques pour lui, et dont il n’est pas le maître. Au contraire, ils restent hors champ de la collectivité : l’individu vaut seulement pour la manière dont il se décharge de sa fonction.

 

Ségrégation

 

En revanche, opter pour la position contraire, c’est promouvoir la ségrégation, comme l’ont bien souligné Dumézil et Lévi-Strauss, affirmant que la marque grammaticale est « privative », affectant un terme « d’une limitation dont l’autre seul est exempt ». Ainsi, par exemple, si l’on lance, « Les enfants et Guillaume, à table ! » (titre d’un film de 2013), on exclut le dénommé Guillaume de la catégorie des enfants, parmi lesquels il devrait jouir d’une place au même titre que les autres.

 

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On a été fourré par Donald Trump à deux reprises (012011/17)  
Analyse
lundi, 20 novembre 2017

 

Par Stéphane Juffa

 

Après consultation de Jean Tsadik, Perwer Emmal (Syrie), Michaël Béhé (Liban) et Fayçal Hache (Jordanie)

 

Dans son analyse de la situation de vendredi dernier, "Les Forces Démocratiques Syriennes ont traversé l’Euphrate", notre camarade et correspondant de guerre Perwer Emmal relatait les progrès enregistrés par les Forces Démocratiques Syriennes lors de l’offensive qu’elles venaient de lancer dans la vallée de l’Euphrate. En particulier, Emmal rapportait que les FDS s’étaient approchées à quelques centaines de mètres des villes d’al Asharah et d’al Salihiyah où elles pouvaient couper la fameuse Autoroute iranienne, ce qui représentait l’objectif stratégique "naturel" de l’opération de la "coalition américaine" Tempête de Jazeera. Or il s’est passé quelque chose de très grave.

 

Non seulement il y a eu contre-ordre, et les Peshmerga kurdes ont inexplicablement cessé leur progression vers ces villes de l’Etat Islamique, alors que la "coalition russe" ne se trouvait pas à proximité pour les gêner, mais les FDS ont fourni le temps et les conditions nécessaires aux Russes pour s’en emparer à leur place.

 

 

Service cartographique © Metula News Agency

Base graphique : carte Wikipédia

En rouge les positions de la "coalition russe"

En jaune les positions de la "coalition américaine"

En jaune entouré d’orange les positions pour lesquelles on se bat actuellement entre

la "coalition américaine" et les miliciens de l’Etat Islamique

En noir les positions de l’Etat Islamique

 

Comme on le voit sur la carte, ce sont précisément les agglomérations d’al Asharah et d’al Salihiyah, bien au-delà de leur ligne de front, que les Russes ont attaquées et conquises, en plus de celle de Kashma, où les FDS avaient commencé les manœuvres d’assaut.

 

Or ces coups de force russes déterminent clairement, et probablement de manière définitive, le sort de toute la bataille : le corps expéditionnaire de Poutine est parvenu à s’assurer du contrôle intégral de l’Autoroute iranienne sur toute sa section syrienne.

 

Ceci mis dans la perspective de l’affirmation de Sergeï Lavrov ce weekend, le ministre des Affaires Etrangères du Tsarévitch, affirmant que la présence des troupes de Téhéran en Syrie est "légitime", laisse présager le pire. A savoir que Khameneï, le guide suprême de la Révolution Khomeyniste, va recevoir de Moscou l’autorisation d’utiliser le corridor qu’il convoitait afin d’envoyer des Pasdaran en masse au Liban et sur les hauteurs du Golan. Il va également pouvoir augmenter considérablement la construction des ouvrages militaires en Syrie qu’il a déjà entreprise.

 

Lorsque l’on se rappelle, qu’il y a quelques semaines, Donald Trump, dans un discours-déclaration de guerre à l’Iran, avait ajouté les Pasdaran sur la liste des organisations terroristes, l’on se rend compte qu’il y a quelque chose qui ne joue pas du tout dans le domaine de la logique.

 

Les FDS, qui, en certains endroits, se sont retirées de positions qu’elles venaient d’occuper, vont continuer leur déploiement exclusivement sur la rive-nord de l’Euphrate. Vu sur une carte, cela donne une image esthétiquement aboutie – les FDS au Nord, les Russes, au Sud -, mais du point de vue stratégique, c’est une aberration. Après avoir conquis toutes les exploitations pétrolières au nord du fleuve, elles pourraient arrêter les frais et surtout cesser de mourir pour rien.

 

D’autant que les combats contre l’Etat Islamique sont acharnés, les militants islamiques se battant dos au mur avec l’énergie du désespoir. Et comme pour souligner l’importance pour le Kremlin des opérations d’hier, la prise des trois villes a coûté aux Russes et à leurs alliés un prix humain qu’ils n’avaient encore jamais payé lors de leur campagne de Syrie.

 

Ils ont eu des centaines de morts et de blessés dans leurs rangs ; seize miliciens du Hezbollah (chiffre officiel, Michaël Béhé parle d’une trentaine de tués dans l’organisation libanaise et du triple de blessés), ainsi que des dizaines de militaires iraniens, dont un général. Le nombre de commandos russes et de membres de l’armée d’Assad décédés n’a pas été communiqué mais il est assurément proportionnel à celui de leurs alliés.

 

Et Donald Trump continue de parler de la nécessité supérieure de combattre l’Etat islamique, alors que ce dernier n’occupe plus que deux pour cent du territoire syrien et que sa présence se réduit chaque jour comme une peau de chagrin. En vérité, DAESH est foutu et il ne constitue plus une menace pour personne ; confronté à deux coalitions conduites par les deux plus grandes puissances militaires de la planète, qui ont engagé sur un mince couloir de 50km resserré autour de l’Euphrate leurs meilleurs avions et la crème de leurs troupes d’élite, cela ressemble à des manœuvres d’entraînement à balles réelles. On se demande d’ailleurs pourquoi poursuivre les bombardements aériens massifs sans discernement sur les zones peuplées. Cela fait penser à du sadisme. Et nous ne pouvons nous empêcher d’imaginer ce que seraient les réponses de Washington, de Moscou et du reste du monde si le Khe’l Avir se comportait de la sorte à Gaza lorsque le Hamas bombarde les villes du Néguev.

 

Il est aujourd’hui évident que Trump et Poutine se sont mis d’accord sur les zones d’occupation respectives jusqu’à la frontière iraquienne. Sauf que, stratégiquement parlant, la zone réservée aux Américains n’a presque plus d’importance.

 

Et nous sommes convaincus, à Métula, mais aussi Michaël Béhé à Beyrouth, Fayçal Hache à Amman et, bien sûr, Perwer Emmal sur le front de l’Euphrate, que les derniers détails de ce partage ont été réglés le 11 novembre dernier en marge du Sommet pour la Coopération Economique Asie-Pacifique, qui se réunissait au Vietnam.

 

Les deux hommes se sont rencontrés à trois reprises. Trump disait vouloir évoquer la situation en Corée du Nord, en Ukraine et en Syrie, mais, de l’aveu même de l’entourage du président, les deux hommes n’ont parlé que de l’influence russe sur les dernières élections présidentielles U.S. et de la Syrie.

 

Tout est là, nous en sommes convaincus. Les entretiens ont été tenus à l’emporte-pièce, dans la nervosité, sans que le président américain n’accepte de rencontrer le Tsarévitch dans un endroit éloigné de la conférence pour un long entretien. Ce qu’ils avaient à se dire ne le nécessitait pas. Il s’est agi d’un diktat de Poutine, qui sait quelque chose de très dérangeant pour Trump et qui lui fait du chantage.

 

 

Maudite rencontre

 

Quelque chose de suffisamment important pour forcer le président-milliardaire à rester à l’écart de l’Autoroute iranienne et pour accepter la présence durable des Iraniens en Syrie, et notamment à cinq kilomètres de la frontière israélienne et 25 de notre rédaction.

 

C’est tout sur le fond. Cela ne signifie pas que le pensionnaire de la Maison Blanche soit soudain devenu anti-israélien ou qu’il ait été pris d’une remontée soudaine de sympathie pour les ayatollahs. Ca veut dire qu’il n’a pas le choix, que l’autre le tient par les ouïes.

 

Et la phrase de Lavrov sur la légitimité des Pasdaran dans le pays d’al Assad, prononcée à dessein quelques heures après l’entente écrite entre Moscou et Washington prévoyant que toutes les forces étrangères devaient quitter la Syrie, n’était rien d’autre qu’une démonstration de force et de cruauté destinée à l’homme le plus puissant de la Terre.

 

C’est évidemment aux Américains que les Israéliens auraient dû adresser leurs récriminations, puisqu’ils sont nos amis et qu’ils ont signé cet accord qui fragilise notre sécurité mais cela n’aurait pas été diplomate. Alors Jérusalem a critiqué Poutine, pour ne pas avoir tenu compte de nos requêtes en la matière et avoir souvent promis à Netanyahu qu’il le ferait. Mais qui croit encore aux promesses de Poutine ? Ces derniers jours, le Premier ministre a plusieurs fois tenté d’appeler Trump au téléphone pour aborder ces choses en privé. Mais lorsqu’il est en situation inconfortable, le président ne répond pas et on est redirigé sur ses secrétaires et sur les généraux qui n’ont rien à dire d’intéressant.

 

Pour Israël et les peuples de région, cette double soumission est très lourde de conséquences. Les plus mal lotis étant les chrétiens, les sunnites et les Druzes libanais, dont le désir d’indépendance a du plomb dans l’aile, Khamenei n’ayant strictement plus aucune raison de desserrer son étreinte autour du cou du pays aux cèdres. Et on voit mal ce que le retour au bercail de Saad Hariri pourrait changer dans l’équation. D’ailleurs, si j’étais à sa place, j’opterais pour un asile doré entouré de moyens de protection exceptionnels.

 

Pour Jérusalem, cela change la donne stratégique en profondeur : jusqu’aux événements de ces derniers jours, les experts de Tsahal devaient envisager une guerre asymétrique face au Hezbollah au Liban. Dorénavant, cela se complique par la perspective d’une implantation massive de militaires iraniens dans tout l’ouest syrien, et par le risque d’une confrontation traditionnelle sur le Golan. Et en attendant icelle, par une multiplication des incidents sur cette frontière.

 

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Raid israélien stratégique en Syrie (010709/17)  
Analyse
jeudi, 07 septembre 2017

 

Par Jean Tsadik

 

La nuit dernière (mercredi à jeudi), le Khe’l Avir, l’Aviation israélienne, a mené un raid contre un important complexe militaire en Syrie. La cible visée, Masayaf (également orthographiée Messiaf), est située à 213 kilomètres à vol d’oiseau de Métula, le point israélien le plus proche de l’objectif. Selon des sources concordantes, la position a été totalement détruite. Selon Amos Yadlin, l’ancien patron du renseignement militaire israélien, elle abritait un centre de développement scientifique à usage militaire, le SSRC, et l’on y manufacturait des missiles de précision ainsi que d’autres types d’armements.

 

La Ména ajoute que ce complexe utilisait les compétences iraniennes en la matière, et accueillait en permanence un grand nombre de techniciens perses et de membres du Hezbollah libanais.

 

Toujours selon Yadlin, on y fabriquait entre autres des armes chimiques et des barils d’explosifs, responsables de la mort de milliers de Syriens. L’ancien général, qui fut également notre attaché militaire à Washington, souligne que "cette attaque constitue enfin une prise de position morale israélienne à propos du massacre qui se déroule en Syrie".

 

 

Masayaf : total destroy

 

Les usines de Masayaf approvisionnaient aussi les forces gouvernementales et la milice du Hezb, supplétive du régime des ayatollahs, en armement sophistiqué potentiellement dangereux pour l’Etat hébreu. Il est clair qu’Amos Yadlin ne s’est pas exprimé de sa propre initiative, alors que le porte-parole de Tsahal, comme à son habitude, se refuse à commenter l’information.

 

Il existe une probabilité élevée pour qu’un chargement important destiné au Liban se trouvait en phase terminale de production.

 

Contrairement à Israël, le commandement général de l’Armée syrienne a émis un communiqué dans lequel il confirme qu’ "à 02h42 du matin, l'aviation ennemie a tiré plusieurs missiles depuis l'espace aérien libanais, visant l'une de nos positions près de Masayaf, causant la mort de deux soldats syriens et des dégâts matériels. Cet acte agressif", poursuit la communication de l’Armée de Bashar al Assad, "pourrait avoir de dangereuses répercussions pour la sécurité et la stabilité de la région".

 

A notre avis, l’oblitération de ce complexe n’aura, au contraire, que des conséquences salutaires. D’autre part, connaissant les activités qui s’y déroulaient et au vu des photos disponibles des résultats de l’opération de cette nuit, le bilan admis par Damas ne concorde pas avec la réalité. D’ailleurs, d’autres sources arabes font état ce jeudi matin d’un nombre beaucoup plus conséquent de victimes, mortes et blessées.

 

La base militaire qui jouxtait les installations de recherche et de production et où les armes étaient entreposées à lui aussi été détruit.

 

Fait intéressant, c’est hier que les enquêteurs de l’ONU ont pour la première fois accusé le gouvernement syrien d’avoir commis un crime de guerre, lorsque, le 4 avril dernier, il a fait bombarder la ville syrienne de Khan Cheikhoun au gaz sarin. Un gaz de combat plus que probablement produit à Masayaf, qui, en cette seule occasion, avait provoqué la mort d’entre 100 et 200 civils et en avait blessé plus de 500.

 

Le raid de cette nuit ne fut pas une opération habituelle, même si, ces cinq dernières années, de l’aveu du commandant sortant de l’Armée de l’air, le Major Général Amir Eshel, le Khe’l Avir a réalisé au moins une centaine de sorties contre le Hezbollah et ses alliés.

 

La raison de cette complexité avait encore été rappelée par notre rédacteur en chef Stéphane Juffa dans un article du 25 août dernier, lorsqu’il indiquait que, dans la zone de Lattaquié, "des satellites espions ont photographié les travaux d’édification d’une fabrique de missiles. Le problème de cet emplacement, pour l’Etat hébreu, se situe dans le fait qu’il se trouve à quelques kilomètres des aéroports réquisitionnés par les Russes de même que de leur centre naval de Tartous. Une intervention du Khe’l Avir dans leur pré carré aurait de fortes chances de se terminer par un affrontement aérien avec les pilotes de Poutine. Inversement, l’inaction d’Israël se solderait par la présence de missiles capables d’atteindre n’importe quelle portion de son territoire".

 

Or, précisément, Masayaf se situe à 44km de Tartous, la plus grande base de la Marine russe à l’extérieur de son territoire, et à 48km de Kmeimim, l’aéroport que les Russes ont réquisitionné au sud de Lattaquié pour mener leurs opérations en Syrie. Autant dire que pour un F-16, ces positions russes se trouvaient à moins de trois minutes de vol de leur objectif de cette nuit. Autant dire, par là-même, qu’ils avaient ces bases de l’Armée de Poutine à portée de missiles.

 

 

Service cartographique © Metula News Agency

 

Pour ces raisons, les pilotes à l’étoile de David ont sans doute largué leurs missiles ultra-précis à partir du territoire libanais, à 42km de Masayaf, et quasiment à équidistance de Tartous…

 

A partir de là, il nous faut considérer deux hypothèses : la première est que Jérusalem, sans prévenir Moscou ou en l’informant au dernier moment, a pris le risque d’une confrontation avec les Mig et les Soukhoï, dans le souci d’avertir Vladimir Poutine qu’Israël ne braderait pas ses intérêts sécuritaires supérieurs par égard pour la présence russe. Si ce postulat est le bon, il s’agit d’un message significatif et couillu adressé au Tsarévitch.

 

La seconde hypothèse voudrait que Messieurs Netanyahu et Poutine aient discuté de ce raid lors de leur dernière rencontre à Sotchi. Et que cela arrangeait bien les Russes que les Israéliens les débarrassent des ressources de leurs protégés syriens en gaz de combat, dont l’emploi ternit chaque fois leur image de marque. Particulièrement après que le régime de Damas a affirmé à maintes reprises avoir éliminé cette arme de destruction massive comme ordonné par la communauté internationale.

 

Nous ne connaissons pas la réponse à cette interrogation, mais nous penchons cependant pour la première éventualité. Pour la raison que Moscou vient de barrer, au Conseil de Sécurité, une résolution condamnant le Hezbollah, et qu’il aurait été très salutaire pour la suite de faire savoir à M. Poutine qu’Israël n’est que modérément impressionné par ses tergiversations et que notre confiance en sa parole connaît de sérieuses limites. A cela, l’on peut ajouter qu’en cas de confrontation localisée, le contingent russe ne fait pas le poids face à la technologie des Hébreux ; et même si cela participerait de la pure folie, pour Jérusalem, de s’engager dans un conflit armé avec la seconde puissance mondiale, l’image d’une déconvenue cuisante face à Israël, sans raison réelle de s’y exposer, aurait des répercussions dramatiques pour le prestige du Tsarévitch.

 

En résumé, les deux camps n’ont rien à gagner dans une confrontation militaire même limitée, assurément pas pour un jeu qui n’en vaut pas la chandelle, car Moscou n’a pas pour vocation de protéger les Syriens, le Hezb et les Iraniens à n’importe quel prix.

 

Deux autres considérations sont à prendre en compte au sujet du raid sur Masayaf : la semaine prochaine se dérouleront à la frontière nord d’Israël les plus grandes manœuvres militaires depuis la création de l’Etat. Près de 50 000 hommes y participeront, soit huit à neuf divisions, sans compter la Marine, l’Aviation et le Renseignement. Or l’on sait que, dans l’establishment de la Défense, certains envisagent d’un bon œil une opération préventive contre l’Iran et le Hezbollah, au Liban et sur le Golan. Parmi les officiers de Tsahal, tous sont en effet convaincus qu’une confrontation avec la milice chiite libanaise est inévitable et ne constitue qu’une question de temps.

 

Ceux qui y sont favorables savent que le Hezb est empêtré avec l’élite de ses combattants en Syrie, et que leur administrer une bonne correction dans ces conditions ne revêt aucune difficulté particulière. Cela peut, de surplus, faire l’économie d’un conflit ultérieur plus délicat, qui fait peser une lourde menace sur les habitants des agglomérations frontalières à l’instar de Métula.

 

Il est vraisemblable qu’une décision de déclencher les hostilités dans le courant de cet exercice n’a pas été prise. Mais il n’en est pas moins certain que Tsahal se tient prêt à exploiter à son avantage toute provocation éventuelle de la part de ses ennemis, comme, par exemple, une tentative de lancer des représailles après l’annihilation de Masayaf. Cela explique assurément pourquoi le communiqué de l’état-major syrien, ce jeudi matin, ne contenait pas la moindre menace.

 

A Métula, ayant écouté distraitement quelques échanges radio de nos ennemis, nous pouvons vous dire qu’ils se trouvent dans un état de grande excitation, proche de l’hystérie. Il est vrai qu’avec les forces qui sont concentrées en Haute-Galilée, sur mer et dans les airs, il ne faudrait pas grand-chose pour les envoyer tous autant qu’ils sont, ou ce qu’il en resterait, auprès des 72 houris au paradis des terroristes.

 

Dernier point de référence stratégique, la position de plus en plus ferme de l’Arabie Saoudite et des pays sunnites contre le Hezbollah. Cette semaine, les Saoudiens ont exigé des Libanais de choisir clairement entre leur camp ou celui des Iraniens. Il ne fait aucun doute qu’en cas de conflit, les Arabes feraient cause commune avec les Hébreux, les signes de coopération entre eux allant croissant de plus en plus rapidement.

 

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Pourquoi le "peuple palestinien" fut-il inventé (info # 012008/17)  
Analyse
dimanche, 20 août 2017

 

Par Guy Millière

 

J’ai publié il y a quelques années un petit livre co-écrit avec David Horowitz, appelé "Comment le peuple palestinien fut inventé". Nous y expliquions la généalogie de l’invention. Nous y insistions sur le but de l’invention, même si cette finalité ne constituait pas le centre du livre. Il me semble plus que jamais nécessaire aujourd’hui d’expliciter et de souligner cet objectif, car il permet de saisir toute la monstruosité de l’invention.

 

Quand le mouvement sioniste a pris forme et consistance, et quand des Juifs sont revenus sur la terre d’Israël à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième siècle, on le sait, mais ce doit être répété, il y avait là des Arabes, peu nombreux, sujets de l’empire ottoman à l’époque. Ces Arabes ne demandaient rien de particulier. Ils vivaient de manière misérable. Les Juifs revenant sur les terres d’Israël ont fondé des entreprises et cultivé la terre, créé de la richesse là où il n’y en avait pas. Nul n’aurait appelé ces Arabes “Palestiniens”, pas même eux-mêmes. La notion de “peuple palestinien” n’existait pas.

 

Durant la période précédant la création de l’Etat d’Israël, le terme "Palestinien" était exclusivement réservé aux Juifs de Palestine. Leur sélection nationale de football s’appelait Palestine, leur banque principale [aujourd’hui Banque Léumi] se nommait la Société Anglo-Palestinienne, leur journal principal était le "Palestine Post", devenu le "Jerusalem Post", tous les timbres qu’ils ont émis portaient la mention "Palestine", les quinze "Bataillions de Palestine" formés pas l’Armée britannique en 1940 et qui combattirent durant la Campagne de Grèce en 1941, ne comprenaient évidemment que des Juifs, etc.

 

 

Ici le drapeau de la Palestine dans l’édition du Larousse de 1939

 

Lorsque la grande révolte arabe [1936-1939], encouragée par les Britanniques, a éclaté, la promesse a été faite au chérif de La Mecque, en Arabie, qu’un grand territoire arabe proche-oriental retrouverait sa souveraineté. La déclaration Balfour avait été signée quelques années auparavant (1917). Il n’a été question nulle part, ni dans les promesses faites au chérif, ni dans la déclaration Balfour, de la création d’un Etat palestinien, et moins encore d’un “peuple palestinien”. Les Arabes vivant sur la terre d’Israël étaient encore et toujours peu nombreux. Ils ne demandaient encore et toujours rien de particulier. Leur niveau de vie s’était amélioré grâce à la présence juive. Nul ne les aurait, encore et toujours, appelés “Palestiniens”. La notion de “peuple palestinien” n’existait toujours pas.

 

 

La réunion de la Ligue Arabe au Caire, en 1964, qui décida de la création de

l’Organisation de Libération de la Palestine

[On reconnaît autour de la table, second à partir de la gauche, Gamal Abdel Nasser, le président égyptien, et, quatrième, le Roi Hussein de Jordanie]

 

Lorsque le redécoupage du Proche-Orient a été réalisé par les Français et les Britanniques, ils ont dessiné l’Irak, la Syrie, le Liban, les frontières de l’Egypte, de l’Arabie Saoudite et de la Turquie. Un territoire appelé Mandat palestinien a été établi, dont quatre-vingt pour cent ont été attribués au bout de quelques mois à l’un des héritiers de la dynastie chérifienne chassée de La Mecque : c’était la Transjordanie, qui deviendra plus tard la Jordanie. Les Arabes vivant en Transjordanie, puis en Jordanie, ont été gouvernés par une dynastie venue de La Mecque : ils sont devenus Transjordaniens, puis Jordaniens. Nul ne les aurait, toujours et encore, appelés “Palestiniens”. La notion de “peuple palestinien” n’existait toujours pas, non.

 

Les Arabes vivant sous le Mandat palestinien résiduel (amputé de la Transjordanie) ont été placés sous la coupe des Britanniques, censés gérer le Mandat avec pour finalité la création du foyer national juif. Les Arabes en question ont été soumis (avec la bénédiction des Britanniques) à l’influence d’un agitateur islamiste antisémite, Amin al Husseini, qui les a incités à commettre des pogroms et à haïr les Juifs. Leur nombre s’est accru, parce que la richesse créée par les Juifs a fait venir des immigrants arabes des pays voisins, et parce que les Britanniques leur ont ouvert les portes du mandat tandis qu’ils les fermaient aux Juifs. Nul ne les aurait appelés “Palestiniens” toujours et encore. La notion de “peuple palestinien” était toujours totalement absente.

 

Entre 1948, année de la renaissance d’Israël et 1967, des guerres arabes ont été fomentées, dont le seul but consistait à détruire Israël. Une guerre supplémentaire a été dirigée contre Israël en 1973. Aucune de ces guerres n’a été menée au nom du “peuple palestinien”. La notion de “peuple palestinien” était totalement absente en 1948 et en 1967. En 1973, elle était trop récente pour qu’une guerre puisse être conduite en son nom.

 

En 1964, la Ligue Arabe, réunie au Caire, a d’abord créé un mouvement terroriste regroupant plusieurs groupuscules eux-mêmes terroristes, à l’instigation de l’Union Soviétique : l’Organisation de Libération de la Palestine. Ce n’est que trois ans plus tard que l’OLP a commencé à être présentée comme un “mouvement de libération nationale”. La volonté de détruire Israël et d’exterminer les Juifs paraissait plus présentable aux yeux du monde extérieur sous les atours d’un “mouvement de libération nationale”.

 

La notion de “peuple palestinien” est apparue un peu plus tard, début 1970. L’OLP, au départ, devait “libérer” le territoire d’Israël (donc détruire Israël et exterminer les Juifs), sans toucher à la Judée-Samarie, que la Jordanie avait annexée à son territoire, de 1949 à 1967, et qu’elle souhaitait retrouver. L’OLP a tenté de renverser le roi de Jordanie en septembre 1970, en déclenchant l’opération Septembre noir. Cette guerre civile coûta la vie à environ 20 000 personnes.

 

Depuis le début 1970, les Arabes vivant sur la terre d’Israël et en Judée-Samarie se sont vus répéter qu’ils étaient le “peuple palestinien”. Les Arabes ayant quitté Israël en 1948 et qui sont maintenus artificiellement dans des camps dans des pays tels que le Liban, la Jordanie et la Syrie se sont vu répéter la même chose.

 

C’est la première fois dans l’histoire qu’un peuple a été inventé de cette façon et que les membres de ce peuple ont dû apprendre qu’ils étaient membres de ce peuple.

 

Cette invention a donné à ce “peuple” une identité reposant sur une falsification de l’histoire. Des propagandistes palestiniens disent que le peuple palestinien existe depuis longtemps (ils prétendent parfois que les “Palestiniens” sont les descendants des Philistins de l’antiquité), ce qui est historiquement faux.

 

Cette invention a eu pour fin d’occulter l’histoire des Juifs en terre d’Israël. Et des propagandistes “palestiniens” affirment que les Juifs n’ont aucun passé sur les terres d’Israël, ce qui est non seulement totalement faux, mais relève aussi du négationnisme, puisqu’en niant le passé des Juifs sur la terre d’Israël, c’est l’existence du peuple juif lui-même qui se trouve ainsi niée.

 

Cette invention, surtout, a été conçue pour faire du "peuple palestinien fabriqué" une grande arme de destruction massive destinée à annihiler concrètement un autre peuple, puisque l’objectif assigné au “peuple palestinien” est de “libérer” la terre d’Israël en détruisant Israël et en exterminant les Juifs.

 

L’invention du “peuple palestinien” est destinée à accomplir ce que les armées arabes n’ont pu réaliser de 1948 à 1973. C’est la première fois dans l’histoire qu’un peuple a été inventé aux fins de devenir une grande arme de destruction massive destinée à annihiler concrètement un autre peuple.

 

C’est une invention monstrueuse aux dépens d’Israël et du peuple juif. C’est aussi une invention monstrueuse à l’encontre des Arabes dont on fait le “peuple palestinien”, car transformer des êtres humains en armes de destruction par fanatisation consiste à en faire délibérément des monstres sacrificiels destinés à finir dans un bain de sang.

 

Cette invention est dès lors un double crime contre l’humanité : l’un est commis contre le peuple juif, l’autre contre les Arabes dont on a fait le “peuple palestinien”.

 

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5 juillet 1962, le massacre d’Oran (info # 011207/17)  
Analyse
mercredi, 12 juillet 2017

 

Par Raphaël Delpard

 

Tout le long du 5 juillet 2017, mes pensées allèrent à cet autre 5 juillet 1962, au cours duquel 3 000 Français et de nombreux Algériens furent assassinés ; un jour qui fut qualifié par l'historien Gérard Israël de pogrom.

 

La libération du peuple algérien s'est faite dans le sang et le déshonneur ; déshonneur pour le gouvernement français, lequel, sur ordre de Charles de Gaulle, abandonna la population oranaise, tant européenne qu’algérienne, la livrant sans défense à la furie vengeresse des vainqueurs ; ceux-ci profitèrent de l'occasion qui leur était offerte pour organiser un massacre de masse.

 

Pour comprendre ce qui s’est passé, il nous faut remonter l'histoire de manière à reconstituer la succession des étapes qui ponctuèrent les derniers mois de la présence française en Algérie.

 

Il y eut tout d'abord la conférence d'Evian, qui s'est tenue au mois de mars 1962 entre les nationalistes algériens et les représentants de l'Etat français.

 

De Gaulle, pressé d'en finir avec le dossier algérien qu'il considérait comme un boulet l'empêchant de s'élancer dans le monde et d'y prodiguer sa parole, accéda à toutes les demandes formulées par les représentants du "gouvernement provisoire de la République algérienne".

 

 

Des Européens arrêtés par des Algériens armés

Ils n’ont plus que quelques minutes à vivre

 

Rappelons, pour être conforme avec l'histoire, que les Algériens ne signèrent pas les accords. Mais tous les articles qui leur étaient favorables furent appliqués à la lettre par le gouvernement de la métropole. N'oublions pas de mentionner non plus le blanc-seing accordé par de Gaulle, d'une façon officieuse au chef de la délégation algérienne, qui consista à autoriser le Colonel Houari Boumediene, stationné à Oujda au Maroc avec ses unités, à entrer en Algérie le jour de l'indépendance. Or, parmi les égorgeurs des Français et des Algériens à Oran, le 5 juillet 1962, se trouvaient nombre de soldats appartenant au régiment de Boumediene.

 

On pouvait imaginer que les Algériens ayant réussi à faire plier un grand Etat s'en tiendrait à cette victoire, or il n'en fut rien. Il fallait que les Français partissent au plus vite, et pour hâter leur départ, le nouveau pouvoir décida qu’il était nécessaire de créer une période de chaos. Les attentats se multiplièrent, les enlèvements de civils faisaient rage ; on tuait, on assassinait à tous les coins de rue, on violait les femmes dans les cours des immeubles, on exterminait les hommes en les plongeant dans des bains d'acide.

 

Cette ambiance funeste semblait ne pas suffire à de Gaulle, car il dépêcha des policiers de Paris - les Pieds noirs les appelèrent "Barbouzes" - avec l'unique mission de jeter en prison le premier Pied-noir venu qui aurait eu l'outrecuidance de chanter la Marseillaise au passage d'un camion militaire, ou pire encore, d'entonner le chant des Africains, l'hymne des Européens d'Algérie.

 

A compter du cessez-le-feu - il intervint le 19 mars 1962 -, l’Algérie était censée vivre dans la paix. Les uns n'avaient-ils gagné ? Et les autres, piteusement perdu ? Eh bien non ! Ce fut une période de sang et de meurtres, comme il ne s'en était pas produite durant les huit années que dura le conflit.

 

Oran avait eu la chance d'échapper aux turpitudes entraînées par la guerre, ne subissant que très rarement le terrorisme aveugle des révolutionnaires. Les troubles commencèrent lorsque les habitants comprirent que de Gaulle allait livrer l'Algérie avec les meubles au FLN. La mobilisation en faveur de l'OAS1, purement épidermique, fut davantage importante pour l'idée d'une Algérie éternellement française que pour les pratiques musclées et sanguinaires ressemblant trop à celles des nationalistes algériens.

 

Les activistes français d’Oran apparaissaient, depuis l'Elysée à Paris, comme un empêchement à la bonne réalisation des accords d'Evian. Il fallait les faire taire, les punir d'oser affronter l'autorité du chef de l'Etat français et, suprême insulte, d'être des militants de la formation factieuse. Et pour y parvenir, on jugea nécessaire d'employer les moyens les plus vigoureux.

 

Le général Katz fut chargé de la besogne. Dès sa nomination, de jour comme de nuit, les arrestations allèrent bon train. Les détenus étaient conduits sous escorte militaire et parqués dans l’un des stades de la ville. Ils restaient ainsi deux ou trois jours sans manger ni boire. Ensuite ils étaient dirigés vers la prison, rapidement engorgée. La population européenne oranaise eut donc, à compter du 19 mars 1962, à lutter contre l'Armée française et le FLN, unis contre les activistes de l'OAS. C'est-à-dire, la population civile.

 

Le 5 juillet 1962, jour de l'Indépendance de l'Algérie approchait. Les 26 et 27 juin, des camions militaires français sur lesquels on avait arrimé des haut-parleurs sillonnèrent les rues, invitant la population française à ne pas rester cloîtrée chez elle. Un comité avait vu le jour et avait établi un programme de festivités.

 

Les haut-parleurs, se souvient Gérard Israël, diffusaient le lancinant et rassurant message : "Oranaises, Oranais, ne vous affolez pas. L'Armée est et restera en Algérie pendant trois ans pour assurer votre sécurité".

 

Mensonge ! Depuis les accords d'Evian, l'Armée française fut mise sur la touche sur l’ensemble du territoire. Elle ne pouvait intervenir qu'à condition d'avoir obtenu au préalable l'autorisation de l'exécutif algérien. L'autorité française n'était qu'une réalité de papier. A Oran, il n'y avait plus ni préfet ni commissaire de police. Les Oranais ne pouvaient pas appeler le commandement militaire en cas de besoin, car le central téléphonique ayant été endommagé, les communications ne passaient pas.

 

La population, toute la population, est ainsi livrée aux nationalistes algériens. Ajoutons l'ignominie du Président de la République française. Jamais dans l'histoire de France, pourtant richement émaillée de drames divers, il n'y eut un pouvoir qui osa abandonner ses nationaux. De Gaulle l'a fait. Le 5 juillet 1962, les gardes mobiles, les gendarmes, et l'Armée sont consignés dans les casernements avec interdiction absolue de sortir quoiqu'il puisse arriver.

 

5 juillet 1962. Vers 10 heures, on signale que des bandes incontrôlées envahissent le quartier juif à la hauteur des rues de la Révolution et d'Austerlitz ; elles se livrent à un pillage en règle des magasins. Le quartier est vide ou pratiquement. Les Juifs ont quitté Oran depuis des semaines, car dans les familles, les manifestations antijuives des années vingt et trente sont encore vivaces, et qui plus est, les Juifs savent que, de toute éternité, s'il y a une émeute, ce sont toujours eux que l'on visera en premier.

 

11 h 43 précisément, devant le théâtre municipal. Dans la foule massée se mêlent des Européens et des Algériens. L'annonce faite six jours auparavant justifie la présence des Français. On y trouve aussi des responsables du FLN. Des détails trahissent leur impatience. Soudain, quatre coups de feu sont tirés. Immédiatement des jeunes Algériens quittent la foule et se ruent dans des directions opposées en criant : "C'est l'OAS, c'est l'OAS qui nous a tirés de dessus !".

 

La foule est d'abord incrédule, puis, sans trop connaître la raison, tout le monde se met à courir en hurlant : "OAS ! OAS !". De ce rassemblement pacifique émergent des hommes en armes qui tirent dans toutes les directions. Des femmes et des hommes tombent, morts ou blessés.

 

Place Kargueutah, la fusillade éclate à peu près au même moment. Tous les Européens sont tués sur place. Dans une brasserie, quatre Français jouent aux cartes en buvant une anisette. Des Arabes entrent, les font sortir, mains sur la tête, et ils les abattent de sang-froid.

 

La folie s'empare des rues. Les femmes algériennes vont en bande et agressent les hommes européens qu'elles rencontrent. Poussant de sinistres youyous, elles leur crèvent les yeux ou leur lacèrent le visage avec leurs ongles, jusqu'à ce qu'ils ne ressemblent plus qu'à des plaies vivantes.

 

A la base militaire de Valmy, des jeunes Français du contingent entendent derrière les murs de la caserne les cris des Européens qui tombent sous les balles ou sous les coups de hache. Exaspérés de ne pouvoir rien faire, ils finissent par prendre à partie les officiers. Ils leur reprochent de laisser la population se faire massacrer sans intervenir : "Si vous n'avez pas le courage d'affronter les meutes d'assassins, donnez-nous des armes et nous le ferons à votre place !". Les officiers sont troublés, on leur a rapporté que quatre Français ont été pendus à des crochets de boucher dans le quartier de la Marine. Mais si nombre d'entre eux pensent qu'il est de leur devoir d'intervenir, l'absence d'ordres l'emporte sur leur détermination.

 

 

Ensuite ce fut le massacre

Un autre épisode de son histoire que la France s’efforce par tous les moyens d’oublier.

Mais lorsque que le président Emmanuel Macron affirme, en février dernier, que

"La colonisation (…) est un crime contre l’humanité", les victimes de ce crime

ne sont pas les Français d’Oran mais bien ceux qui les ont égorgés

 

Un seul officier désobéira. Il s'agit du Lieutenant Rabah Kheliff, un musulman pro-français. Il explique les consignes du Commandement militaire.

 

"Que disaient-elles ? L'Algérie étant devenue indépendante depuis le 2, en conséquence, le 5 juillet, nous devions rester dans les cantonnements. Je trouvais bizarre cet ordre et surtout peu conforme aux accords d'Evain. Ceux-ci prévoyaient clairement le maintien de quatre-vingt mille hommes en Algérie pour assurer la sécurité des personnes et des biens, or, le jour d'une manifestation aussi importante, nous ne devions pas sortir des casernes ! Je dois ajouter que ce qui alimentait mon trouble venait des informations que nous recevions depuis le 19 mars, faisant état d'enlèvements, d'assassinats d'Européens, et de musulmans pro-français. Bref, je ne comprenais pas cet ordre. Ma conscience me commandait la désobéissance. J'ai donc décidé de quitter la caserne à la tête de mon bataillon, soit trois cents hommes. Aucun d'entre eux n'a fait la moindre difficulté pour me suivre, et j'ai vu sur les visages de certains qu'ils étaient soulagés par la décision que j'avais prise.

 

J'avais capté une information indiquant que quatre cents Européens se trouvaient entre les mains d'une unité de l'ALN - Armée de Libération Nationale - arrivée depuis du Maroc où elle attendait de pouvoir agir sur le territoire algérien. Je suis arrivé sur place, et en effet, j'ai pu constater que les Européens attendaient qu'on les embarque dans des camions. Ils étaient voués à la mort. Avec mon unité, j'ai encerclé les soldats algériens, puis je me suis adressé à un homme en civil, faisant office de préfet du pouvoir algérien. "Monsieur", lui ai-je dit, "je vous demande de donner l'ordre aux militaires de l'ALN de quitter les lieux au plus vite. Mon intention est de libérer les Français et les Algériens qui sont arbitrairement retenus. Je vous donne cinq minutes, pas une de plus. Au-delà du délai, j'agirai en conséquence".

 

Le "préfet" a parlementé avec l'officier algérien, et ce dernier a levé le camp avec ses hommes. J'ai dû affronter la foule composée exclusivement d'Algériens qui était présente, qui était furieuse de la libération des Européens. Les gens bavaient de haine et voulaient leur mort. La foule m'a encerclé à mon tour, et les coups ont commencé à pleuvoir. J'ai dû la vie sauve à mes soldats, ils m'ont extrait des griffes de mes agresseurs. C'était l'ambiance d'une Saint-Barthélemy. Ce n'est pas tout, dans le courant de l'après-midi, j'apprends par un de mes indicateurs que des soldats algériens, armés jusqu'aux dents, m'attendent à la sortie de la caserne. Je suis sorti en civil, planqué sur le plancher d'un camion avec une protection militaire. J'ai quitté Oran le jour même par avion. Destination Lyon. J'ai appris plus tard que le FLN avait décidé de m'éliminer". Rabah Kheliff est décédé le 3 novembre 2003 à Lyon. Il fut, sa vie durant, un patriote français, respectueux des lois de la république du pays dans lequel il avait placé sa confiance.

 

L'après-midi, les meurtres se poursuivent sans répit. Les émeutiers pénètrent dans les immeubles, brisent les portes des appartements et assassinent les occupants. J'ai interrogé un homme qui a réussi fort heureusement à se glisser derrière un meuble lorsque la porte de l'appartement a été brisée par les assaillants. Il a vu sa famille massacrée à coups de hache.

 

A 17 heures, le général Katz est sorti de la caserne où il attendait à bord d'un véhicule militaire ; il parcourut les rues et les places jonchées de morts, tous des Européens. Il constata ainsi que le plan avait fonctionné.

 

Il quittera Oran le 13 août 1962. Ce jour-là, le ministre des Armées, Pierre Mesmer, lui remettra la Croix de Valeur Militaire avec palme "pour avoir su rétablir et préserver avec force et dignité l'autorité légale et l'ordre public".

 

Vous avez pu constater que depuis cinquante-cinq ans, dans un pays pourtant si friand de cérémonies de repentance, jamais un gouvernement, jamais une formation politique, n'a proposé, et ni même tenté d'organiser un hommage à la mémoire de ces Français tombés sous les balles du vainqueur algérien, que le pouvoir gaulliste avait livré aux bourreaux.

  

 

Note :

1OAS : https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_arm%C3%A9e_secr%C3%A8te

 

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Tirs perdus dans le Golan, riposte dévastatrice de Tsahal (info # 010207/17)  
Breaking News !
samedi, 01 juillet 2017

 

© Metula News Agency

 

3h 20 à Métula, 2h 20 à Paris

 

Ce samedi, six projectiles en provenance de Syrie ont encore explosé en territoire israélien à proximité de la frontière internationale. L’un d’eux a atterri à l’extrémité d’un terrain appartenant au kibboutz Mérom Golan, situé au pied du cratère volcanique du mont Bental et face à la ville syrienne abandonnée de Kuneitra. Il a causé des dégâts superficiels.

 

Quatre des projectiles mentionnés sont tombés en Israël durant la soirée. Toutes ces explosions sont dues à des tirs perdus occasionnés par les combats extrêmement violents qui opposent rebelles et forces gouvernementales dans le Golan syrien, à proximité immédiate de l’Etat hébreu. Durant l’après-midi, le bruit des échanges de l’artillerie lourde des deux camps était parfaitement audible à la rédaction de la Ména, à plus de 25km du théâtre des opérations.

 

Le porte-parole de Tsahal, le général Ronen Manelis, a adressé une sérieuse mise en garde au régime de Damas, suite aux premiers tirs de roquettes de la journée de samedi. Le général a déclaré qu’ "Israël considère que le régime syrien est responsable de chaque violation de ses frontières et réagira de manière appropriée", ajoutant que son pays maintenait sa politique de non implication dans la Guerre Civile en Syrie, mais que l’Etat hébreu ne tolèrerait aucune violation de sa souveraineté.

 

Plus tard dans la soirée, Tsahal a réagi militairement en oblitérant une batterie d’artillerie gouvernementale. De source syrienne, au cœur des affrontements et en exclusivité, la Ména a appris qu’au moins un milicien chiite libanais du Hezbollah avait été tué dans la réplique de Tsahal et plusieurs autres blessés.

 

Les miliciens hezbollanis participent à la Guerre Civile Syrienne au nombre de 7 000, aux côtés des forces alaouites du dictateur Bashar al Assad et de 7 000 soldats de l’Armée iranienne.

 

Hier déjà, également à la suite d’ "obus perdus" ayant explosé en Israël, Tsahal était intervenu contre des positions de l’Armée gouvernementale.

 

 
Israël, la Grèce et Chypre (info # 011606/17)  
Radio/audio - interview/reportage
vendredi, 16 juin 2017

 

© Metula News Agency

 

L’analyse de Stéphane Juffa, au micro de Jim Mosko, dans le cadre de l’émission Bruxelles-Métula sur Radio Judaïca https://youtu.be/fIa8eaEWopE

 

Au sommaire :

 

IMPORTANTE REUNION TRIPARTITE A SALONIQUE, jeudi dernier, en Grèce, entre le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, Nicos Anastasiades, le Président cypriote, et Binyamin Netanyahu.

 

Entre plusieurs sujets de coopération scientifique et économique, les trois hommes ont décidé d’accélérer la construction du gazoduc de 2 000km qui transportera le gaz israélien et cypriote du bassin est-méditerranéen vers Chypre, la Grèce, l’Italie et le marché européen.

 

Les réserves de gaz israélien sont estimées à 22 milliards de mètres cubes, ce qui en ferait la quatrième plus grande réserve exploitable de la planète.

 

 

Netanyahu, Nicos Anastasiades et Alexis Tsipras,

l’alliance qui donne le ton dans l’est de la Méditerranée

 

Les trois chefs d’Etat ont également décidé de l’immersion d’un câble électrique sous-marin qui alimentera Chypre et l’île grecque de Crète en électricité israélienne. Ce câble devrait aussi permettre de connecter Israël au réseau européen et rendre ainsi possible les échanges d’énergie avec l’Europe.  

 

LES TROIS LEADERS ONT POSE LA PREMIERE PIERRE D’UN MUSEE DE L’HOLOCAUSTE à Salonique, qui était autrefois une ville à majorité juive, et dont 95 pour cent des membres de cette communauté ont été massacrés par les Allemands à Auschwitz.

 

CHYPRE ET ISRAEL SE SONT LIVREES A UN IMPORTANT EXERCICE MILITAIRE SUR L’ILE D’APHRODITE, cette semaine.

 

500 soldats d’élite du commando Egoz (noix) ainsi que 200 membres des Forces Aériennes ont participé sur place à ces manœuvres conjointes avec la Garde Nationale Chypriote, l’armée de la partie grecque de l’île.

 

Cet exercice poursuivait plusieurs objectifs : 1. Donner l’occasion aux commandos israéliens de s’entraîner dans un environnement qu’ils ne connaissaient pas et qui ressemble au Liban et à la Syrie. 2. Manifester la présence israélienne à Chypre dans le prisme de la protection conjointe des plateformes maritimes d’exploitation de gaz toutes proches. 3. Indiquer à l’Armée turque qui occupe militairement la partie septentrionale de l’île depuis 1974 que l’Armée cypriote dispose désormais d’un puissant allié sur place, et qu’Erdogan ne peut plus menacer impunément les insulaires midi à quatorze heures, ni les empêcher de préparer leur défense comme c’était le cas jusqu’à maintenant.

 

L’exercice s’est déroulé notamment sur les monts Trodos, qui culminent à 2 000 mètres, à quelques kilomètres seulement des positions terrestre turques, pendant que la Marine d’Ankara effectuait elle aussi des exercices au large de la ville cypriote de Paphos.

 

 
L’assaut contre Raqqa va débuter dans quelques heures (info # 010606/17)  
Analyse
mardi, 06 juin 2017

 

Par Perwer Emmal, à 5km de Raqqa

 

L’assaut final contre Raqqa, la capitale de l’Etat Islamique (alias DAESH, IS, ISIS) est désormais imminent. Je me trouve avec les unités des Forces Démocratiques Syriennes (FDS) qui progressent par l’Ouest, à moins de 5 kilomètre de la lisière de Raqqa. Ce sont ces unités qui ont pris le contrôle complet du barrage d’al Baath le weekend dernier, ainsi que de la ville d’al Mansurah, la dernière cité d’une certaine importance qui se trouvait encore entre les FDS et la capitale de DAESH en Syrie (voir la carte jointe).

 

Hier (lundi) et aujourd’hui, 5 villages supplémentaires aux mains de l’ennemi sont tombés après des affrontements intensifs. Ces agglomérations se situent principalement au nord de Raqqa.

 

A l’est de la ville, des hommes du génie consolident des ouvrages enjambant deux petits cours d’eau dans la région de Samra, afin que ces ponts puissent soutenir le passage de matériel lourd. Les positions des miliciens islamiques se trouvent à une cinquantaine de mètres plus loin, mais ils sont soumis à de très denses bombardements d’artillerie.

 

 

La situation, ce mardi, juste avant l’assaut de Raqqa

Service cartographique de la Ména © Metula News Agency

 

A une vingtaine de kilomètres du front on assiste à une concentration de moyens et d’hommes comme on n’en avait encore jamais vue dans le Rojava. Hormis au sud de Raqqa, la cité est totalement encerclée, les FDS se trouvant au contact entre 6 et 3 kilomètres du périmètre urbain.

 

Pour la première fois, en vue de cet affrontement décisif, l’Amérique nous a livré du matériel lourd, en particulier des transports de troupes blindés et des chars. Ces derniers ne sont pas de la dernière génération, ni même de l’avant-dernière, mais ils nous seront très utiles tout de même dans les combats à venir.

 

Ce matin, l’aviation coalisée a pris pour cible un ferry rempli de fuyards qui tentaient de traverser l’Euphrate au sud de Raqqa. Pratiquement tous les occupants de l’embarcation ont péri dans l’attaque, soit environ 25 personnes. On ignore s’il s’agissait de civils ou de déserteurs, ou encore d’un mélange des deux. Il est également plausible que des miliciens islamiques aient abandonné leurs armes et se soient déguisés en civils. De toutes les manières, ce massacre constitue un signal fort destiné à ceux qui pensaient pouvoir s’exfiltrer impunément par le seul point cardinal dépourvu de combattants des FDS.

 

On m’a explicitement demandé de ne pas m’étendre sur les détails des armes remises aux assiégeants afin de ne pas exciter davantage le gouvernement turc qui voit ces livraisons d’un très mauvais œil. Le commandement U.S a d’ailleurs émis un communiqué précisant que cet armement n’était destiné qu’à servir contre l’Etat Islamique.

 

Cette annonce a même été accompagnée de la menace de cesser immédiatement ces dotations au cas où les Kurdes seraient pris à les transférer sur d’autres fronts, notamment face à l’Armée turque et à ses supplétifs issus d’autres organisations islamistes à l’instar d’al Qaëda.

 

Mais cette rhétorique ne correspond pas avec l’ambiance fraternelle qui règne entre les combattants qui se préparent à donner l’estocade. L’Aviation U.S intervient sans cesse contre des positions islamistes dans la ville et à ses abords, où les miliciens disposent encore d’une petite dizaine de points d’appui au nord de l’Euphrate, de plus en plus isolés.

 

L’artillerie yankee et celle des FDS tirent également sans discontinuer, provocant des panaches de fumée dans le camp adverse. Au sol, les commandos américains ont maintenant dépassé le millier d’hommes et ils sont intimement imbriqués, quoique sous commandement distinct, avec les forces régionales. Il me semble aussi distinguer, en nombre largement plus réduit, des forces spéciales britanniques, françaises et peut-être allemandes, qui s’apprêtent à conquérir des objectifs pré-désignés lorsque l’ordre d’ouvrir le feu sera donné.

 

Un responsable kurde de la communication m’a également prié de mentionner – toujours pour ne pas irriter les Turcs qui ne sont pourtant pas dupes – le plus souvent possible que les Forces Démocratiques Syriennes participent d’un cocktail d’Arabes et de Kurdes, dans lequel les Arabes seraient plus nombreux. Si des confrères se plient à cette injonction, ce n’est pas mon cas, ne serait-ce qu’en raison du respect que nous devons à ceux qui suivent nos informations.

 

On nous a dit de répéter à l’envi que les Arabes sont désormais majoritaires dans les FDS, ce qui n’est pas vrai. Je dirais que les Unités de Protection du Peuple kurde, les YPG, représentent toujours plus de 70% des effectifs et 80% du commandement. Depuis dix jours, on nous demande de parler abondamment des Forces d’Elite Syriennes, du Cheikh Ahmad Jabra, en les mentionnant si possible avant les Forces Démocratiques Syriennes, en laissant supposer qu’il s’agit d’une puissante organisation arabe distincte des FDS.

 

Ce n’est pas vrai non plus, ce sont des bédouins [arabes. Ndlr.] de la tribu des Chamars, présents dans l’est du Rojava et de l’autre côté de la frontière irakienne. Non seulement leur nombre ne dépasse pas deux cents au grands maximum dans la bataille de Raqqa, sur 20-25 000 combattants, mais ils se sont fondus, en septembre dernier, dans les Forces Démocratiques Syriennes, guerroyant sous le même drapeau.

 

Un grand optimisme prévaut dans les rangs des combattants qui encerclent Raqqa. La plupart d’entre eux estime que DAESH est à bout de souffle, que nombre de ses chefs sont morts, et qu’ils ne tiendront pas une semaine face à une telle armada au moral aussi élevé. Inutile de préciser que ce point de vue est très subjectif et que j’aimerais pouvoir partager leur état d’esprit.

 

Ils n’iront cependant pas au combat le cœur léger, car de mauvaises nouvelles sont parvenues de l’arrière. Ainsi, très loin d’ici, à 200km, l’Armée turque et ses supplétifs islamistes ont lancé des dizaines d’attaques dans le nord du Rojava, notamment dans l’enclave d’Afrin. Depuis le début mai, plus d’une centaine de Peshmerga sont ainsi tombés sous les obus ottomans et de nombreux civils sont tués ou blessés.

 

En plusieurs points du Rojava, pendant que les FDS sont occupées à liquider l’Etat Islamique, le régime de Bashar al Assad, le Hezbollah, mais particulièrement les Iraniens et leurs milices chiites irakiennes tentent de tirer profit de l’agonie de DAESH afin de réaliser des gains territoriaux, voire de s’approcher de Raqqa et Deir Ez Zor pour, tels des charognards, s’adjuger une partie du butin.    

 

L’évènement le plus grave s’est déroulé dans le Nord-Est, dans la province de Hassaké, lorsque l’une de ces milices, franchissant la frontière avec des blindés, s’était emparée, le weekend dernier, de deux villages kurdes en Syrie. Ce mardi, je n’ai pas encore réussi à savoir comment cela avait évolué : si les porte-flingues de Téhéran ont été éconduits militairement, s’ils ont quitté notre territoire après des négociations, ou si la situation n’a pas encore muri.

 

Face à Raqqa, le haut commandement des FDS songe déjà aux batailles qui l’attendent après la prise de la cité, que ce soit contre les Turcs ou pour empêcher les ayatollahs de créer un axe terrestre reliant leur capitale à Bagdad, Damas et Beyrouth. En fait, il ne leur reste plus qu’à s’aménager un corridor entre Bagdad et Damas, en mettant à profit l’anéantissement des islamistes sunnites des deux côtés de la frontière grâce à l’intervention de la coalition internationale.

 

Autre nouvelle triste : à 175km en plein est de Raqqa, deux véhicules suicides de DAESH se sont fait exploser devant un poste de commandement de l’aile féminine des YPG, tuant neuf combattantes et en blessant plusieurs autres.

 

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Macron et la perversité de la toute-puissance (info # 012305/17)  
Analyse
mardi, 23 mai 2017

 

Par Amram Castellion

 

Pour qui veut exercer le pouvoir, mais ne dispose ni d’une légitimité évidente, ni de soutiens forts, ni d’un programme clair, la meilleure solution est de semer la confusion et de détruire méthodiquement tout ce qui pourrait lui faire obstacle.

 

Emmanuel Macron a été élu il y a à peine plus de deux semaines par des électeurs qui, pour près des deux tiers, ne l’avaient pas soutenu au premier tour et ne s’étaient déplacés que pour empêcher l’élection de la candidate populiste Marine Le Pen. Celle-ci avait malgré tout obtenu 34% des voix, alors que son père, quinze ans plus tôt, n’était parvenu qu’à 18% contre Jacques Chirac.

 

Au second tour, malgré un matraquage médiatique incessant pour appeler les Français à voter Macron, l’abstention avait atteint son plus haut niveau depuis 1969 (24%) et le nombre des votes blancs et nuls avait atteint 12%, un record historique absolu dans l’histoire de France.

 

Le président français ne peut donc pas prétendre à un soutien populaire massif. Il a la légitimité technique que lui confère sa victoire, mais rien de plus.

 

Dans ces conditions, la meilleure manière d’asseoir son pouvoir est de recourir, comme le disent ses partisans eux-mêmes, à la « disruption » : miner systématiquement, et détruire si possible, toutes les institutions qui pourraient s’organiser pour limiter l’omnipotence du nouveau satrape.

 

Les partis politiques existants, dont le rôle dans le bon fonctionnement de la démocratie est reconnu par la Constitution française, sont la première de ces institutions. Après leur mauvaise performance aux élections présidentielles, deux des plus importants partis existants – le parti socialiste et le Front national – sont actuellement plongés dans une crise existentielle. Ni l’un ni l’autre n’est certain de pouvoir obtenir les 15 députés qui lui permettraient de constituer un groupe parlementaire dans la prochaine Assemblée.

 

Le principal parti de centre droit, Les Républicains, résiste mieux : selon les sondages, il aura environ 200 députés et devrait constituer la deuxième force politique dans la prochaine assemblée – peut-être même, selon la dynamique politique des prochaines semaines, la première devant le nouveau parti macroniste.

 

Devant le danger de voir se constituer un contre-pouvoir, le prince a entrepris de démobiliser, autant qu’il est en pouvoir, l’opposition de droite. Il a utilisé pour cela deux méthodes éprouvées : le débauchage des personnes et les promesses confuses pour les électeurs.

 

Son nouveau Premier ministre, Edouard Philippe, et ses deux ministres à portefeuille économique, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, sont des transfuges des Républicains. D’autres ministres, comme le nouveau ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, sont également considérés comme des personnalités de droite, même s’ils ne sont pas affiliés aux Républicains.

 

Pour compléter le découragement que leur trahison inspirera aux électeurs de droite, Macron a envoyé des messages politiques destinés à les amadouer. Il fait savoir que ses premières actions porteront sur la simplification du droit du travail – un thème cher à la partie libérale de la droite – et sur le rétablissement d’une école méritocratique et centrée sur l’acquisition des savoirs. Le contenu précis des réformes n’est, cependant, pas annoncé à l’avance. Tout le but de l’exercice est d’augmenter le pouvoir du prince, et non de le limiter par des engagements trop détaillés.

 

En même temps qu’il minait les partis politiques existants, Macron a, certes, créé son propre parti. Mais tout est fait pour que le parti macroniste n’ait aucune autonomie vis-à-vis du chef.

 

C’est vrai dans le choix des hommes et des femmes. La grande majorité des candidats macronistes aux prochaines élections législatives – à l’exception d’élus socialistes transfuges, dont la trahison permet de détruire presque entièrement ce qui restait de ce parti – est constituée de seconds couteaux et de recalés des partis traditionnels. Il n’y a personne, parmi eux, qui risque de menacer ou même de limiter le pouvoir du prince.

 

Le désir de toute-puissance personnelle de Macron à travers son parti se traduit même sur le plan symbolique. Le premier sigle du parti macroniste (EM !) était, en toute modestie, constitué des initiales de son fondateur. Après un récent changement de nom, un nouveau sigle – LREM – introduit délibérément la confusion entre ces initiales et le signe du parti Républicain, LR. La seule opposition qui reste au satrape se trouve ainsi symboliquement absorbée dans une référence à son auguste personne.

 

 

 « Vous n’êtes pas moi. Ayez donc l’obligeance de disparaître »

 

Les deux autres institutions qui pourraient apporter un contre-pouvoir organisé à l’omnipotence du prince sont la presse et la justice. L’une et l’autre, depuis l’élection de Macron, ont été systématiquement humiliées.

 

La presse française – sur instruction de sa poignée de propriétaires, que le nouveau président a pris le temps d’aller charmer individuellement lorsqu’il était candidat – donne le spectacle affligeant d’une concurrence féroce dans la servilité. Après avoir lu article sur article vantant le talent tactique du président, sa jeunesse, son intelligence, la chance qu’a la France de l’avoir élu, l’image restaurée du pays, les excellentes mesures à venir et les délicieuses qualités personnelles de son épouse, on en vient à prendre pitié d’une profession qui ne se vante de son indépendance que pour la sacrifier à genoux à un prince qui la méprise.

 

Comme il est de règle dans les relations sadomasochistes, Macron n’a répondu à cette débauche de servilité que par des humiliations supplémentaires. Le moindre écart à la ligne élyséenne est immédiatement sanctionné, dans les salles de presse, par un appel furieux de l’équipe de communication élyséenne, dirigée par le cireur de Louboutins en chef, Sylvain Fort. Le président a fait savoir que, contrairement à la pratique de ses prédécesseurs, il ne choisirait pas seulement les organes de presse invités à l’accompagner dans des voyages officiels, mais les journalistes à titre individuel. Chacun est donc prévenu que son degré de soumission sera soigneusement mesuré dans la poursuite de sa carrière.

 

Quant à la justice, qui sert souvent de dernier rempart à la liberté dans les démocraties menacées par la mégalomanie d’un chef, son humiliation a été, si possible, encore plus complète que celle de la presse.

 

La justice française a joué un rôle décisif dans le résultat de l’élection. En se précipitant – avec une rapidité littéralement inouïe – pour mettre en examen le candidat des Républicains, François Fillon, les juges ont convaincu un petit nombre d’électeurs de droite que leur candidat n’aurait plus la crédibilité nécessaire pour exercer sa fonction et qu’il valait mieux, dès le premier tour, se prononcer pour Emmanuel Macron. Ce groupe d’électeurs de droite impressionnés par les affaires représente environ un électeur sur trente ou quarante. Leur transition vers Macron est ce qui a assuré sa présence au second tour et, pour finir, sa victoire.

 

Elu grâce à la célérité de la justice pour persécuter son adversaire, on aurait donc pu s’attendre à ce que Macron témoigne de son respect pour cette institution en évitant de nommer des ministres en difficulté sur les affaires judiciaires. Mais tel n’est pas le mode de fonctionnement du nouveau prince. Lorsqu’une personne ou une institution sont à résipiscence devant lui, il veille à les humilier encore davantage pour bien marquer qu’il est la source unique du pouvoir.

 

Macron a donc fait l’effort délicat de nommer un ministre, Bruno Le Maire, dont l’épouse a longtemps été l’attachée parlementaire sans qu’il existe la moindre trace d’un travail effectif –précisément ce qui avait motivé la mise en examen de François Fillon. Et, pour faire bonne mesure, il a nommé ministre de la Justice François Bayrou, un homme politique actuellement mis en examen (pour une affaire de diffamation). Pour faire bonne mesure et enfoncer le clou encore davantage, Macron a chargé Bayrou d’une mission « pour la moralisation de la vie publique ».

 

La justice française, naturellement, ne fera rien contre Le Maire – sauf peut-être plus tard, si cela devenait le bon vouloir du prince. La partialité absolue de nos juges, leur soumission d’esclaves à la volonté présidentielle, ne sont donc pas seulement démontrées : elles sont délibérément rendues visibles pour mieux les humilier.

 

A une échelle plus anecdotique, la constitution en cours des cabinets ministériels montre aussi la volonté de toute-puissance du prince. Les nominations de conseillers, généralement effectuées en quelques heures ou quelques jours, traînent depuis maintenant plus d’une semaine. Les échos des palais ministériels veulent que l’Elysée cherche à tout superviser, remet tout en cause, et intervient régulièrement pour annuler une nomination qui semblait acquise. Certains des fidèles les plus anciens du président, qui l’ont accompagné loyalement dans toute sa campagne, sont encore dans l’incertitude sur leur sort, tremblants et soumis devant son arbitraire majesté.

 

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Cimetière de Pantin : analyse et épilogue (info # 012803/17)  
Analyse
mardi, 28 mars 2017

 

Par Stéphane Juffa

 

Depuis plus d’une semaine, précisément depuis le lundi 20 courant, la polémique enflait au sein de la communauté juive de Paris. Qu’est-ce qui a causé la destruction d’une quinzaine de tombes dans le carré israélite du cimetière de Pantin ?

 

 

Un évènement banal ?

 

Deux raisons à cette dispute : le sentiment – c’est plus qu’une impression – d’être les laissés-pour-compte de l’appareil étatique qui, en cette veille d’élection présidentielle, drague les citoyens français de confession musulmane de manière presque obsessionnelle ; il n’est que d’entendre les discours de Mélenchon, d’Hamon et de Macron pour s’en persuader, ainsi que la passivité du gouvernement face à ceux qui détestent et menacent les Juifs en public.

 

Les autorités viennent ainsi d’autoriser une manifestation organisée par la CAPJPO Euro-Palestine contre ce qu’elle appelle l’ "occupation et la colonisation de la Palestine", pour la "participation à la campagne BDS" de boycott d’Israël, pourtant décrétée illégale par le gouvernement, mais aussi  "plus que jamais" pour la "séparation du CRIF et de l’Etat !" et la "dissolution de la LDJ !". Pour ceux qui auraient un doute, ces mots d’ordre se retrouvent sur le site Web de la CAPJPO.

 

Avec l’offensive visant le CRIF, le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, on franchit cette fois la frontière illusoire entre l’antisionisme et l’antisémitisme. C’est l’assurance de voir scander, samedi prochain, en toute légalité, des slogans en faveur de la destruction de l’Etat hébreu et au détriment de la communauté la plus républicaine et pacifique de France. Avec, de plus, un grand risque de voir des enragés hurler "A mort les Juifs" ou "Juif, tire-toi, la France n’est pas à toi", comme c’est déjà arrivé dans ce genre de manifestations.

 

Les autorités auraient même demandé à la petite communauté israélite des Loubavitch de fermer sa permanence parisienne située non loin du passage de la manifestation, pour en faciliter le déroulement. On comprend, dans ces conditions, qu’il ne fait pas bon, par les temps qui courent, être un Israélite français en général, parisien, en particulier.

 

Autre raison de la dispute, la communication médiocre de la ville de Paris, de la police et des institutions représentant les Israélites. A l’instar de celle de la mairie :

 

"Lundi 20 mars, une voiture conduite par un particulier dans une allée du cimetière de Pantin a refusé la priorité à un camion de la ville de Paris. Pour éviter une violente collision, l’agent municipal qui conduisait le camion a été contraint de faire sortir son véhicule de la route. Contournant les arbres qui bordaient la chaussée, il a heurté treize sépultures confessionnelles situées dans la 48e division, avant de marquer enfin l’arrêt".

 

Des sépultures... confessionnelles ? Face à l’émoi d’une communauté qui découvre les tombes de ses membres éclatées, comme à la suite d’un bombardement ou d’un cataclysme, des pierres déplacées découvrant la fosse où les êtres chers sont enterrés, tout ce que les services de Madame Hidalgo ont été capables de faire fut de parler des circonstances de l’accident, sans un mot de sympathie. En oblitérant le fait que la victime, c’était une fois de plus la communauté juive, comme si sa foi était une maladie honteuse, comme s’ils ignoraient les nombreuses profanations volontaires d’autres cimetières français par des antisémites ces derniers temps ? On parlera à tout le moins d’un extraordinaire manque de sensibilité.

 

Et la police, face à la surprise et aux interrogations, qui, à la place de hâter son enquête et de publier un rapport circonstancié avec photos et témoignages à l’appui, ne serait-ce que pour tordre le coup à la rumeur naissante, traîne les pieds et n’a toujours pas publié son document de synthèse plus d’une semaine après les faits.

 

Quant au CRIF, au Grand Rabbinat et aux autres représentants de la communauté, leur mode de communication a cent ans de retard. D’abord, ils se trompent de cible en stigmatisant le trouble qui a envahileur propre communauté, et dont ils ne saisissent ostensiblement pas la profondeur de la blessure – ils parlent d’un "simple fait divers" ! – ainsi que l’exigence d’explications claires et rassurantes. On le distingue bien dans la note du président du CRIF, Francis Kalifat : "Un simple fait divers, qui s’est produit lundi dernier et qui avait été traité comme tel toute la semaine, s’est transformé en délire digital pendant le week-end (…). Cela est riche d’enseignements. Nous apprenons comment un événement, certes regrettable mais banal (sic), peut enfler en rumeur sur les réseaux sociaux".

 

Kalifat, qui pense mettre fin aux doutes en affirmant : "Je me suis entretenu avec la personne accidentée. C'est bien à la suite d'un accident que le camion a renversé les tombes".

 

Face aux multiples interrogations légitimes qui entourent l’affaire, ce que les Israélites parisiens attendent, ce n’est précisément pas ce type de messages soi-disant apaisants, ce sont des faits, des preuves. Car les indices sont bouleversants : outre la communication calamiteuse, les personnes qui se rendent sur place – dont la reporter de la Ména Patricia La Mosca et de nombreux lecteurs et amis de l’agence - ne parviennent pas à mettre en adéquation l’ampleur des dégâts et le fait qu’ils auraient pu être causés par un seul camion. Patricia, qui observe que dans ce cimetière multiconfessionnel, c’est uniquement la parcelle réservée aux Juifs qui a été dégradée, me fait même cette confidence au téléphone : "Là, ils nous prennent clairement pour des cons !".

 

Et puis il y a un arbre, intact, qui aurait dû se trouver sur le parcours du camion, et un buisson abîmé, mais du mauvais côté, comme si le camion était sorti du cimetière et non le contraire. Et ces ouï-dire des responsables communautaires, qui avancent comme autant de témoignages indiscutables : "Je vous dis que…", "J’ai vu des témoins", "J’ai rencontré le gardien du cimetière, qui m’a dit que..", "Même le Grand rabbin l’a dit, vous mettez la parole du Grand rabbin de France en doute ?".

 

On oublie facilement que, par les temps qui courent, nul n’est au-dessus du soupçon, et qu’un Grand rabbin de France avait été contraint de démissionner en 2013, car il n’avait jamais obtenu d’agrégation de philosophie comme il l’avait laissé entendre.

 

La colère grondait, l’impression très nette d’être floué, qui atteignait jusqu’au député Meyer Habib, se lâchant sur un réseau social en ces termes : "On pourrait savoir ce qui s’est réellement passé au cimetière de Pantin ! On nous cache des choses et là ça devient inacceptable".

 

Hier, lundi, sur Facebook, on en arrivait quasiment aux insultes personnelles entre ceux qui endossaient la thèse officielle de l’accident et ceux qui la contestaient. Je fus moi-même pris à parti pour avoir refusé de conclure sans plus attendre à la malveillance déguisée en accident de la route. Un ami dont je respecte la perspicacité me reprochait de devenir plus diplomate que journaliste. Le débat commençait à s’éparpiller, ce qui m’amena à envisager une preuve facile à produire, qui permettrait de trancher dans la controverse : oubliant intentionnellement tous les autres éléments du questionnement, je conclus que, soit il existait des images, non pas de l’accident, ce qui peut arriver, mais de l’enlèvement du camion d’entre les pierres tombales, cela constituerait une preuve suffisante pour accréditer la thèse officielle. Il n’était pas envisageable, en effet, que la police – et au moins elle -  ne photographie pas le désencastrement du poids lourd. A l’opposé, si ces images n’existaient pas, si les "autorités" n’étaient pas en mesure de les produire, la thèse de la malveillance semblerait la plus plausible.

 

 

Le camion, enchevêtré parmi les sépultures

 

J’avais pris l’engagement que, dans la seconde éventualité, la Ména ouvrirait une enquête à Paris et que nous découvririons la vérité. Je comptais, il est vrai, sur nos spécialistes de l’analyse de l’image et sur nos amis physiciens, qui ont fait du chemin depuis qu’ils ont dévoilé l’imposture de la Controverse de Nétzarim (Affaire Mohamed Dura), au début des années 2 000.

 

Puis, comme par enchantement, très vite, nous avons reçu les photos du camion enchevêtré dans les tombes. Jusqu’à ce matin, sans savoir qui les avait prises [mais cela n’a pas d’importance], elles n’ont cessé de nous parvenir par messages personnels. Lors, Francis Kalifat et ses amis auraient tort de continuer à stigmatiser la curiosité des gens et de les accuser de je ne sais quel complot, car mon impression à froid en découvrant les images était que le camion était trop petit, et surtout trop peu endommagé – juste un phare latéral cassé – pour avoir pu causer un carnage aussi massif. Des dizaines de pièces de marbre, de plusieurs centaines de kilos chacune, renversées par un camion pratiquement intact, qui s’est, de surplus, arrêté des mètres avant d’entrer en collision avec les pierres tombales les plus éloignées, cela n’avait vraiment pas l’air concluant.

 

Vers une heure du matin, heure d’Israël, la nuit dernière, j’ai réveillé les collaborateurs scientifiques de la Ména, en leur soumettant les deux thèses, oralement et par écrit, sans autre forme de commentaire. Aucun d’entre les trois n’avait suivi l’affaire, deux savaient uniquement "qu’il s’était passé quelque chose dans un cimetière juif à Paris".

 

Une heure après la réception des deux premières photos, j’obtins la confirmation de mon équipe qu’elles étaient authentiques (techniquement pas modifiées). Puis les scientifiques ont passé sept heures à effectuer une simulation digitalisée de l’ "accident". Au début de cette après-midi de mardi, utilisant l’un de nos logiciels maison, ils étaient parvenus à réaliser près de 90% des dégâts en lançant le camion jusqu’à l’endroit où il s’est immobilisé. Cela signifie que les pierres tombales au sol correspondent à 90% à ce que l’on distingue sur les photos actuelles des dégâts. Pour les professionnels, dont je ne suis pas, cela signifie également, au-delà de tout doute sensé, que c’est bien le camion qui apparaît sur les images qui a causé la destruction des tombes et non un acte de malveillance.

 

Dans la reconstitution (qui nécessite l’installation de notre logiciel) on voit très clairement qu’il y a eu un effet domino ; une première pierre verticale de masse imposante ayant été heurtée par l’avant du camion, en a percuté une autre, qui est tombée sur une troisième, qui, en chutant, a déplacé un couvercle de catafalque, etc.

 

Le résultat est celui que l’on voit sur les photos.

 

 

Une roue s’est arrêtée dans une tombe

 

Je m’inquiétai du fait que ces énormes pierres soient tombées "si facilement". Ce à quoi le physicien me répondit que le calage de ces pierres n’est en principe pas prévu pour résister à des camions, et que les camions ne circulent généralement pas dans les travées des cimetières. Il est prévu qu’elles résistent au vent et aux tremblements de terre, c’est suffisant. Pour en avoir le cœur net, j’ai appelé ce matin un directeur local de la Khévra kadisha, l’entreprise générale des pompes funèbres israéliennes, qui m’a confirmé les affirmations du physicien.  

 

C’est presque tout. Enquête terminée. Le doute raisonnable ne subsiste pas. L’affaire nous enseigne à nouveau de ne pas confondre les indices, les intuitions et les preuves.

 

Presque tout parce qu’il manque un dernier volet : à la Ména, la science prime dans l’analyse, car on ne discute pas contre les lois de la physique. Mais ensuite, une autre réflexion s’impose et corrobore le travail des techniciens : l’enlèvement du camion a eu lieu de jour, il n’y a que le carré des tombes endommagées qui était interdit au public par un simple ruban rouge. Sans faire de procès d’intention à personne ni distribuer des certificats d’angélisme, il est difficile d’imaginer que les autorités municipales ou nationales auraient pris le risque énorme de faire entrer un camion dans un domaine public et de le positionner au milieu de tombes juives. Si cela fuitait, c’était un séisme de 10 sur l’échelle de Richter assuré, et un méga-scandale ingérable avant les élections.

 

 

Une trace de pneu qui a permis de reconstituer précisément la trajectoire du camion

 

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